Pix, la révolution brésilienne des paiements

Le gouv Brésilien attaqué par le faux gouv us avec sa planche à billets criminelle devrait vite établir une monnaie avec les BRICS
dette us 70 000 milliards de $ .
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Utilisé par plus de 75 % de la population au Brésil, le moyen de paiement instantané Pix est devenu un pilier de l’économie nationale, loué par des économistes comme Paul Krugman. Son succès fulgurant inquiète les géants américains de la tech et de la finance, au point de susciter une enquête de l’administration Trump.

Publié le : 01/08/2025 - 17:10

Le système de paiement innovant du Brésil, Pix, lancé en 2020 et utilisé par 93 % des adultes brésiliens, provoque la colère du président américain Donald Trump et du PDG de Meta, Mark Zuckerberg.
Le système de paiement innovant du Brésil, Pix, lancé en 2020 et utilisé par 93 % des adultes brésiliens, provoque la colère du président américain Donald Trump et du PDG de Meta, Mark Zuckerberg. © Studio graphique France Médias Monde


"Vous avez Pix ?" Dans les rues de Rio de Janeiro comme dans les centres commerciaux de São Paulo, la même question revient inlassablement. Ce moyen de paiement instantané, créé en 2020 par la Banque centrale brésilienne, s'est imposé dans tous les recoins du pays – des vendeurs ambulants aux grandes enseignes, des villages les plus reculés aux métropoles. Achats, factures, transferts entre particuliers : tout se fait en quelques clics.


Le principe est simple : un smartphone, un compte en banque brésilien, une adresse électronique ou un numéro de téléphone suffisent pour y accéder. Il n'y a ensuite plus qu'à enregistrer une clé Pix personnelle ou professionnelle à l'aide d'un numéro d'identification fiscale.


Accessible, rapide (moins de trois secondes pour une transaction) et gratuit pour les particuliers, le système a été plébiscité dès son lancement au plus fort de la pandémie de Covid-19, lorsque de nombreux Brésiliens ont ouvert un compte bancaire pour la première fois afin de bénéficier des aides gouvernementales.


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Inclusion bancaire des plus pauvres​


En juin, la Banque centrale recensait 159,9 millions d'utilisateurs. Selon une enquête Google publiée par Valor en juillet, 93 % des adultes l'utilisent, et 62 % d'entre eux en ont fait leur mode de paiement principal.


"C'est de loin la meilleure chose que le gouvernement ait faite pour les plus pauvres", souligne Marcio Garcia, professeur d'économie à l'Université pontificale catholique de Rio de Janeiro.


En élargissant l'accès aux services bancaires à une population longtemps exclue, Pix "est devenue essentielle à l'activité économique de nombreux Brésiliens, notamment dans le secteur informel".


En 2024, Pix était déjà le moyen de paiement le plus utilisé dans le pays, utilisé par plus de 76 % de la population et surpassant à la fois les cartes de débit et les espèces (environ 69 %), selon la Banque centrale du Brésil.


Pix est le moyen de paiement le plus utilisé au Brésil, selon une enquête de la Banque centrale du pays.
© Sudio graphique France Médias Monde


Quand Pix dérange la Silicon Valley... et la Maison Blanche​


Mais ce triomphe irrite au-delà des frontières. Les géants américains de la tech et des réseaux de cartes de crédit perdent des parts de marché au profit de Pix. Meta, la maison mère de Facebook et WhatsApp, en a fait l'expérience.
 
Son service WhatsApp Payments, que Mark Zuckerberg espérait déployer à grande échelle au Brésil, a vu son lancement suspendu en 2020 par les autorités brésiliennes, au motif qu'il risquait de perturber l'équilibre du système de paiement national. Pour beaucoup, cette décision a été perçue comme un coup de pouce implicite à Pix, qui venait d'entrer en scène. Meta a finalement lancé son service en mai 2021, six mois après Pix, mais sans jamais parvenir à s'imposer.


Avec le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, Washington a décidé de s'en mêler. Le mois dernier, le Bureau du représentant américain au commerce (USTR) a annoncé avoir ouvert une enquête contre le Brésil pour "pratiques commerciales déloyales", sans citer Pix mais en ciblant clairement les services de paiement développés par l'État.


