Le prépuce est une lèvre, et donc un organe ; son ablation est une mutilation

Sigismond

Sigismond
Résumé
Les dictionnaires et manuels de médecine ne mentionnent que les lèvres de la bouche ; ils n'ont jamais pris en compte le statut particulier des autres lèvres du corps, et particulièrement celui du prépuce. Aussi, ce bref article comble une petite mais importante lacune. Il introduit le concept anatomique de lèvre et l'applique au prépuce.


Les partisans de la circoncision affirment que le prépuce n'est pas un organe mais un repli de peau inutile et antihygiénique. L'anatomie renverse cette vision pour deux raisons.

Tout d'abord, le prépuce est une lèvre avec une fonction similaire à celle des autres lèvres du corps (paupières, lèvres de la bouche, de la vulve, narines, anus) : celle de frontière entre l'intérieur et l'extérieur. La grande caractéristique des lèvres est d'avoir une double face : peau d'un côté, muqueuse de l'autre. L'extérieur protège l'intérieur du frottement et de la dessiccation. Elles sont aussi particulièrement fournies en terminaisons nerveuses de toucher fin.

Ensuite, comme le clitoris, le prépuce a une innervation érogène particulièrement dense[1], [2], [3], renforcée par l'innervation de toucher fin. Aussi, l'enroulement et le déroulement de ce store à double face permettent, outre un nettoyage facile, une stimulation particulièrement agréable à la fois de lui-même et du gland. Puisqu'il peut être supprimé sans empêcher la reproduction, le prépuce, comme le clitoris, n'est pas un organe génital. C'est néanmoins l'organe spécifique de l'autosexualité masculine.

L'observation qui précède ne figure dans aucun manuel de médecine. La raison en est simple : le prépuce est tabou. Cependant, il est biologiquement établi que son ablation est une mutilation aussi inutile, douloureuse et risquée que sexuellement inadmissible. Sous des prétextes religieux ou médicaux, la raison profonde de la circoncision est toujours d'interdire l'autosexualité aux enfants.


[1] Bazett H., McGlone B., Williams R., Lufkin H. Depth, distribution and probable identification in the prepuce of sensory end-organs concerned in sensations of temperature and touch; thermometric conductivity. Archives of neurology and psychiatry 1932; 27 (3): 489-517.
http://www.cirp.org/library/anatomy/bazett/
[2] Winkelmann RK. The cutaneous innervation of the human newborn prepuce. J Invest Dermatol 1956; 26 (1): 53-67. http://www.cirp.org/library/anatomy/winkelmann2/
[3] Taylor J., Lockwood A., Taylor A. The prepuce: specialized mucosa of the penis and its loss to circumcision. BJU 1996; 77: 291-295. http://cirp.org/library/anatomy/taylor
 
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