VeraBien
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Un peu barré, mais j'aime bien...
Pierre Rabhi : « Comment échapper à la frénésie de notre société ? »
Son rapport à la nature et au vivant est indissociable, selon l’essayiste, de son rapport au temps.
Pierre Rabhi est l’auteur de plusieurs essais, dont le dernier, La Convergence des consciences (Le Passeur), a été publié fin 2016. Son rapport à la nature et au vivant est indissociable de son rapport au temps.
A 78 ans, vous vous dites fatigué et confiez ne pas arriver à lever le pied. Comment vivez-vous ce temps que vous passez à écrire, parler, sensibiliser ?
Disons que je ne tiendrais pas le coup si je n’étais pas engagé dans des enjeux gravissimes (la faim dans le monde, la destruction de l’environnement, etc.). L’humanité est folle et la planète est entre des mains inconscientes… Comme l’a prouvé le scientifique Pierre Teilhard de Chardin dans Le Phénomène humain, notre présence sur terre est fort récente et seule l’humanité a su introduire de la dualité dans la réalité terrestre… Tout cela pour des raisons imbéciles, spécieuses, et de surcroît avec des déséquilibres profonds, notamment entre masculin et féminin !
Votre vision n’est pas très optimiste…
L’évolution générale n’est pas bonne, même s’il y a de petits progrès de-ci de-là… Nous sommes capables de toutes sortes de prodiges et de prouesses techniques et technologiques, mais à force de mobiliser notre génie sur la destruction et la mort, nous retournons cette prodigiosité contre nous. La question est de savoir pourquoi nous sommes dans cette contradiction et comment nous nous sommes installés dans cette ornière.
Il s’agit aussi de savoir si nous avons le temps de changer la donne. Comment appréhendez-vous cette question du temps ?
Depuis l’origine de l’humanité, le temps est indexé sur le temps cosmique (les saisons, le rythme du vivant), raison pour laquelle je peux renoncer à beaucoup de choses, sauf à mon jardin, qui me reconnecte à cette temporalité. J’ai aussi appris à m’écouter : revenir à son corps et à sa respiration permet de garder la vraie cadence de la vie.
image: http://s2.lemde.fr/image2x/2017/01/...-jeudi-5_87d95c30819bf20e37f70261447f5eea.jpg
Pierre Rabhi, chez lui en Ardèche, le jeudi 5 janvier 2017. GUILLAUME RIVIERE POUR M LE MAGAZINE
Le tout consiste à échapper à la frénésie dans laquelle notre société est entrée : quand la logique de profit accélère le temps pour des finalités stupides, la société ne crée plus de joie et l’on recourt aux anxiolytiques pour atténuer notre mal-être. Cette frénésie est presque une épidémie généralisée… On est tombé dans cette anomalie pour gagner du temps, mais cette normalité nous piège maintenant.
Pierre Rabhi : « Comment échapper à la frénésie de notre société ? »
Son rapport à la nature et au vivant est indissociable, selon l’essayiste, de son rapport au temps.
Pierre Rabhi est l’auteur de plusieurs essais, dont le dernier, La Convergence des consciences (Le Passeur), a été publié fin 2016. Son rapport à la nature et au vivant est indissociable de son rapport au temps.
A 78 ans, vous vous dites fatigué et confiez ne pas arriver à lever le pied. Comment vivez-vous ce temps que vous passez à écrire, parler, sensibiliser ?
Disons que je ne tiendrais pas le coup si je n’étais pas engagé dans des enjeux gravissimes (la faim dans le monde, la destruction de l’environnement, etc.). L’humanité est folle et la planète est entre des mains inconscientes… Comme l’a prouvé le scientifique Pierre Teilhard de Chardin dans Le Phénomène humain, notre présence sur terre est fort récente et seule l’humanité a su introduire de la dualité dans la réalité terrestre… Tout cela pour des raisons imbéciles, spécieuses, et de surcroît avec des déséquilibres profonds, notamment entre masculin et féminin !
Votre vision n’est pas très optimiste…
L’évolution générale n’est pas bonne, même s’il y a de petits progrès de-ci de-là… Nous sommes capables de toutes sortes de prodiges et de prouesses techniques et technologiques, mais à force de mobiliser notre génie sur la destruction et la mort, nous retournons cette prodigiosité contre nous. La question est de savoir pourquoi nous sommes dans cette contradiction et comment nous nous sommes installés dans cette ornière.
Il s’agit aussi de savoir si nous avons le temps de changer la donne. Comment appréhendez-vous cette question du temps ?
Depuis l’origine de l’humanité, le temps est indexé sur le temps cosmique (les saisons, le rythme du vivant), raison pour laquelle je peux renoncer à beaucoup de choses, sauf à mon jardin, qui me reconnecte à cette temporalité. J’ai aussi appris à m’écouter : revenir à son corps et à sa respiration permet de garder la vraie cadence de la vie.
image: http://s2.lemde.fr/image2x/2017/01/...-jeudi-5_87d95c30819bf20e37f70261447f5eea.jpg
Pierre Rabhi, chez lui en Ardèche, le jeudi 5 janvier 2017. GUILLAUME RIVIERE POUR M LE MAGAZINE
Le tout consiste à échapper à la frénésie dans laquelle notre société est entrée : quand la logique de profit accélère le temps pour des finalités stupides, la société ne crée plus de joie et l’on recourt aux anxiolytiques pour atténuer notre mal-être. Cette frénésie est presque une épidémie généralisée… On est tombé dans cette anomalie pour gagner du temps, mais cette normalité nous piège maintenant.