Dans l'un des volumes des Puranas, l'histoire de Druva, l'enfant qui voulut rencontrer Dieu, est racontée comme suite:
Un jour, une des deux femmes du roi Uttanapada, la première, la deuxième étant sa concubine, aperçoit Druva,
âgé de cinq ans, assis sur les genoux de son père en train de jouer ensemble. Son sang ne fait qu'un tour. Elle attrape
l'enfant et le soustrait énergiquement des mains affectueuses du père. Ce dernier, interloqué par tant de rudesse
subite, la dévisage sans vraiment comprendre quelle mouche l'a piquée. Puisque Druva n'est pas sorti de son
ventre, elle, la favorite, il est impensable que cet enfant se laisser aller à telles familiarités; seul son propre fils
peut jouir de ce privilège!
Entendant ces fielleuses paroles, Druva fut blessé au plus profond de lui lorsque son père garda le silence au lieu
de prendre sa défense ou, au moins le consoler. Mais le roi était si lié à son épouse qu'il semblait approuver ses
manières frustes à son égard. Tout en larmes, il alla trouver sa mère et se plaignit de l'incident. La pauvre lui
avoua qu'elle ne pouvait rien faire contre la conduite de sa belle-mère et qu'il devait prendre son mal en patience.
«Non, non, et non! Je veux jouer avec mon père et elle ne m'en empêchera pas! Pourquoi mon frère, lui, peut
monter sur ses genoux et pas moi?! Pourquoi ne vas-tu pas voir le conseiller de mon père et lui parler de cette injustice?
- Mon enfant, répondit la mère en pleurs, personne ne peut intervenir dans cette affaire; cette femme tient ton
père dans le creux de sa main, seul Vishnou, le Dieu des dieux, peut influencer la volonté du roi.
- Dieu? s'interrogea Druva, mais allons le voir tout de suite et demandons-lui de m'aider, il n'y a pas de raison
que mon frère puisse jouer avec Père et pas moi.
- Mais ton père est le roi, on ne peut pas intervenir!
-Tu viens tout juste de me dire que Vishnou avait autorité sur lui. De toute façon, ce n'est pas lui qui commande
mais ma belle-mère! Je veux rencontrer Dieu et lui raconter toute l'histoire!
- Calme-toi, lui répondit sa mère, voir Dieu n'est pas aisé, mon fils. Seuls les sages et les yogis peuvent se targuer
de faire sa connaissance personnelle, et seulement en des circonstances très rares.
- Mais pourquoi eux peuvent lui parler et pas moi? Tu m'as dit qu'il pouvait m'aider et, maintenant, tu dis qu'il est
comme mon père, il pratique la discrimination: seuls les sages et les yogis peuvent le rencontrer.»
Je dois maintenant faire une parenthèse et vous décrire la conception hindoue du temps pour mieux contextualiser
ce récit aux accents fabuleux.