«Notre vie dans les forêts», Un livre a decouvrir

minervie

أَسْتَغْفِرُ اللهَ الذِي لا إِلَهَ إِلاَّ هُوَ
VIB

Notre vie parmi les clones.​

Marie Darrieussecq invente une société de doubles, un monde sous surveillance dont il n’est pas facile de s’échapper. Son héroïne parle pourtant du fin fond des forêts

Voici un roman gris, doucement terrifiant, hypnotisant aussi dans l’implacable malheur qu’il dépeint. «Je n’ai aucune nostalgie pour le passé vu qu’il mène à notre présent. J’ai de la nostalgie pour le futur», dit l’héroïne de Marie Darrieussecq dans Notre vie dans les forêts. De fait, le long monologue de cette femme, qui constitue le livre, s’attache au récit de son passé bien plus que de son présent. Son présent est forestier, précaire, traqué, mais il est aussi résistant. Des fugitifs avec elle tentent de s’organiser, de s’inventer de nouvelles vies, loin de la société terrifiante qu’ils ont quittée. Et l’on comprend cette nostalgie puissante d’un futur qui – peut-être? – pourrait être meilleur que l’histoire qu’elle raconte du fond des forêts, inquiète, déglinguée mais debout.

La «moitié» endormie​

La plus belle invention de ce roman de science-fiction, de cette dystopie inquiétante, c’est la «moitié». Ce double de l’héroïne, qui avec d’autres moitiés, doubles d’autres gens, dort paisiblement dans un bâtiment en dehors de la ville: «Marie est née par mère porteuse très vite après ma naissance, avec exactement le même matériel génétique que moi, et nous a toujours été présentée comme une assurance vie: pour moi mais aussi pour mes parents, puisque nous étions tous du même sang. Un corps durable. Des greffes strictement compatibles, si nous avions besoin qu’on nous change un organe.»

 
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