Radicalisations manière de voir » #151, février - mars 2017

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Drianke

اللهم إفتح لنا أبواب الخير وأرزقنا من حيت لا نحتسب
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Dans la chaleur de l’été californien de 1964, un candidat républicain à la présidence des États-Unis, aussi dingue et débridé que le sera M. Donald Trump, prononce à la convention de son parti un discours fameux contre la bien-pensance démocrate qu’il juge hégémonique — et qu’il entend détruire : « L’extrémisme dans la défense de la liberté n’est pas un vice, tonne Barry Goldwater. Et la modération dans la quête de la justice n’est pas une vertu. » Le père spirituel du néoconservatisme sera écrasé par Lyndon Johnson (1), mais Malcolm X reprend aussitôt la phrase à son compte pour justifier l’usage de « tous les moyens nécessaires » à la cause de l’émancipation des Noirs. En Afrique, en Asie, la décolonisation bat son plein. Et la radicalité va de soi : c’est le sursaut de l’opprimé pris dans les mâchoires d’un pouvoir qui a forclos toute autre issue.

En 2017, parmi les appellations piégées qui ruinent le langage et rongent la pensée, celle de « radicalisation » occupe sur le plateau du Scrabble idéologique la case du mot compte triple. C’est d’abord, depuis le 11 septembre 2001 jusqu’à la vague actuelle d’attentats djihadistes qui endeuille la planète, l’expression d’une capitulation intellectuelle. Celle de chercheurs et de journalistes qui se résignent à ne plus expliquer « pourquoi » afin de ne pas paraître excuser. Rien ne sert de comprendre quand on peut châtier : que cette pensée d’Inquisition arme les défenseurs patentés du savoir et des Lumières contre l’obscurantisme salafiste suggère que ce dernier a déjà marqué des points.

Par temps de confusion prospèrent les notions confuses.......................


https://www.monde-diplomatique.fr/mav/151/RIMBERT/57056
 
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