Pédophilie : les évêques chiliens offrent leur démission au pape

Du jamais vu dans l’histoire de l’Eglise catholique, un geste impressionnant qui fera indéniablement date. Les évêques du Chili, convoqués cette semaine à Rome par le pape pour aborder le scandale de la pédophilie, ont collectivement remis vendredi leur démission. «Nous les évêques présents à Rome, avons remis nos postes entre les mains du "Saint-Père" afin qu’il décide librement pour chacun d’entre nous», est-il mentionné dans une déclaration lue à la presse. A François désormais de décider qui il va sanctionner parmi ces prélats et qui il va garder. Il est peu vraisemblable qu’il accepte l’ensemble de ces démissions.
La démarche spectaculaire de l’épiscopat chilien vient clore quatre mois de violentes polémiques. C’est le pape lui-même, lors d’un calamiteux voyage sur place en janvier, qui avait ouvert la boîte de Pandore. Lors de ce déplacement, il avait apporté un soutien inconditionnel à Juan Barros, un prélat ayant couvert dans le passé, les agissements pédophiles d’une figure du clergé local, Fernando Karadima. L’opinion publique chilienne avait été profondément choquée de l’attitude papale. Celui-ci avait même qualifié de «calomnie» les accusations portées contre Barros, mettant en cause des milieux gauchistes. Quelques semaines plus tard, le Vatican frôlait quasiment un «Françoisgate» : l’agence de presse américaine Associated Press révélait une lettre envoyée au pape dès 2015 par l’une des victimes de Karadima. L’auteur de la missive détaillait les agissements du prêtre, précisant que Barros avait assisté lui-même à des attouchements de Karadima.
Volte-face
Pour éteindre un incendie qui aurait pu lui coûter très cher, le pape avait alors envoyé au Chili un des experts les plus réputés du Vatican en matière de pédophilie, l’archevêque de Malte, Charles Scicluna. Au terme de son enquête, celui-ci remettait un volumineux rapport de 2 300 pages. Fin avril, vote-face de François, qui reçoit très longuement au Vatican les trois victimes de Karadima, qui se sont battues pour faire reconnaître les abus sexuels subis.
 
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