Octobre 1955 :"J'ai vu renaître la guerre du Rif""

Par Jean Larteguy correspondant au Maroc du quotidien l'intransigeant (12 octobre 1955)

Je viens de passer trois jours dans ce que ton appelle la poche de Taza, dons ce triangle Boured-Tizi Ouzli-Aknoul
où se sont retranchés les rebelles. J'ai traversé des oueds sous le tir de leurs balles ; j’ai été stoppé par les tranchées
qu’ils avaient creusées en travers de la route.
J’ai vu des batteries d'artillerie prendre position au col du Nador et des hommes se faire blesser à côté de moi par le tir
précis d'un sniper caché derrière un rocher. Des « Vampires » et des < Hell- cats », pour permettre à notre colonne de passer,
attaquaient les positions ennemies à trois cents mètres devant nous et, dans le soir qui tombait, tandis que les légionnaires
grelottaient de froid, l'éclatement des obus de rocket piquetaient de rouge les flancs dune colline.
Je vais de nouveau parler de guerre, et ce n’est pas de bon cœur que j’emploie ce mot. Il ne s'agit plus ici d'opération de police,
ni de ratissage ou de nettoyage. Nous sommes en face d adversaires décidés qui sont entraînés et équipés, qui disposent d armes modernes
et reçoivent tous les soirs leur ravitaillement de la zone espagnole.
Ils savent s'organiser en points appui fermés, se camoufler aux vues de l'aviation.
Ils savent se servir de mitrailleuses, tendre des embuscades; ils disposent de la radio.
Comme l’a dit lui-même M. Pierre July à la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale.
La nouvelle guerre du Rif vient de commencer.
 

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