Prendre les pays du Sud en otage
Le G7 offre essentiellement à la plupart des pays du Sud un cocktail toxique d’inflation massive, de hausse des prix et de dette dollarisée incontrôlée.
Fabio Vighi a brillamment
décrit comment « l’objectif de l’urgence ukrainienne est de maintenir l’imprimante à billets en marche tout en accusant Poutine de la récession économique mondiale. La guerre sert le but inverse de ce qu’on nous dit : non pas défendre l’Ukraine mais prolonger le conflit et nourrir l’inflation pour tenter de désamorcer le risque cataclysmique sur le marché de la dette, qui se répandrait comme une traînée de poudre dans tout le secteur financier ».
Et si la situation peut empirer, elle le fera. Dans les Alpes bavaroises, le G7 a promis de trouver « des moyens de limiter le prix du pétrole et du gaz russes » : si cela ne fonctionne pas selon les « méthodes du marché », alors « les moyens seront imposés par la force ».
Une « indulgence » du G7 – le néo-médiévalisme en action – ne serait possible que si un acheteur potentiel d’énergie russe accepte de conclure un accord sur le prix avec les représentants du G7.
En pratique, cela signifie que le G7 créera vraisemblablement un nouvel organisme chargé de « réguler » le prix du pétrole et du gaz, subordonné aux caprices de Washington : à toutes fins utiles, il s’agit d’une torsion majeure du système de l’après-1945.
La planète entière, en particulier les pays du Sud, serait prise en otage.
Pendant ce temps, dans la vraie vie, Gazprom a le vent en poupe et gagne autant d’argent avec ses exportations de gaz vers l’UE qu’en 2021, même si les volumes expédiés sont beaucoup plus faibles.
La seule chose que cet
analyste allemand comprend bien, c’est que si Gazprom était contraint de couper définitivement les approvisionnements, cela représenterait « l’implosion d’un modèle économique trop dépendant des exportations industrielles, et donc des importations de combustibles fossiles bon marché ». L’industrie est responsable de 36% de la consommation de gaz en Allemagne ».
Pensez, par exemple, à BASF contraint d’arrêter la production de la plus grande usine chimique du monde à Ludwigshafen. Ou au PDG de Shell soulignant qu’il est absolument impossible de remplacer le gaz russe fourni à l’UE via des gazoducs par du GNL (américain).
Cette implosion à venir est exactement ce que souhaitent les cercles néocons/néolibéraux de Washington : éliminer un puissant concurrent économique (occidental) de la scène commerciale mondiale. Ce qui est vraiment étonnant, c’est que l’équipe Scholz ne peut même pas le voir venir.
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Parallèlement, la Commission européenne redouble d’efforts pour faire échouer son programme d’énergie verte, en rejetant la faute sur le gaz et le charbon. Le grand manitou du climat de l’UE, Frans Timmermans, a lancé une perle absolue : « Si nous avions eu l’accord vert cinq ans plus tôt, nous ne serions pas dans cette situation, car nous serions alors moins dépendants des combustibles fossiles et du gaz naturel ».
Eh bien, dans la vraie vie, l’UE reste obstinément en route pour devenir un terrain vague entièrement désindustrialisé d’ici 2030. L’énergie verte inefficace basée sur l’énergie solaire ou éolienne est incapable d’offrir une alimentation stable et fiable. Il n’est donc pas étonnant que de vastes pans de l’UE soient maintenant de retour au charbon.
extrait de :
We’re deep into the metaverse spectrum, where things are the opposite of what they seem, Pepe Escobar writes. Fast but not furious, the Global South…
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