Les élections locales et régionales qui se sont tenues vendredi 4 septembre au Maroc ont consacré la victoire du parti islamiste, le PJD, dans plusieurs grandes villes. Les autres partis tirent un bilan mitigé fondé sur des stratégies peu lisibles.
La question est récurrente depuis la parution des résultats des élections communales et régionales du 4 septembre. Alors que l’opposition semblait groggy au lendemain de l’annonce d’un raz de marée islamiste dans les grandes villes, les choses sont rentrées peu à peu dans l’ordre. Aux déclarations désordonnées et intempestives a succédé une stratégie claire visant à déstabiliser la majorité liguée autour du PJD et surtout à semer la zizanie entre le RNI de Salaheddine Mezouar et le PJD.
"La main invisible"
Dans les salons de Rabat, certains anciens ministres n’hésitent pas à pointer du doigt « des cercles influents », qui n’ont jamais admis l’arrivée du PJD à la tête du gouvernement et qui admettent encore moins qu’il s’occupe seul de la gestion de plusieurs grandes villes du royaume. Si tous les observateurs sont unanimes pour saluer la neutralité du ministère de l’Intérieur et la distance prise par le roi et son entourage immédiat par rapport à ces échéances électorales, la théorie de la « main invisible » est toujours d’actualité.
Deux raisons sont avancées pour expliquer qu’il y a « quelqu’un » derrière les partis de l’opposition et les prises de positions incompréhensives du RNI. La première, a trait aux candidatures d’Ahmed Akhchichen, proche du sérail royal et connu pour participer à la rédaction de certains discours du monarque chérifien pour la présidence de la région de Marrakech-Safi. L’ancien ministre de l’Education nationale qui avait disparu de la circulation après le 20 février, s’était même rangé de toute activité politique avant de sortir de nulle part pour briguer sans aucun concurrent la présidence de l’une des plus grandes régions du royaume. C’est le cas aussi du secrétaire général de l’Istiqlal Hamid Chabat qui se présente à la présidence de la région de Fès-Meknès, et cela malgré sa cuisante défaite dans son fief de Fès ou il a perdu la mairie. De même pour le secrétaire général du PAM, clairement rejeté par la population dans sa ville natale de Mohammedia et qui ambitionne de prendre la tête de la région du grand Casablanca-Settat.
L’autre raison se trouve dans la position incompréhensible du RNI, qui même s’il est partie prenante de la majorité gouvernementale, n’a pas manqué de mettre les bâtons dans les roues du PJD pour l’empêcher de constituer des majorités homogènes pour gérer les villes où les islamistes sont arrivés largement en tête.
Dans tous les cas de figure et quel que soit l’aboutissement du processus de la constitution des majorités des conseils de villes et des régions, il est clair qu’une époque est révolue. Celle où l’on pouvait croire que le peuple peut être mis sous tutelle.
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