Ou comment le paradoxe de la «diffamation antisémite» maintient l’Occident silencieux sur le génocide israélien
par Jonathan Cook
Plus les actions d’Israël sont dépravées, plus il est antisémite de dénoncer la vérité. La douloureuse réalité est qu’à travers Israël, l’Occident peut déguiser un colonialisme classique en projet «juif».
Il existe un paradoxe dangereux qui contribue à dissuader les gens, en particulier les personnalités publiques, de s’exprimer, alors même que le génocide israélien à Gaza devient chaque jour plus horrible. Appelons cela le paradoxe de la «diffamation des juifs qu’on accuse de crimes rituels».
Voici comment cela fonctionne. Au Moyen Âge, les juifs étaient accusés d’avoir assassiné des non-juifs, notamment des enfants, pour utiliser leur sang lors de rituels religieux. Chaque fois qu’un juif est accusé du meurtre d’un non-juif, on pense que cela met les juifs en danger en alimentant le type même d’antisémitisme qui a finalement conduit aux «chambres à gaz d’Auschwitz».
Les personnes responsables, ou du moins celles qui ont une réputation à protéger, évitent donc de faire des déclarations qui pourraient contribuer à l’impression que les juifs – ou dans ce cas, les soldats de l’État juif d’Israël – tuent des non-juifs.
Si de telles critiques sont formulées, elles doivent être formulées avec de grandes précautions par les politiciens occidentaux, les médias et les personnalités publiques, dans un langage qui fasse paraître raisonnable ou rationnel le meurtre de non-juifs – dans ce cas, de Palestiniens musulmans et chrétiens.
Israël se «défend» simplement en tuant et en mutilant des centaines de milliers de civils à Gaza après l’attaque d’une journée par le Hamas le 7 octobre 2023.
Les masses d’innocents morts dans l’enclave ne sont que le prix malheureux payé pour garantir le «retour des otages israéliens» détenus par le Hamas.
La famine infligée aux enfants de Gaza par Israël depuis des mois est une «crise humanitaire» et non un crime contre l’humanité.
Quiconque s’oppose à ce récit est dénoncé comme antisémite, qu’il s’agisse de millions de personnes ordinaires, de toutes les organisations de défense des droits de l’homme respectées dans le monde, y compris le groupe israélien B’Tselem, de l’Organisation mondiale de la santé, de la Cour pénale internationale, de spécialistes du génocide comme Omer Bartov, lui-même israélien, etc.
C’est une boucle parfaite, auto-renforçante, totalement déconnectée de la réalité qui nous est diffusée en direct quotidiennement.