La réalité coloniale

Salam Aleykoum


Je tiens juste à partager avec vous quelques propos d'Aimé Césaire, ainsi que ceux d'autres auteurs, sur le crime absolu que fut la colonisation.

Je vous invite vivement à les lire car leur intérêt est formidable et permet de lever définitivement tout doute à celui ou celle percevant encore une certaine positivité (même très réduite) dans l'oeuvre coloniale.

Ces propos m'apparaissent être les plus adéquats qui soient pour caractériser ce passage sombre de notre histoire et permettent de répondre à moult remarques particulièrement déconnectées de la réalité de la brutalité qu'instaura la colonisation.
Ces propos me semblent donc d'une importance considérable et constituent, entre autres, une réponse parfaite à l'égard de ces personnes ayant un don, qui leur permet de voir quelques bienfaits dans l'oeuvre coloniale :


http://www.slate.fr/story/137717/crime-humanite-colonialisme
 
Dernière édition:
En effet, la barbarie nazi qui choqua tant (à juste titre) et continuent de choquer les consciences européennes n'est que le reflet (quelque soit son degré de similitude, peu importe) de celle qui fut endurée par les peuples inférieurs des pays du tiers-monde et ce durant un temps considérable :

«Et alors un beau jour, la bourgeoisie est réveillée par un formidable choc en retour: les gestapos s’affairent, les prisons s’emplissent, les tortionnaires inventent, raffinent, discutent autour des chevalets. On s’étonne, on s’indigne. On dit: «Comme c’est curieux! Mais, Bah! C’est le nazisme, ça passera!»
Et on attend, et on espère; et on se tait à soi-même la vérité, que c’est une barbarie, mais la barbarie suprême, celle qui couronne, celle qui résume la quotidienneté des barbaries; que c’est du nazisme, oui, mais qu’avant d’en être la victime, on en a été le complice; que ce nazisme-là, on l’a supporté avant de le subir, on l’a absous, on a fermé l’oeil là-dessus, on l’a légitimé, parce que, jusque-là, il ne s’était appliqué qu’à des peuples non européens; que ce nazisme là, on l’a cultivé, on en est responsable, et qu’il est sourd, qu’il perce, qu’il goutte, avant de l’engloutir dans ses eaux rougies de toutes les fissures de la civilisation occidentale et chrétienne.
Oui, il vaudrait la peine d’étudier, cliniquement, dans le détail, les démarches d’Hitler et de l’hitlérisme et de révéler au très distingué, très humaniste, très chrétien bourgeois du XXème siècle qu’il porte en lui un Hitler qui s’ignore, qu’Hitler l’habite, qu’Hitler est son démon, que s’il le vitupère, c’est par manque de logique, et qu’au fond, ce qu’il ne pardonne pas à Hitler, ce n’est pas le crime en soi, le crime contre l’homme, ce n’est que l’humiliation de l’homme en soi, c’est le crime contre l’homme blanc, et d’avoir appliqué à l’Europe des procédés colonialistes dont ne relevaient jusqu’ici que les Arabes d’Algérie, les coolies de l’Inde et les nègres d’Afrique.»
 
Dernière édition:
Le code de l’Indigénat, inauguré en Algérie, listait en 1880 les infractions suivantes, applicables aux seuls autochtones:

«Réunion sans autorisation, départ du territoire de la commune sans permis de voyage, acte irrespectueux, propos offensant vis-à-vis d’un agent de l’autorité même en dehors de ses fonctions»
 
Dernière édition:
Ce fut un crime contre l’humanité, avant même que le terme soit inventé. Apparu en droit après la deuxième guerre mondiale, cernant initialement le génocide juif, son acception a été étendue. Aux termes de l’article 212-1 du code pénal français, sont notamment constitutifs du crime contre l’humanité

«la réduction en esclavage»
, «la persécution de tout groupe ou de toute collectivité identifiable» ou «les actes de ségrégation commis dans le cadre d'un régime institutionnalisé d'oppression systématique et de domination d'un groupe racial sur tout autre groupe racial».

On a ici, exactement, ce qui encerclait les indigènes des colonies françaises.
 
Dernière édition:
Monsieur FN se permet de déclarer :

«Crimes contre l'humanité M.Macron les routes, les hôpitaux, la langue française, la culture française? Stop à cette repentance permanente!»


A lui aussi, Césaire avait répondu :

«On me parle de progrès, de "réalisations", de maladies guéries, de niveaux de vie élevés au-dessus d’eux-mêmes.

Moi, je parle de sociétés vidées d’elles-mêmes, des cultures piétinées, d’institutions minées, de terres confisquées, de religions assassinées, de magnificences artistiques anéanties, d’extraordinaires possibilités supprimées.

On me lance à la tête des faits, des statistiques, des kilométrages de routes, de canaux, de chemin de fer.

Moi, je parle de milliers d’hommes sacrifiés au Congo-Océan. Je parle de ceux qui, à l’heure où j’écris, sont en train de creuser à la main le port d’Abidjan. Je parle de millions d’hommes arrachés à leurs dieux, à leur terre, à leurs habitudes, à leur vie, à la danse, à la sagesse.

