L’instinct maternel, cela serait une capacité innée et naturelle des mères à prendre soin de leur bébé, à savoir comment s’occuper de leurs enfants. Il y a aussi derrière ce concept l’idée selon laquelle les femmes ont par nature envie de faire des enfants. Ce serait un instinct d’enfanter, lié à leur capacité de le faire. Cet invariable lié à l’espèce agirait comme une sorte d’appel du ventre que toutes ressentiraient. Ainsi, à partir du moment où l’enfant naît, l’amour serait tout de suite présent, et cela guiderait les mères dans leurs actes quotidiens.
Les femmes s’occupent-elles des enfants depuis la nuit des temps ?
On pense souvent qu’à la préhistoire, les hommes étaient chasseurs-cueilleurs, et que les femmes s’occupaient des enfants et leur donnaient le sein. Cela sonne comme des évidences, acceptées par tous et toutes, et qui pourtant ne reposent sur rien de concret. La préhistorienne Marylène Patou-Mathis explique dans son livre L’homme préhistorique est aussi une femme (Points, 2022) que la préhistoire a été inventée comme science au XIXᵉ siècle. Il y a eu directement une vision sexiste, et non scientifique de l’homme préhistorique, avec une manière d’invisibiliser les femmes. Dans certaines sociétés préhistoriques, les femmes chassaient par exemple.
En écrivant la bande dessinée Mamas, petit précis de déconstruction de l’instinct maternel (Casterman, 2019), l’autrice Lili Sohn a aussi fait des découvertes sur les rôles familiaux que l’on pense établis depuis toujours, comme elle l’expliquait dans l’émission Modern Love à propos de la préhistoire, toujours :
L’instinct maternel, une invention bien utile pendant la révolution industrielle
Pour Manuela Spinelli, maîtresse de conférences à l’Université Rennes 2 et spécialiste des études de genre, l’instinct maternel est un concept qui aurait été forgé et instrumentalisé durant le XIXᵉ siècle, longue période où l’on a ficelé ce mythe, pour des raisons politiques, économiques et sociales. Elle explique que durant la révolution industrielle, le nombre d’ouvriers et d’ouvrières augmente. Les femmes travailleuses devaient parfois quitter leur campagne pour travailler à l’usine, et étaient peu présentes dans leur foyer :
C’est ainsi qu’apparaît aussi la notion de chef de famille qui entretient toute la maison, alors qu’avant tout le monde travaillait. Selon Manuela Spinelli :
Les femmes s’occupent-elles des enfants depuis la nuit des temps ?
On pense souvent qu’à la préhistoire, les hommes étaient chasseurs-cueilleurs, et que les femmes s’occupaient des enfants et leur donnaient le sein. Cela sonne comme des évidences, acceptées par tous et toutes, et qui pourtant ne reposent sur rien de concret. La préhistorienne Marylène Patou-Mathis explique dans son livre L’homme préhistorique est aussi une femme (Points, 2022) que la préhistoire a été inventée comme science au XIXᵉ siècle. Il y a eu directement une vision sexiste, et non scientifique de l’homme préhistorique, avec une manière d’invisibiliser les femmes. Dans certaines sociétés préhistoriques, les femmes chassaient par exemple.
En écrivant la bande dessinée Mamas, petit précis de déconstruction de l’instinct maternel (Casterman, 2019), l’autrice Lili Sohn a aussi fait des découvertes sur les rôles familiaux que l’on pense établis depuis toujours, comme elle l’expliquait dans l’émission Modern Love à propos de la préhistoire, toujours :
Elle parle aussi dans sa bande dessinée de textes qui datent de l’Égypte antique sur la contraception et l’avortement, où les femmes s’inséraient des boules d’argile dans le vagin, pour stopper le sperme. C’est ce choix et cette conscience qui distinguent les femmes humaines des femelles animaux, bien souvent dotées d’un instinct. Le fait de faire des enfants n’est pas un besoin viscéral chez les femmes, mais bien plutôt une envie, qui n’est pas toujours présente.« Hommes et femmes n’avaient pas de dimorphisme physique, ça veut dire qu’ils avaient la même taille, la même force et que donc on peut imaginer à ce moment-là qu’ils avaient des rôles quand même similaires ».
L’instinct maternel, une invention bien utile pendant la révolution industrielle
Pour Manuela Spinelli, maîtresse de conférences à l’Université Rennes 2 et spécialiste des études de genre, l’instinct maternel est un concept qui aurait été forgé et instrumentalisé durant le XIXᵉ siècle, longue période où l’on a ficelé ce mythe, pour des raisons politiques, économiques et sociales. Elle explique que durant la révolution industrielle, le nombre d’ouvriers et d’ouvrières augmente. Les femmes travailleuses devaient parfois quitter leur campagne pour travailler à l’usine, et étaient peu présentes dans leur foyer :
Et pour convaincre les femmes, on présente le domaine privé de la famille et de la maison comme leur royaume. C’était là qu’elles devaient déployer leurs capacités et leurs compétences.« Les horaires étaient terribles, les salaires très bas. Il n’y avait pas de véritable législation ni de tutelle. Les hommes, les femmes, mais aussi les enfants travaillaient. Donc c’est une situation très tendue qui donnait lieu à des révoltes sociales. On essaie en quelque sorte d’étouffer un peu partout ces révoltes. L’action pour calmer les esprits, c’était notamment de pousser les femmes à rester plus à la maison. Ce qui signifiait d’augmenter les salaires des ouvriers pour qu’ils puissent prendre en charge le foyer. »
C’est ainsi qu’apparaît aussi la notion de chef de famille qui entretient toute la maison, alors qu’avant tout le monde travaillait. Selon Manuela Spinelli :
« C’est à ce moment qu’on commence à mettre de plus en plus en avant le lien qui se crée entre la mère et l’enfant. Et on commence aussi à utiliser cet argument de ce lien pour, en quelque sorte, responsabiliser les mères en leur disant qu’elles étaient les seules qui savaient prendre soin des enfants, qui pouvaient savoir ce qui était le mieux pour eux. C’est aussi à ce moment qu’on commence, et de façon plus nette, précise et répandue, à parler de l’amour maternel. »