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Qui a compris le zen ?
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[QUOTE="typologie, post: 15985804, member: 383147"] [B]Le chapitre 16 : [I]ambigu (vs équivoque)[/I] [/B]qui poursuit cette réflexion sur le langage me parait, pour l’ensemble de l’examen, constituer le temps fort d’une récapitulation, après quoi il ne restera qu’à tirer les conséquences. Commençant par distinguer deux termes dont nous avons tendance à user indifféremment, F.Jullien maintenant saisit ensemble les deux points de vue (chinois, européen) qu’il s’était jusqu’ici ingénié à opposer. Il parle, si j’ose dire, à la première personne philosophique en formulant ce double mot d’ordre :[B] [I]expulser l’équivoque[/I] [I]en même temps qu’explorer l’ambigu[/I]. Il en va, insiste-t-il, du sens même du travail de la pensée.[/B] [B]L’équivoque [/B]habite le langage, certains excellent à tirer parti, à des fins personnelles, de cette [B]confusion des significations au sein d’un même vocable.[/B] Valéry, à propos du mot « liberté », en a fait une célèbre démonstration dans le passage précédemment cité. F.Jullien prend pour sa part l’exemple d’un autre grand mot : « [B]amour [/B]» dont l’équivoque est de renfermer aussi bien [B]le désir avide, rivé au manque et rêvant de possession (eros grec) que la plénitude du don, l’agapé au sens chrétien. [/B] [URL='https://www.bladi.info/threads/effet-langage-lecture-percetion-conscience.461162/page-2#post-15654974'][B]https://www.bladi.info/threads/effet-langage-lecture-percetion-conscience.461162/page-2#post-15654974[/B][/URL] Il appartient à la réflexion philosophique de se tenir à distance des mots, surtout quand ils sonnent haut et fort, et d’y opérer froidement les distinctions essentielles. Et de fait le père grec de la tradition philosophique, Platon, met en place la [I]machinerie logique[/I] destinée à détecter, pour les expulser, les chausse-trapes du langage courant : c’est la dialectique. Il n’est guère de pédagogie de la philosophie, chez nous, qui n’en appelle au dialecticien exemplaire qu’est Socrate. Chaque fois que se professe un cours de philosophie, cette discipline à part où le travail démystificateur sur le langage, la détection de ses paralogismes, est préalable incontournable, se tient au fond de la salle, grand témoin invisible et redouté, le maître grec de la dialectique. Nous n’en finissons jamais avec Socrate (6). Mais de l’équivoque F.Jullien, pour avoir beaucoup arpenté la pensée chinoise, distingue [B]l’ambigu[/B]. Il entend par là [B]la cible mouvante de cette pensée : le point d’inséparation où affleure [I]l’indémarcabilité foncière des choses[/I]. [/B] Dès lors le rapport au langage s’inverse :[B] après avoir fait par la parole les distinctions qui chassent l’équivoque, il convient de défaire les distinctions langagières qui bloquent et emprisonnent la parole l’empêchant d’approcher les sources vives du réel.[/B] Plus précisément, selon F.Jullien,[B] l’exercice de la pensée doit se tenir désormais dans [I]le « qui-vive » de cet entre-deux[/I] : entre l’équivoque à débusquer et bannir et l’ambigu à retrouver et retenir.[/B] L’analyse philosophique me parait [B]culminer [/B]au sens où elle avance désormais sur un chemin de crête où [B]d’un côté [/B]s’aperçoit l’imposant paysage philosophique européen qui s’est élevé à partir des exigences logiques énoncées par Platon et Aristote, [B] tandis que de l’autre[/B] se devine, avec sa prégnance propre, celui de la pensée chinoise et de ses multiples gisements de sens. [B]Deux pans de la pensée qui au départ[/B] étaient très proches (Héraclite avait dit l’inséparation des choses) [B]avant de[/B] déployer leurs complètes différences (Chine et Europe classiques), [B]pour finir par se rapprocher[/B] de nouveau, quand la modernité européenne commence de déconstruire ses antiques parti-pris ontologiques (Nietzsche puis Freud). [/QUOTE]
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