Après la mort de Rémi Fraisse le pouvoir mis en cause
La réaction trop tardive du gouvernement face à ce drame suscite les critiques les plus vives à gauche et affaiblit un peu plus l’exécutif.
La piste d'une grenade offensive
Suscitant une émotion considérable depuis lundi (lire ci-dessous) le décès de Rémi Fraisse, la veille à Sivens (Tarn) sur le site d'un projet de barrage très contesté, a pris hier la tournure d'une crise politique.
" On ne construit pas un barrage sur un mort "
Les déclarations malvenues d'un cacique socialiste local, promoteur du barrage, n'ont pas apaisé les esprits (lire par ailleurs). Mais la veille même, tandis que les manifestations de soutien se multipliaient du Nord au Midi, José Bové avait mis en cause les modalités d'intervention des forces de l'ordre.
L'eurodéputé reproche explicitement au ministre de l'Intérieur d'avoir « posté des gendarmes autour d'une zone dévastée dans le seul but de créer de la tension ». Cette première salve en annonçait d'autres. Elles ont fusé des rangs écologistes dès les premières heures de la matinée hier, contraignant l'exécutif à de tardives et tièdes réactions.
Très offensive et semblant sincèrement indignée, Cécile Duflot (EELV) a déploré le trop long silence de Paris depuis le drame de Sivens dont elle fait « une tache indélébile pour l'actuel gouvernement ». « Depuis 1977 il n'y a pas eu de mort dans une manif écologiste et depuis 1986 et l'affaire Malik Oussekine, il n'y avait plus eu de mort dans une manifestation en France », a voulu rappeler l'ex-ministre du Logement, clairement opposante désormais.
C'est évidemment la ligne de Noël Mamère. Adossé à une formule volontairement provocante, « on ne construit pas un barrage sur un cadavre », le député-maire écologiste (non inscrit) de Bègles réclame l'abandon du projet de barrage et, accessoirement la démission du ministre de l'Intérieur. « En république, la démission est la seule façon pour le gouvernement d'assumer ses responsabilités », surenchérit à sa suite le Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon.
Ciblé de toutes parts, Bernard Cazeneuve dénonce « une instrumentalisation sans vergogne » de la mort du jeune militant. « Une enquête est en cours et toute la vérité sera faite », assure par ailleurs le responsable de la sécurité intérieure.
François Fillon, déplorant « un drame inacceptable », ne dit rien d'autre, mais n'exonère pas les Verts d'une certaine forme de responsabilité morale dans l'escalade du Tarn.
« Halte au feu ! » C'était le ton hier des communiqués successifs de l'Élysée puis de Matignon. Recommandant « la compassion » d'abord, le chef de l'État se porte garant de l'enquête amorcée. « Mesure, retenue, sens des responsabilités », Manuel Valls absout son ministre de l'Intérieur et déplore « des mises en cause et des propos excessifs ». Reste un mort, bien encombrant.....................
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