Poésie et érotisme

Un clin d'oeil à Romantika qui m'avait fait lire quelques lignes de ses poémes !

Les enfants ont leur contes de fées, les adultes leur poéme...

Le baiser de Paul Éluard


Toute tiède encore du linge annulé
Tu fermes les yeux et tu bouges
Comme bouge un chant qui naît
Vaguement mais de partout

Odorante et savoureuse
Tu dépasse sans te perdre
Les fontières de ton corps
Tu as enjambé le temps
Te voici femme nouvelle
Révélée à l'infini.
 
La géante de Gustave Nadaud


Du temps que la Nature en sa verve puissante
Concevait chaque jour des enfants monstrueux,
J'eusse aimé vivre auprès d'une jeune géante,
Comme aux pieds d'une reine un chat voluptueux.

J'eusse aimé voir son corps fleurir avec son âme
Et grandir librement dans ses terribles jeux;
Deviner si son coeur couve une sombre flamme
Aux humides brouillards qui nagent dans ses yeux;
Parcourir à loisir ses magnifiques formes;
Ramper sur le versant de ses genoux énormes,
Et parfois en été, quand les soleils malsains,
Lasse, la font s'étendre à travers la compagne,
Dormir nonchalamment à l'ombre de ses seins,
Comme un hameau paisible au pied d'une montagne.
 
Je viens de l'écouter... c'est juste pétillant !

Jean Ferrat L'AMOUR EST CERISE

Rebelle et soumise
Paupières baissées
Quitte ta chemise
Belle fiancée
L'amour est cerise
Et le temps pressé
C'est partie remise
Pour aller danser

Autant qu'il nous semble
Raisonnable et fou
Nous irons ensemble
Au-delà de tout
Prête-moi ta bouche
Pour t'aimer un peu
Ouvre-moi ta couche
Pour l'amour de Dieu

Laisse-moi sans crainte
Venir à genoux
Goûter ton absinthe
Boire ton vin doux
O rires et plaintes
O mots insensés
La folle complainte
S'est vite élancée

Défions le monde
Et ses interdits
Ton plaisir inonde
Ma bouche ravie
Vertu ou licence
Par Dieu je m'en fous
Je perds ma semence
Dans ton sexe roux

O Pierrot de lune
O monts et merveilles
Voilà que ma plume
Tombe de sommeil
Et comme une louve
Aux enfants frileux
La nuit nous recouvre
De son manteau bleu

Rebelle et soumise
Paupières lassées
Remets ta chemise
Belle fiancée
L'amour est cerise
Et le temps passé
C'est partie remise
Pour aller danser
 
Baudelaire...Les bijoux

La très-chère était nue, et, connaissant mon cœur,
Elle n'avait gardé que ses bijoux sonores,
Dont le riche attirail lui donnait l'air vainqueur
Qu'ont dans leurs jours heureux les esclaves des Mores.

Quand il jette en dansant son bruit vif et moqueur,
Ce monde rayonnant de métal et de pierre
Me ravit en extase, et j'aime à la fureur
Les choses où le son se mêle à la lumière.

Elle était donc couchée et se laissait aimer,
Et du haut du divan elle souriait d'aise
À mon amour profond et doux comme la mer,
Qui vers elle montait comme vers sa falaise.

Les yeux fixés sur moi comme un tigre dompté,
D'un air vague et rêveur elle essayait des poses,
Et la candeur unie à la lubricité
Donnait un charme neuf à ses métamorphoses ;

Et son bras et sa jambe, et sa cuisse et ses reins,
Polis comme de l'huile, onduleux comme un cygne,
Passaient devant mes yeux clairvoyants et sereins ;
Et son ventre et ses seins, ces grappes de ma vigne,

S'avançaient, plus câlins que les Anges du mal,
Pour troubler le repos où mon âme était mise,
Et pour la déranger du rocher de cristal
Où, calme et solitaire, elle s'était assise.

Je croyais voir unis par un nouveau dessin
Les hanches de l'Antiope au buste d'un imberbe,
Tant sa taille faisait ressortir son bassin.
Sur ce teint fauve et brun le fard était superbe !

– Et la lampe s'étant résignée à mourir,
Comme le foyer seul illuminait la chambre,
Chaque fois qu'il poussait un flamboyant soupir,
Il inondait de sang cette peau couleur d'ambre !
 
