Paris : près de 50 millions d’euros blanchis par un réseau de prostitution nigériane

C’est une première en Europe. Les enquêteurs de l’office central de lutte contre la traite des êtres humains (OCRTEH) et leurs homologues de l’office central pour la répression de la grande délinquance financière (OCRGDF) viennent de mettre à bas un réseau tentaculaire de blanchiment de l’argent des réseaux de prostitution nigériane. Au total 27 hommes et femmes, âgés de 30 à 35 ans, ont été interpellés en juin et lundi dernier en province et à Paris. Ils sont soupçonnés d’avoir entre 2015 et 2018, blanchis entre 30 et 50 millions d’euros en transférant physiquement l’argent liquide en Afrique.

L’affaire commence en mars dernier, lorsque les policiers spécialisés dans l’étude des réseaux de prostitution découvrent dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur un petit réseau de prostitution de femmes nigérianes. Le réseau classique emploie des jeunes femmes qui se prostituent dans la rue. Elles sont encadrées par les « mamas », des femmes plus expérimentées qui surveillent et encadrent leur activité et relèvent les compteurs. Mais chose exceptionnelle, les forces de l’ordre découvrent un système hyperorganisé de collecte des revenus, dirigé par deux organisations criminelles « Secret Eye Confraternity » et « Black Axe ».




Des valises avec plus de 200 000 euros interceptées
Les policiers identifient trente collecteurs d’argent qui viennent de Lille (Nord) Strasbourg (Bas-Rhin), Nantes (Loire-Atlantique), Nice (Alpes-Maritimes) Marseille, (Bouches-du-Rhône), Lyon (Rhône)…. Ils vont tous livrer l’argent dans un salon de coiffure et une épicerie, situés dans l’Est de Paris. Les billets de banques sont ensuite remis à une vingtaine de transporteurs qui partent de toutes les capitales européennes pour les pays africains limitrophes du Nigéria, afin de brouiller les pistes. En fin de course, ces petites mains remettent l’argent aux mafias africaines.

Deux collecteurs ont été interpellés en mars et en juin dernier à l’aéroport de Roissy et dans un terminal de bus qui partaient vers Bruxelles (Belgique) avec des valises équipées de doubles fonds. La première contenait 200 000 euros et la seconde 250 000 euros. Les enquêteurs disposent d’éléments accablants contre les membres de ce réseau : des surveillances physiques et électroniques et de nombreux aveux.

Une première vague d’arrestations a eu lieu au printemps et une seconde lundi dernier. Déjà vingt-deux personnes ont été mises en examen et écroués par un juge parisien de juridiction interrégionale de Paris et les trois derniers doivent être présentés au juge ce vendredi.
 
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