Je parle de millions d’hommes à qui on a inculqué savamment la peur, le complexe d’infériorité, le tremblement, l’agenouillement, le désespoir, le larbinisme.»
 
Voilà les conditions de réalisation de ces "bienfaits" que citent actuellement, pour minorer les responsabilités, des gens comme Monsieur FN concernant la colonisation :


«J'ai vu construire des chemins de fer; on rencontrait du matériel sur les chantiers. Ici, que du nègre! Le Nègre remplaçait la machine, le camion, la grue; pourquoi pas l'explosif aussi?...

Pour porter les barils de ciment de 103 kg, "les batignolles" n'avaient pour tout matériel qu'un bâton et la tête de deux Nègres! Epuisés, maltraités, loin de toute surveillance européenne, blessés, amaigris, désolés, les Nègres mouraient en masse (…) C’était la grande fonte des Nègres…! Les huit mille hommes promis aux Batignolles ne furent bientôt plus que cinq mille, puis quatre mille puis deux mille. Puis dix-sept cent! Il fallut remplacer les morts, recruter derechef. À ce moment, que se passa-t-il?

Ceci: dès qu’un Blanc se mettait en route, un même cri se répandait: "La machine!". Tous les nègres savaient que le Blanc venait chercher des hommes pour le chemin de fer; ils fuyaient. "Vous-mêmes, disaient-ils à nos missionnaires, vous nous avez appris qu’il ne fallait pas se suicider. Or, aller à la machine, c’est courir à la mort". Ils gagnaient les bois, les bords du Tchad, le Congo belge, l’Angola (…) Nous nous mettions à la poursuite des fugitifs. Nos tirailleurs les attrapaient au vol, au lasso, comme ils pouvaient! On en arriva aux représailles. Des villages entiers furent punis. (…) Il faut accepter le sacrifice de 6 à 8000 hommes, disait Monsieur Antonetti, ou renoncer au chemin de fer!"

Le sacrifice fut plus considérable. A ce jour, ce pendant il ne dépasse pas dix-sept mille. Et il ne nous reste plus que trois cent km de voie ferrée à construire!»
 
A combien de décès nouveaux la colonie devra-t-elle son bien-être futur ?

L'héritage "positif" de la colonisation se trouve constitué du sang de dizaines de milliers de vies humaines qui furent utilisées comme du bétail en vu de la réalisation d'ouvrages qui permettaient initialement de rendre plus efficient le projet colonial.
Est-il possible de citer ces réalisations en tant que "bienfaits" coloniaux ?


«Le chemin de fer Brazzaville-Océan est un effroyable consommateur de vies humaines. Voici Fort-Archambault tenu d’envoyer de nouveau mille Saras. Cette circonscription, est particulièrement mise à contribution pour la main-d’œuvre indigène. Les premiers contingents envoyés par elle ont eu beaucoup à souffrir, tant durant le trajet, à cause du mauvais aménagement des bateaux qui les transportaient, que sur les chantiers mêmes, où les difficultés de logement et surtout de ravitaillement ne semblent pas avoir été préalablement étudiées de manière satisfaisante. La mortalité a dépassé les prévisions les plus pessimistes. À combien de décès nouveaux la colonie devra-t-elle son bien-être futur?»

Toute cette histoire est arrivée.

De retour en France, Gide a alerté. Londres a embrayé. «L’esclavage, en Afrique, n’est aboli que dans les déclarations ministérielles d’Europe»,
 

Ahava

Bénis soient ceux qui doutent !
VIB
Sarko, Fillion, Le pen and co ne semblent rien connaître de l'histoire de ce cher pays qui est la France et
de ses bienfaits :

Voilà encore un récit de son héritage positif:

La colonne infernale de Voulet-Chanoine

En 1899, deux officiers français, Voulet et Chanoine, un capitaine et son lieutenant, partirent avec leurs hommes à la conquête du Tchad, au cœur de l’Afrique. Leur colonne infernale a laissé une longue traînée de sang à travers le Niger actuel, pillant et massacrant tout sur son passage. Le ministère des colonies tenta de les arrêter, mais à Paris l’affaire en resta là. L’opinion admettait fort bien que la soumission de l’Afrique s’accompagnât de telles tueries.

Articles publiés par Le Monde du 26 Septembre 1999.

https://campvolant.com/2014/04/07/la-colonne-infernale-de-voulet-chanoine/
 
Dernière édition:

Drianke

اللهم إفتح لنا أبواب الخير وأرزقنا من حيت لا نحتسب
Contributeur
Peaux noires masques blancs de Fanon la décrit très bien...d'ailleurs l'intro est une citation de Césaire

Je parle de millions d’hommes à qui on a inculqué savamment la peur, le complexe d’infériorité, le tremblement, l’agenouillement, le désespoir, le larbinisme.

@DKKRR,

Ils pensent qu'ils ont une Supériorité face aux autres ethnies.:confused:
Décidemment ils n'ont de Blanc que leur Peau. :npq:
 
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