Le serpent qui danse

Que j'aime voir, chère indolente,
De ton corps si beau,
Comme une étoffe vacillante,
Miroiter la peau!

Sur ta chevelure profonde
Aux âcres parfums,
Mer odorante et vagabonde
Aux flots bleus et bruns,

Comme un navire qui s'éveille
Au vent du matin,
Mon âme rêveuse appareille
Pour un ciel lointain.

Tes yeux où rien ne se révèle
De doux ni d'amer,
Sont deux bijoux froids où se mêlent
L’or avec le fer.

A te voir marcher en cadence,
Belle d'abandon,
On dirait un serpent qui danse
Au bout d'un bâton.

Sous le fardeau de ta paresse
Ta tête d'enfant
Se balance avec la mollesse
D’un jeune éléphant,

Et ton corps se penche et s'allonge
Comme un fin vaisseau
Qui roule bord sur bord et plonge
Ses vergues dans l'eau.

Comme un flot grossi par la fonte
Des glaciers grondants,
Quand l'eau de ta bouche remonte
Au bord de tes dents,

Je crois boire un vin de bohême,
Amer et vainqueur,
Un ciel liquide qui parsème
D’étoiles mon coeur!

Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal
 
Ode tactile


Un doigt plus doux que plume sur la harpe
Se joue à fuir sur la fleur de ta chair
Et cette main souple comme une écharpe
Flatte et polit ce qu'elle a de plus cher.

Je vous caresse, ô raisons d'existence,
Parages purs, bords suaves qui sont
Ma terre tiède et d'exquise substance
Terre promise aux fleuves du frisson

Terre sensible où frémit ce grand Arbre
De l'âme offerte au tendre enchaînement
Du long baiser sur tes plages de marbre
Qui suit le fil de ton enchantement

Arbre de vie aux racines sans nombre
Qui te sens croître et tout épanouir
Quand vient la lèvre aux approches de l'ombre
Et dans ta fleur l'abeille s'enfouir...

Laisse longtemps que boive cette abeille
De qui l'ivresse ouvre ton paradis
Et te fait toute une heureuse merveille
Me murmurant tout ce que je te dis.

Brille à présent, Sourire, ô récompense
De cet insecte ivre de tant de miel,
Insecte étrange... Une abeille qui pense
Mais surtout pense à ton troisième ciel.

Mais parfois je me pose et souffre d'être aimée
Par celui qui se fait éternelle fumée
Qui me regarde aux yeux, qui s'y trouve les seins
Et d'amour et d'esprit veut une heure tramée

Dont le silence songe à l'excès de nos biens...
Je sens qu'il me voudrait créer comme un poème
Et lui laisse former celle que je deviens
Par sa prière étrange au plus pur de moi-même.

Paul Valéry in Corona et Coronilla
 
Nous tisserons Ia fleur ombilicale

Nous tisserons Ia fleur ombilicale
Contre les jours de sang
Nous tisserons le soleil nu
Face à la terre nue
Et nous ferons l'amour
Avec l'écriture du vent
Sur nos corps pluriels
Et nous ferons l'amour
Avec l'écriture du feu
Sur nos lèvres gercées
Avec les cicatrices du temps
L'eau les phrases immortelles
La parole seule gravée de soleil

Poeme de Paul Dakeyo (Cameroun )
 
Le toucher

Les arbres ont gardé du soleil dans leurs branches.
Voilé comme une femme, évoquant l’autrefois,
Le crépuscule passe en pleurant… Et mes doigts
Suivent en frémissant la ligne de tes hanches.

Mes doigts ingénieux s’attardent aux frissons
De ta chair sous la robe aux douceurs de pétale…
L’art du toucher, complexe et curieux, égale
Les rêves des parfums, le miracle des sons.

Je suis avec lenteur le contour de tes hanches,
Tes épaules, ton col, tes seins inapaisés.
Mon désir délicat se refuse aux baisers;
Il effleure et se pâme en des voluptés blanches.

Sappho
 
Le souffle de Samuel Coelho


Elle respire
Et les draps s'agitent,
Sautillent et expirent
Dans cet antre qui habite

Le doux va et vient
Du souffle de vie qui habille
Ta frèle gorge volubile
Et fuis, s'insinuant par les dents

Tes lèvres tremblent en feuilles,
Prêtent à tomber sur ta gorge,
Flux et reflux de ta forge
Brûlante que les vents recueillent.

L'infini est dans le fragile
souffle d'un être endormi...
 
