Plaintes pour agressions sexuelles dans le monde hippique : «il fallait briser l’omerta»

Jeremy Garamond accuse le gérant d’écurie José Bruneau de La Salle de l’avoir agressé sexuellement alors qu’il était mineur. Les faits étant prescrits, il a lancé début juillet une procédure civile.
Il a 41 ans, une belle situation, deux enfants. Et pourtant, Jeremy Garamond dit porter en lui une souffrance depuis de très longues années. La cause ? Cet entrepreneur affirme avoir été agressé sexuellement par le propriétaire de chevaux de course José Bruneau de La Salle, qui était un ami d’enfance de son père. « Je n’avais même pas 15 ans et j’étais fasciné par ce personnage, les histoires qu’il me racontait… Il possédait une Honda Civic, voiture qui me faisait rêver à l’époque », se remémore-t-il.
Jeremy Garamond soutient avoir subi des attouchements pendant plusieurs de ces virées. Et, au cours de l’été 1990, il assure avoir été réveillé, dans la maison familiale d’Eure-et-Loire, par José Bruneau de La Salle en train de le masturber.
« Le lendemain, je suis allé voir mon père et je lui ai tout raconté. Il est intervenu auprès de José, assez violemment, mais je ne l’ai su qu’en 2016. Ma famille n’a jamais douté de ma parole mais ils ont mis du temps à accepter », témoigne Jeremy Garamond qui a tenté d’oublier les « faits ». En vain. Il a même été amené à revoir le gérant d’écurie. « Et puis, la colère a remplacé la honte, reprend-il. J’ai toujours pensé que mon cas, assez similaire à celui de Grégory Pieux que je ne connaissais pas, n’était pas isolé. Il fallait faire sauter l’omerta. »
«MeToo ne concerne pas que les femmes»
Élément incontestable, les faits qu’il dénonce sont pénalement prescrits. « Mais l’article 2226 du Code civil prévoit que la prescription, en cas de responsabilité née d’une agression sexuelle sur un mineur, est de vingt ans à compter de la consolidation du dommage. Or, M. Garamond ne l’est pas », argumente un de ses avocats, Me Olivier Pardo. En mai dernier, le praticien suisse de l’entrepreneur atteste qu’il souffre de névroses post-traumatiques.
Sur la base de cet article 2226, Jeremy Garamond a donc assigné au civil José Bruneau de La Salle, début juillet. Il réclame une expertise médicale. « Le but n’est pas d’obtenir une réparation financière, mais la reconnaissance de ce traumatisme », précise-t-il. « Le monde des courses est un univers très fermé et masculin, c’est important que ces affaires sortent. La vague MeToo a pénétré le cœur de la société, et elle ne concerne pas que les femmes », commente Me Pardo, tandis que José Bruneau de la Salle nie formellement les accusations de Jeremy Garamond
 
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