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[QUOTE="Pirouettete, post: 5554165, member: 77632"] A 7 heures du matin, un flot de lumière déborde la crête des montagnes et vient effleurer la surface, noire et lisse, de l'objet le plus inattendu qui soit en pleine Sierra Tarahumara, aussi mystérieux qu'un monolithe tombé de l'espace : un piano à queue, un vieux Steinway de concert. Nous sommes au bord d'une falaise, entre les gorges du rio Batopilas et celles d'Urique, dans le plus vaste ensemble de canyons de la planète, qui s'étend sur 75 000 km2 dans l'Etat de Chihuahua, au Mexique. Une forteresse rabotée par le vent, l'eau des cascades, le silence des pierres. C'est là que Romayne Wheeler, 66 ans, a posé son piano en 1995. Ce pianiste américain avait découvert le site une quinzaine d'années plus tôt. Il avait été ébloui, comme Antonin Artaud, qui disait de l'endroit, en 1936 :"On ne peut plus douter d'être parvenu à l'un de ces points névralgiques de la Terre où la vie a montré ses premiers effets." Après quelques séjours, le visiteur américain a fait connaissance avec un vieil Indien Raramuri, Luciano Guttierez. C'est lui qui a conduit l'Américain au sommet de la falaise. Le touriste américain et le vieil Indien ont alors noué l'une de ces amitiés qui bouleversent le cours d'une existence. [...] Sans doute Romayne Wheeler est-il un peu fou, d'une folie douce et généreuse. A 66 ans, sans retraite ni sécurité sociale, mais avec les soucis de santé qu'apporte l'âge, à plusieurs heures de 4 × 4 de la première clinique accessible, il consacre les deux tiers des bénéfices des concerts qu'il continue à donner, au Mexique et aux Etats-Unis, aux familles raramuri près desquelles il vit. Il finance surtout des bourses d'études. Pendant longtemps, les trois quarts de ses ressources étaient pour l'hôpital tarahumara de Creel. "Mais je ne m'en sortais plus", avoue-t-il. Dans leur film Le Pianiste de la Sierra Madre, tourné en 2005, les cinéastes français Judith Haüssling et Alain Tixier ont livré un portrait de ce chabochi pas comme les autres. [/QUOTE]
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