Abat-jour de Paul Geraldy

Tu demandes pourquoi je reste sans rien dire ?
C'est que voici le grand moment,
l'heure des yeux et du sourire,
le soir, et que ce soir je t'aime infiniment !
Serre-moi contre toi. J'ai besoin de caresses.
Si tu savais tout ce qui monte en moi, ce soir,
d'ambition, d'orgueil, de désir, de tendresse, et de bonté !...
Mais non, tu ne peux pas savoir !...
Baisse un peu l'abat-jour, veux-tu ? Nous serons mieux.
C'est dans l'ombre que les coeurs causent,
et l'on voit beaucoup mieux les yeux
quand on voit un peu moins les choses.
Ce soir je t'aime trop pour te parler d'amour.
Serre-moi contre ta poitrine!
Je voudrais que ce soit mon tour d'être celui que l'on câline...
Baisse encore un peu l'abat-jour.
Là. Ne parlons plus. Soyons sages.
Et ne bougeons pas. C'est si bon
tes mains tièdes sur mon visage!...
 
Chair des choses de renée vivien

Je possède, en mes doigts subtils, le sens du monde,
Car le toucher pénètre ainsi que fait la voix,
L'harmonie et le songe et la douleur profonde
Frémissent longuement sur le bout de mes doigts.

Ils ont connu la vie intime des fourrures,
Toison chaude et superbe où je plonge les mains!
Ils ont connu l'ardent secret des chevelures
Où se sont effeuillés des milliers de jasmins.

Et, pareils à ceux-là qui viennent des voyages.
Mes doigts ont parcouru d'infinis horizons,
Ils ont éclairé, mieux que mes yeux, des visages
Et m'ont prophétisé d'obscures trahisons.

Ils ont connu la peau subtile de la femme,
Et ses frissons cruels et ses parfums sournois...
Chair des choses! J'ai cru parfois étreindre une âme
Avec le frôlement prolongé de mes doigts...
 
Baiser


Quand ton col de couleur rose
Se donne à mon embrassement
Et ton oeil languit doucement
D’une paupière à demi close,

Mon âme se fond du désir
Dont elle est ardemment pleine
Et ne peut souffrir à grand’peine
La force d’un si grand plaisir.

Puis, quand s’approche de la tienne
Ma lèvre, et que si près je suis
Que la fleur recueillir je puis
De ton haleine ambroisienne,

Quand le soupir de ces odeurs
Où nos deux langues qui se jouent
Moitement folâtrent et nouent,
Eventent mes douces ardeurs,

Il me semble être assis à table
Avec les dieux, tant je suis heureux,
Et boire à longs traits savoureux
Leur doux breuvage délectable.

Si le bien qui au plus grand bien
Est plus prochain, prendre ou me laisse,
Pourquoi me permets-tu, maîtresse,
Qu’encore le plus grand soit mien?

As-tu peur que la jouissance
D’un si grand heur me fasse dieu?
Et que sans toi je vole au lieu
D’éternelle réjouissance?

Belle, n’aie peur de cela,
Partout où sera ta demeure,
Mon ciel, jusqu’à tant que je meure,
Et mon paradis sera là.

JOACHIM DU BELLAY (1542)
 
Celle ci m'a fait franchement rire ... la vie est si simple !

Bonheur Parfait


Que les chiens sont heureux !
Dans leur humeur badine,
Ils se sucent la pine,
Ils s’enculent entr’eux ;
Que les chiens sont heureux !

Théophile Gautier
 
La femme adultère

Je la pris près de la rivière
Car je la croyais sans mari
Tandis qu’elle était adultère
Ce fut la Saint-Jacques la nuit
Par rendez-vous et compromis
Quand s’éteignirent les lumières
Et s’allumèrent les cri-cri
Au coin des dernières enceintes
Je touchai ses seins endormis
Sa poitrine pour moi s’ouvrit
Comme des branches de jacinthes
Et dans mes oreilles l’empois
De ses jupes amidonnées
Crissait comme soie arrachée
Par douze couteaux à la fois
Les cimes d’arbres sans lumière
Grandissaient au bord du chemin
Et tout un horizon de chiens
Aboyait loin de la rivière