Parallèlement, Donald Trump – en pleine offensive diplomatique contre le gouvernement brésilien – a annoncé imposer 50 % de droits de douane sur les produits brésiliens. Une décision liée aux poursuites judiciaires visant l'ex-président Jair Bolsonaro, son allié d'extrême droite, accusé d'avoir tenté un coup d'État après sa défaite lors de l'élection de 2022.

Face aux pressions venues de Washington, la riposte brésilienne s'est orchestrée sur les réseaux sociaux. Le slogan gouvernemental "Pix é nosso, my friend !" ("Pix est à nous, mon ami !") est devenu viral. Dans un post Instagram, le gouvernement brésilien ironise : "On dirait que notre Pix suscite une sacrée jalousie à l'étranger, non ?" Avant de conclure sèchement : "On ne touche pas à ce qui fonctionne, OK ?"

"Le Brésil a-t-il inventé l'avenir de l'argent ?"​


"Le Brésil a-t-il inventé l'avenir de l'argent ?" C'est en ces termes que Paul Krugman, prix Nobel d'économie, a titré l'une de ses récentes chroniques sur son blog Substack. Selon lui, la popularité de Pix s'explique par des transactions effectuées "presque instantanément", le traitement des paiements ne prenant que trois secondes, contre deux jours pour les cartes de débit et 28 jours pour les cartes de crédit.


Et côté coût, le constat est tout aussi frappant. En s'appuyant sur un rapport du Fonds monétaire international (FMI), il rappelle que Pix est gratuit pour les particuliers. Pour les professionnels, les frais sont plafonnés à 0,33 %, bien loin des commissions imposées par les cartes bancaires traditionnelles au Brésil (1,13 % pour le débit, 2,34 % pour le crédit).

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L'économiste imagine alors un scénario où les États-Unis adopteraient un système public équivalent, opéré par la Réserve fédérale. Sa conclusion ? "Non. Ou du moins pas avant longtemps…" Deux obstacles majeurs s'y opposent.


D'un côté, le poids écrasant du secteur financier américain, qui "ne permettrait jamais à un système public de concurrencer ses produits". De l'autre, une barrière politique : le refus des républicains, qui "n'admettront jamais qu'un système de paiement géré par l'État puisse faire mieux que le secteur privé".


Paul Krugman ajoute que Pix réussit là où les cryptomonnaies ont échoué : "Des coûts de transaction réduits et l'inclusion bancaire". Pour lui, le modèle brésilien pourrait inspirer d'autres pays. Mais pas les États-Unis, encore prisonniers, selon ses mots, d'un "mélange d'intérêts particuliers et de fantasmes autour des cryptomonnaies".


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L'Europe à contretemps​


En Europe, Pix intrigue, mais ne fait pas rêver. "L'inclusion financière n'est pas une urgence en Europe", rappelle Nathalie Janson, professeure d'économie à la Neoma Business School et spécialiste des monnaies numériques. Avec plus de 80 % de la population européenne ayant déjà recours aux services bancaires et plus de 95 % en France, les enjeux ne sont tout simplement pas les mêmes qu'au Brésil.


Les systèmes tiers comme les prestataires de services de paiement (PSP) n'offrent certes pas toujours des paiements instantanés comme Pix. Mais ce retard "n'a jamais constitué un obstacle, ni un fardeau" pour les entreprises européennes, selon la spécialiste. Entre Visa, Mastercard, Apple Pay ou encore des applications comme Lydia, les outils de paiement pullulent en Europe – même si aucun n'est fédéré par une infrastructure publique unique à la manière de Pix.


La Banque centrale européenne vise plus haut : l'euro numérique. Contrairement à Pix, il ne s'agit pas d'un simple outil de paiement, mais d'une monnaie numérique de banque centrale (MNBC) reposant sur "une blockchain offrant un niveau de sécurité plus élevé", selon Nathalie Janson. Une technologie plus ambitieuse, mais aussi plus controversée.




Car les craintes d'une surveillance excessive des transactions sont tenaces. Pour préserver la confidentialité, une alternative serait de permettre les paiements hors ligne, mais au prix d'une sécurité réduite.


De l'autre côté de l'Atlantique, le Brésil, lui, ne s'arrête pas là. Sa Banque centrale développe déjà Drex, une monnaie numérique complémentaire à Pix, destinée à automatiser certains paiements complexes.
 
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