A
AncienMembre
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D’autres raisons n’entretiennent-elles pas la légende dorée de Mohammed V ?
Certainement. L’absence d’expulsion et de pogrome au Maroc (à l’exception d’Oujda en 1948) contribue à entretenir cette légende. Ensuite, il faut garder à l’esprit que la communauté juive du Maroc est celle qui a survécu le plus longtemps dans le monde arabe. Enfin, on peut dire que la légende dorée de Mohammed V trouve aussi son origine dans l’échec du processus d’intégration des Juifs du Maroc à la société israélienne suite à leur immigration en Israël. Aujourd’hui encore, des Israéliens d’origine marocaine sont considérés comme Marocains alors qu’une ou deux générations sont passées depuis cette vague d’immigration. Ces Juifs marocains, arrivés dans un Etat d’Israël marqué par des structures européennes et dominé par le monde ashkénaze, sont terriblement méprisés par les Juifs ashkénazes. Dans ce contexte, le passé du Maroc leur apparaît comme un paradis perdu, d’autant plus qu’ils vivent un présent fondamentalement désenchanté.
A cette légende diffusée par les Juifs du Maroc répond une légende tout aussi dorée véhiculée par les Marocains eux-mêmes ?
Oui et pour ces derniers, le départ des Juifs du Maroc constitue une blessure, car il marque l’échec de l’intégration des Juifs à leur Etat nouvellement indépendant, tout comme il montre à quel point le nationalisme marocain est fermé et fondé sur l’islam. Les Marocains ont donc intérêt à présenter le passé comme une coexistence heureuse perturbée et sapée par le développement du sionisme, la création de l’Etat d’Israël et le départ des Juifs qu’ils considèrent comme une manipulation des sionistes.
* Juifs en pays arabes, le grand déracinement, éd. Tallandier
Certainement. L’absence d’expulsion et de pogrome au Maroc (à l’exception d’Oujda en 1948) contribue à entretenir cette légende. Ensuite, il faut garder à l’esprit que la communauté juive du Maroc est celle qui a survécu le plus longtemps dans le monde arabe. Enfin, on peut dire que la légende dorée de Mohammed V trouve aussi son origine dans l’échec du processus d’intégration des Juifs du Maroc à la société israélienne suite à leur immigration en Israël. Aujourd’hui encore, des Israéliens d’origine marocaine sont considérés comme Marocains alors qu’une ou deux générations sont passées depuis cette vague d’immigration. Ces Juifs marocains, arrivés dans un Etat d’Israël marqué par des structures européennes et dominé par le monde ashkénaze, sont terriblement méprisés par les Juifs ashkénazes. Dans ce contexte, le passé du Maroc leur apparaît comme un paradis perdu, d’autant plus qu’ils vivent un présent fondamentalement désenchanté.
A cette légende diffusée par les Juifs du Maroc répond une légende tout aussi dorée véhiculée par les Marocains eux-mêmes ?
Oui et pour ces derniers, le départ des Juifs du Maroc constitue une blessure, car il marque l’échec de l’intégration des Juifs à leur Etat nouvellement indépendant, tout comme il montre à quel point le nationalisme marocain est fermé et fondé sur l’islam. Les Marocains ont donc intérêt à présenter le passé comme une coexistence heureuse perturbée et sapée par le développement du sionisme, la création de l’Etat d’Israël et le départ des Juifs qu’ils considèrent comme une manipulation des sionistes.
* Juifs en pays arabes, le grand déracinement, éd. Tallandier