- Il y a eu des tentatives de réformes au 19ème siècle, notamment sous l’impulsion de Mohamed Abdou et Jamāl Al-Dīn Al-Afghani, qui ont toutes échoué. Comment expliquez-vous cet échec et que faut-il réformer en priorité? En effet, depuis le XIXe siècle des courants d’idées réformateurs sont apparus dans le Moyen-Orient et la péninsule indienne. A l’époque, on pensait que l’homme musulman accusait du retard par rapport à l’Occident, mais sur le plan matériel, économique, technique et militaire seulement. En termes de « valeurs », on pensait être très largement pourvus et même supérieurs au reste du monde. On croyait qu’en revenant au passé prestigieux de l’islam, on redeviendrait les premiers de la classe. Là loge l’erreur, là s’est réfugié le diable depuis le Moyen-âge : ce n’est pas le musulman qu’il fallait réformer, comme l’ont cru al-Afghani, Abdou et les autres, mais le « ilm al-qadim » qui charrie dans son enseignement le microbe, le virus, le poison qui a conduit à la décadence de jadis et à l’islamisme d’aujourd’hui.On n’obtient pas un homme nouveau avec des formules anciennes qui ont déjà à leur actif une décadence universelle. L’idée morte devient mortelle par la force des choses, elle est nocive car périmée, inadaptée, décalée, dépassée… C’est toute l’interprétation du Coran, des valeurs de l’islam, de l’ancienne théologie et du « fiqh » qu’il faut revoir de fond en comble, qu’il faut passer au scanner pour détecter le mal. Une fois fait, il faut commencer à élaguer, à réparer, à corriger, à rénover. On trouve des fondements à cette approche que j’ai préconisée l’an dernier dans une série de douze articles, aussi bien dans le Coran que dans le hadith, surtout celui, bien connu, où le Prophète prédisait qu’au début de chaque siècle apparaîtrait une réforme du « din », de la religion islamique, précisait-il.Faute d’un tel effort d’adaptation (une fois par siècle au moins), la vie des musulmans ne peut pas s’actualiser, demeurer vivante et vivace, elle ne pourrait que stagner et péricliter comme c’est le cas effectivement depuis huit siècles. Les réformateurs annoncés par le Prophète ne sont pas venus ou ont été empêchés, ou alors ils se sont trompés sur le sens de la réforme comme c’est le cas des « Nahdaouis » qui, après s’être escrimés pendant des décennies, ont fini par déposer les armes de la rhétorique et abandonné la « réforme de grammairiens » qu’ils menaient inconsciemment, comme disait Bennabi. Devant cet échec, la rue, le « fiqh de la rue » a pris la relève avec les fusils mitrailleurs, le sabre et les attentats-suicides.En savoir plus sur
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