Les plantes médicinales constituent une grande richesse au Maroc, insiste Jamal Bellakhdar, dans «Plantes médicinales au Maghreb et soins de bases. Précis de phytothérapie moderne», paru cette année. Un rappel utile alors que leur réputation a été ternie, ces dernières années, par des cas d’intoxications.
En 2014, le débat avait atteint le Parlement. S’exprimant au sujet de «la propagation du phénomène d'utilisation des plantes médicinales à des fins thérapeutiques dans les médias» après une question orale à la Chambre des conseillers, Houcine El Ouardi, alors ministre de la Santé, avait révélé que le Centre national antipoison et de pharmacovigilance du Maroc avait enregistré l’année précédente sept cas de décès à cause de l'usage inapproprié de produits faits à base de plantes, et près de 300 cas d’intoxications. L’engouement pour les conseils phyto-thérapeutiques de praticiens sur les radios populaires était alors pointé du doigt.
Dans ce contexte, le livre de Jamal Bellakhdar apparaît comme un recueil fiable des dernières connaissances scientifiques modernes appliquées aux plantes maghrébines et de conseils précis pour leur utilisation médicinale. Une référence pour un recours apaisé à l’automédication. Son usage, cependant, risque d’être limité, par le choix du français, aux Maghrébins francophones qui connaissent déjà le nom vernaculaire des plantes en France. Leur traduction est toutefois précisée en darija marocaine, algérienne et tunisienne, en lettres latines. La faible qualité de l’impression du dessin des plantes considérées entame également la praticité de l’ouvrage. Mieux vaut avoir déjà souvent regardé les plantes avant de s’y plonger !
Un potentiel «considérable» pour le secteur de la santé
Pour le spécialiste, cet ouvrage vient avant tout combler un vide : déterminer les usages médicaux des plantes que l’on trouve au Maghreb plutôt que de se référer à des plantes que l’on ne trouve parfois pas dans nos pays. «En effet, quel intérêt peut-on trouver à importer de la busserole qui figure dans tous les guides phytothérapiques, alors que la flore de nos pays possède en abondance l’arbousier et les bruyères aux propriétés semblables ?», interroge Jamal Bellakhdar.
D’après lui, la flore maghrébine compte plusieurs milliers d’espèces végétales. Seules environ 400 d’entre elles sont «exploitables économiquement» pour leur vertus aromatiques ou médicinales. Aujourd’hui, toutefois, nous n’en utilisons réellement qu’une centaine. Le précis de phytothérapie de Jamal Bellakhdar en présente 144 dans le détail et 34 autres de façon plus succincte. «Petit à petit, les plantes sont devenues étrangères à la jeunesse d’aujourd’hui. Est-ce vraiment une évolution positive ? Un marin tourne-t-il le dos à la mer ?», questionne-t-il également.
Pour le scientifique, les plantes médicinales, en dépit du peu d’intérêt qu’elles suscitent au Maroc en dehors des pratiques populaires, constituent un potentiel considérable pour le secteur de la santé.
«Face au déficit chronique de l’offre budgétaire des gouvernements en matière de santé publique, le recours aux pharmacopées populaires locales apparaît naturellement comme l’une des solutions envisageables pour assurer une couverture large aux besoins de base de l’ensemble de la population.»
Jamal Bellakhdar
Ce potentiel est d’autant plus manifeste que partout ailleurs dans le monde – et pas seulement dans les pays les plus riches –, l’intérêt pour les pharmacopées traditionnelles renaît et trouve une nouvelle validation scientifique moderne.
«On est arrivé à la situation paradoxale suivante : une science moderne disposant de tous les moyens d’investigation que lui procure le progrès technologique servant à la renaissance d’un savoir ancien, empirique, parfois naïf ou désuet, mais en même temps faisant souvent preuve d’un génie très pratique et d’une bonne efficacité (…) Que de temps et de moyens auraient pu être épargnés si les enquêteurs avaient su mener d’abord sur le terrain l’étude des traditions médicales régionales !»
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En 2014, le débat avait atteint le Parlement. S’exprimant au sujet de «la propagation du phénomène d'utilisation des plantes médicinales à des fins thérapeutiques dans les médias» après une question orale à la Chambre des conseillers, Houcine El Ouardi, alors ministre de la Santé, avait révélé que le Centre national antipoison et de pharmacovigilance du Maroc avait enregistré l’année précédente sept cas de décès à cause de l'usage inapproprié de produits faits à base de plantes, et près de 300 cas d’intoxications. L’engouement pour les conseils phyto-thérapeutiques de praticiens sur les radios populaires était alors pointé du doigt.
Dans ce contexte, le livre de Jamal Bellakhdar apparaît comme un recueil fiable des dernières connaissances scientifiques modernes appliquées aux plantes maghrébines et de conseils précis pour leur utilisation médicinale. Une référence pour un recours apaisé à l’automédication. Son usage, cependant, risque d’être limité, par le choix du français, aux Maghrébins francophones qui connaissent déjà le nom vernaculaire des plantes en France. Leur traduction est toutefois précisée en darija marocaine, algérienne et tunisienne, en lettres latines. La faible qualité de l’impression du dessin des plantes considérées entame également la praticité de l’ouvrage. Mieux vaut avoir déjà souvent regardé les plantes avant de s’y plonger !
Un potentiel «considérable» pour le secteur de la santé
Pour le spécialiste, cet ouvrage vient avant tout combler un vide : déterminer les usages médicaux des plantes que l’on trouve au Maghreb plutôt que de se référer à des plantes que l’on ne trouve parfois pas dans nos pays. «En effet, quel intérêt peut-on trouver à importer de la busserole qui figure dans tous les guides phytothérapiques, alors que la flore de nos pays possède en abondance l’arbousier et les bruyères aux propriétés semblables ?», interroge Jamal Bellakhdar.
D’après lui, la flore maghrébine compte plusieurs milliers d’espèces végétales. Seules environ 400 d’entre elles sont «exploitables économiquement» pour leur vertus aromatiques ou médicinales. Aujourd’hui, toutefois, nous n’en utilisons réellement qu’une centaine. Le précis de phytothérapie de Jamal Bellakhdar en présente 144 dans le détail et 34 autres de façon plus succincte. «Petit à petit, les plantes sont devenues étrangères à la jeunesse d’aujourd’hui. Est-ce vraiment une évolution positive ? Un marin tourne-t-il le dos à la mer ?», questionne-t-il également.
Pour le scientifique, les plantes médicinales, en dépit du peu d’intérêt qu’elles suscitent au Maroc en dehors des pratiques populaires, constituent un potentiel considérable pour le secteur de la santé.
«Face au déficit chronique de l’offre budgétaire des gouvernements en matière de santé publique, le recours aux pharmacopées populaires locales apparaît naturellement comme l’une des solutions envisageables pour assurer une couverture large aux besoins de base de l’ensemble de la population.»
Jamal Bellakhdar
Ce potentiel est d’autant plus manifeste que partout ailleurs dans le monde – et pas seulement dans les pays les plus riches –, l’intérêt pour les pharmacopées traditionnelles renaît et trouve une nouvelle validation scientifique moderne.
«On est arrivé à la situation paradoxale suivante : une science moderne disposant de tous les moyens d’investigation que lui procure le progrès technologique servant à la renaissance d’un savoir ancien, empirique, parfois naïf ou désuet, mais en même temps faisant souvent preuve d’un génie très pratique et d’une bonne efficacité (…) Que de temps et de moyens auraient pu être épargnés si les enquêteurs avaient su mener d’abord sur le terrain l’étude des traditions médicales régionales !»
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