Quand nous avons franchi les ronces
Les épines et les ajoncs
Sous elle son chignon s’enfonce
Et fait un trou dans le limon
Quand ma cravate fût ôtée
Elle retira son jupon
Puis quand j’ôtai mon ceinturon
Quatre corsages d’affilée
Ni le nard ni les escargots
N’eurent jamais la peau si fine
Ni sous la lune les cristaux
N’ont de lueur plus cristalline
Ses cuisses s’enfuyaient sous moi
Comme des truites effrayées
L’une moitié toute embrasée
L’autre moitié pleine de froid
Cette nuit me vit galoper
De ma plus belle chevauchée
Sur une pouliche nacrée
Sans bride et sans étriers

Je suis homme et ne peux redire
Les choses qu’elle me disait
Le clair entendement m’inspire
De me montrer fort circonspect
Sale de baisers et de sable
Du bord de l’eau je la sortis
Les iris balançaient leur sabre
Contre les brises de la nuit
Pour agir en pleine droiture
Comme fait un loyal gitan
Je lui fis don en la quittant
D’un beau grand panier à couture
Mais sans vouloir en être épris
Parce qu’elle était adultère
Et se prétendait sans mari
Quand nous allions vers la rivière

Federico Garcia Lorca, extrait de “El Romancero Gitano”
Traduction Jean Prévost
 

FPP75

VIB
De ses longs cheveux se voilant...


Le voile a glissé sans qu'elle voulût
Le voir tomber.
D'une main le saisit et de l'autre,
Nous fit signe
D'avoir à craindre Dieu, en réprimant
Notre curiosité avide.


Une main aux doigts teints,
Souple, aux extrémités déliées
Comme fruits de l'anam,
Qui semblent ne pouvoir
Se nouer, tant est grande
Leur délicatesse.


Puis, de ses longs cheveux noirs,
A demi bouclés, se couvrant,
Elle se ploya comme la vigne s'appuie
Sur l'étançon qui la soutient.


Puis elle te regarda comme
Pour te rappeler que, malgré sa prière,
Tu aurais pu obtenir ce que
Tu n'as pas essayé de prendre...
Lourd regard d'attente qu'un malade
Adresse à ceux qui viennent lui rendre visite.



AL-NABIGHA AL-DHOUBYANI (environ 535-604)
 
Un clin d'oeil à Romantika qui m'avait fait lire quelques lignes de ses poémes !

Les enfants ont leur contes de fées, les adultes leur poéme...

Le baiser de Paul Éluard


Toute tiède encore du linge annulé
Tu fermes les yeux et tu bouges
Comme bouge un chant qui naît
Vaguement mais de partout

Odorante et savoureuse
Tu dépasse sans te perdre
Les fontières de ton corps
Tu as enjambé le temps
Te voici femme nouvelle
Révélée à l'infini.

Merci ma bichette :) Je suis très touchée :rouge:
 
Je viens de l'écouter... c'est juste pétillant !

Jean Ferrat L'AMOUR EST CERISE

Rebelle et soumise
Paupières baissées
Quitte ta chemise
Belle fiancée
L'amour est cerise
Et le temps pressé
C'est partie remise
Pour aller danser

Autant qu'il nous semble
Raisonnable et fou
Nous irons ensemble
Au-delà de tout
Prête-moi ta bouche
Pour t'aimer un peu
Ouvre-moi ta couche
Pour l'amour de Dieu

Laisse-moi sans crainte
Venir à genoux
Goûter ton absinthe
Boire ton vin doux
O rires et plaintes
O mots insensés
La folle complainte
S'est vite élancée

Défions le monde
Et ses interdits
Ton plaisir inonde
Ma bouche ravie
Vertu ou licence
Par Dieu je m'en fous
Je perds ma semence
Dans ton sexe roux

O Pierrot de lune
O monts et merveilles
Voilà que ma plume
Tombe de sommeil
Et comme une louve
Aux enfants frileux
La nuit nous recouvre
De son manteau bleu

Rebelle et soumise
Paupières lassées
Remets ta chemise
Belle fiancée
L'amour est cerise
Et le temps passé
C'est partie remise
Pour aller danser

excellent celui ca ;) sans vouloir jme suis mise à le chanter :D
 
ÂBU NUWÂS

J'ai quitté les filles pour les garçons
et pour le vin vieux, j'ai laissé l'eau claire.
Loin du droit chemin, j'ai pris sans façon
celui du péché, car je le préfère.
J'ai coupé les rênes et sans remords
j'ai enlevé la bride avec le mors.

