Les pistes caravanières de l’or (xive, xve et xvie siècles)

«A partir de 1340, grâce au Massalik, à Ibne Batutah, à Ibne Khaldune et aux cartes catalanes, au siècle suivant, et au début du XVIe siècle grâce à la lettre de Malfante, à la narration de Cadamosto, aux sources portugaises et au «résumé» géographique de Léon l’Africain, il redevient possible de tracer les principaux itinéraires [de la circulation de l’or soudanais] et certaines de ses vicissitudes […].Depuis le Xe siècle, au plus tard, des caravanes en provenance de la ville berbère d’Audaghoste traversent le Tagante et viennent à Aulil, c’est-à-dire, la région de Trarza, charger du sel pour l’amener dans les marchés noirs. Ce courant d’échanges à travers le Sahel et la zone sous-saharienne s’est maintenu au cours des siècles suivants, et l’on peut encore documenter sa persistance autour de 1500 .D’autres caravanes transportaient directement l’ambre gris et la gomme des régions de Trarza et d’Arguim vers les marchés du Suz, du Dar’a et du Tafilelte. Aux points de départ, au long du bas et du moyen Sénégal, ils achetaient aussi de l’or et des esclaves.

D’Aulil, ils mettaient un mois et demi voire deux mois pour arriver aussi bien à Nul (auprès du oued Nun ou Non), qu’à Sidjilmessa .A travers le Sahara atlantique, une autre route s’est tôt établie – depuis le VIIIe siècle au plus tard -, qui unit le Rkiz, le Tagant et le Sénégal aux oasis du sud du Maroc.
Les marchands de Sidjilmessa cheminaient vers le pays de Dar’a sur le versant méridional de l’Anti-Atlas, où ils rencontraient les marchands venus du pays du sucre et des métaux (Suz); à ce point de rencontre, favorisé par l’existence d’une mine d’argent, une ville est née, Tamedelte, «fondée» par Abd Allah Ibn Idris
.D’Aghmate, des villes du Suz, de Nul, des villes de l’Anti-Atlas et du «pays de l’anil» (Dar’a) et de Sidjilmessa, les caravanes de chameaux emmenaient du cuivre et des tissus, de la bijouterie en verre, des coquillages et des pierres cauris et des parfums, des drogues et des dattes. Avec ces produits, les marchands du Nord achetaient à Ghana, Audaghoste et Takrur de l’or, des esclaves, de la gomme, de l’ambre gris. L’or était fourni par les miniers de Bambuk, Gangaram, Mandinga et Buré.

Vitorino Magalhães Godinho

Os Descobrimentos e a Economia Mundial, (Les Découvertes et l’Economie Mondiale) 1er volume, Lisboa, Arcádia, 1963, chapitre I - “ A tradição do ouro e as caravanas Saarianas” (“La tradition de l’or et les caravanes Sahariennes”)

Trouvé sur le site de la Fac de Lettres de Coimbra.
 
Haut