Me voilà tombé amoureux d'un faon
coquet, qui massacre la langue arabe.
Brillant comme un clair de lune, son front
chasse les ténèbres de la nuit noire.
Il n'aime porter chemise en coton
ni manteau de poil du nomade arabe.
Il s'habille court sur ses fines hanches,
mais ses vêtements ont de longues manches.
Ses pieds sont chaussés et, sous son manteau,
le riche brocart offert se devine.
Il part en campagne et monte à l'assaut,
décoche ses flèches et ses javelines.
Il cache l'ardeur de la guerre et son
attitude au feu n'est que magnanime.
Je suis ignorant, en comparaison
d'un jeune garçon ou d'une gamine.
Pourtant, comment confondre une chienne qui eut
ses règles chaque mois et mis bas chaque année,
Avec celui que je vois à la dérobée :
Je voudrais tant qu'il vînt me rendre mon salut !
Je lui laisse voir toutes mes pensées,
Sans peur du muezzin et de l'îmam non plus.

Son corps est très bien fait,
ses lignes sont parfaites
et du cheval de race il a les sveltes flancs.
Des coptes égyptiens son père est un des grands,
qui tout Nabatéen, avec orgueil rejette.
Il me servit de l'eau claire et pure du nil,
coupée avec du vin des vignobles d'Asyoût,
connu pour son odeur, sa couleur et son goût
et qui, dans la bouteille, luit comme de l'huile.
Quand au garçon, je l'ai pris tout seul
dans un coin,
pour mon plaisir,
Et je lui chantai des poèmes...
 
Tu es plus belle que le ciel et la mer

Quand tu aimes il faut partir
Quitte ta femme quitte ton enfant
Quitte ton ami quitte ton amie
Quitte ton amante quitte ton amant
Quand tu aimes il faut partir

Le monde est plein de nègres et de négresses
Des femmes des hommes des hommes des femmes
Regarde les beaux magasins
Ce fiacre cet homme cette femme ce fiacre
Et toutes les belles marchandises

II y a l'air il y a le vent
Les montagnes l'eau le ciel la terre
Les enfants les animaux
Les plantes et le charbon de terre

Apprends à vendre à acheter à revendre
Donne prends donne prends

Quand tu aimes il faut savoir
Chanter courir manger boire
Siffler
Et apprendre à travailler

Quand tu aimes il faut partir
Ne larmoie pas en souriant
Ne te niche pas entre deux seins
Respire marche pars va-t'en

Je prends mon bain et je regarde
Je vois la bouche que je connais
La main la jambe l'œil
Je prends mon bain et je regarde

Le monde entier est toujours là
La vie pleine de choses surprenantes
Je sors de la pharmacie
Je descends juste de la bascule
Je pèse mes 80 kilos
Je t'aime

Blaise Cendrars
 
L'affinité des chairs

Je ne l'entendais pas, tant je la regardais
Par sa robe entr'ouverte, au loin je me perdais,
Devinant les dessous et brûlé d'ardeurs folles :
Elle se débattait, mais je trouvai ses lèvres !
Ce fut un baiser long comme une éternité
Qui tendit nos deux corps dans l'immobilité
Elle se renversa, râlant sous ma caresse ;
Sa poitrine oppressée et dure de tendresse
Haletait fortement avec de longs sanglots.
Sa joie était brûlante et ses yeux demi-clos ;
Et nos bouches, et nos sens, nos soupirs se mêlèrent
Puis, dans la nuit tranquille où la campagne dort,
Un cri d'amour monta, si terrible et si fort
Que des oiseaux dans l'ombre effarés s'envolèrent
Ainsi que deux forçats rivés aux mêmes fers
Un lien nous tenait, l'affinité des chairs.

Guy de Maupassant
 
Nous lirons dans un même lit
Au livre de ton corps lui-même
- C'est un livre qu'on lit au lit-
Nous lirons le charmant poème
Des grâces de ton corps joli

Nous passerons de doux dimanches
Plus doux que n’est le chocolat,
jouant tous deux au jeu de hanches…

Apollinaire
 
Sur la terrasse heureuse se renverse
Une femme
La lumière ploie en grappes profondes
Le quotidien s'ajuste au rêve
Tandis que les fontaines du corps
Se répondent


Entre les cils s'enflamment
Des surprises
L'aveu du sexe cisèle le temps
Comme une dentelle au poignet
Un vin coule d'une prunelle
Doucement une cascade se vide
De son printemps
Corail
A deux doigts de l'horizon l'espace
Entier


Les mots lavent leur visage invisible
Un parfum laboure l'aube Une main
Retient la nuit
Et par-dessus la houle d'un sein
L'avalanche d'une étoile
Tumulte immobile
Le monde se serre dans la paume
Demain j'existe


Jamel Eddine Bencheikh
 
Voile


Etrange voile de soie blanche
tissu fin et voluptueux
offrande du ciel
éminence des étoiles
vierge est l'innocence de son drapé blanc
jusqu’a ce que....

*

Doucement la perle du coeur
dernière pureté de l'enfance
devienne joyaux, pourpre
du désir flamboyant
jusqu'à ce que...

*

Le tissu glisse sur ma peau
mouvement imperceptible
du sentiment naissant
jusqu’a ce que ...

*

Vagues d'océan brulantes
tempête tournoyante
sur mon corps en attente
jusqu'à ce que….

*

Mon âme éprise
De mille parfums d’amour
te supplie
Aime-moi !
le voile se déchire…






Fleur de plumes
 
Désirs

Ce soir je me destine à ce que vous souhaitiez
Au plaisir des caresses que mes mains me procurent
Elles vont et viennent au rythme de mes pensées
Et font monter en moi au fur et à mesure
Le désir de vous plaire et de vous contenter.

Et j'imagine ainsi en flattant tout mon être
Qu'une main plus habile sur mon corps, s'agite
Et espère haletante la venue de mon Maître
Pour qu'il dompte avec fougue le démon qui m'habite
Et lie mes mains goulues au-dessus de ma tête.

Ainsi pieds et poings liés je perdrai tout honneur
Et de mon sexe chaud s'écoulera l'essence
Et dans mon ventre moite résonnera la peur
Et j'apprendrai aussi à contrôler mes sens
Pour m'ouvrir totalement et fondre de bonheur.

Par plaisir, je guiderai les élans de sa main
En basculant mon corps pour le rendre accessible
Et dans ma bouche ouverte j'espérerai en vain
Qu'il entre et me possède d'une force indicible
Puis pénètre mes chairs jusqu'au fond de mes reins.

Ainsi, femme soumise et entièrement offerte,
Je tâcherai de plaire à mon amant subtil
En acceptant toujours !, Ecoutant ses requêtes,
Du mieux que je pourrais, toujours les accomplir
Et capter sans faillir ses envies si expertes.

Pour pouvoir lui offrir au mieux, mes sentiments
Pour qu'il soit, presque heureux d'avoir si fièrement
Dominé ma personne, pour me faire m'ouvrir
Dominé mes envies, pour me faire ainsi jouir,
Et pris mon âme vierge de tels assouvissements
Pour les forger, vainqueur, à leur épanouissement
Et les ancrer en moi, pour les faire grandir…




Auteur anonyme
 
Gourmandises


Je voudrais près de toi me glisser,
Sentir le désir au creux de mes reins
Caresser ton torse de mes cheveux,
Laisser vagabonder tes mains.
Entourer de plaisir ta virilité.
Puis, pleurer en rendant l'âme
Du miracle accompli....

Libérer en cascade mes larmes,
Mes rires au milieu d'un lit,
Froisser les draps dans nos délires.
Devenir un ruisseau, une rivière ivre,
Un fleuve qui coulerait sur toi
En chaleur infinie.

Sentir l'odeur de ta peau
Embrumer mes sens,
Du plaisir essentiel et immense.

Te goûter, t'engouffrer au fond de moi
Pour que tu m'appartiennes,
Une nuit, une heure ou même un instant,
Mais entendre gémir ta voix!
Puis recueillir du bout des doigts,
Le fruit de ton plaisir,
Le porter à mes lèvres et m'en nourrir,
Comme d'un nectar, un miel sucré,

Exquises gourmandises qui laissent nos corps apaisés...

FéeMorganne
 
Nocturne impudique




Le nu est une douceur qui s'offre
Comme l'étoile se donne au firmament.
La peau s'éclaire quand disparait l'étoffe
Au clair de lune du regard de l'amant.

Les vapeurs de la nuit entourent le corps
Aveugle, la main glisse comme la voile
Sur l'étendue lisse pour atteindre son port
Et les doigts sur la chair en pente dévalent.

Appelant la caresse, le nu se fait désirable,
Il attend la récompense de sa révélation.
Invitant son témoin à un voyage inavouable,
Il s'enchaine enfin au bonheur de la contemplation.


Armandie
 
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