Religion et reconnaissance sociale

Ebion

Ça a l'air que je suis l'esclave da partida
VIB
Bonjour :timide:

Voilà, je me questionne dernièrement sur la manière dont les gens s'identifient à une religion ou une autre, tout en ayant divers types de rapports avec les autorités ou leurs traditions.

Par exemple il y a des gens qui se disent catholiques sans croire en Dieu. Certains croient en Dieu, mais pas en la divinité du Christ, ou pas en la résurrection, ou pas en la Trinité, ou bien ils sont pas pratiquants et cela ne leur pose aucun problème de conscience. Et plusieurs ont des positions morales complètement opposées à celles des évêques et des papes (le magistère). Néanmoins, ils se sentent le droit de se nommer catholiques. L'étiquette de catholique joue chez eux un rôle identitaire ou traditionnel coupé des engagements théologiques, rituels et éthiques, mais néanmoins puissant émotionnellement.

J'ai entendu parler de bouddhistes qui ne croient pas en la renaissance, en dépit du fait que cette croyance a eu cours dans le bouddhisme depuis des milliers d'années.

Sur ce site, il y a des musulmans coranistes, auxquels s'opposent les sunnites, dans une lutte pour la reconnaissance et la légitimité.

Alors je me dis : les individus choisissent d'adhérer à une tradition religieuse (celle de leur famille par exemple), mais parfois ils contestent les pouvoirs religieux traditionnels, ou l'autorité de certains textes, ou du moins leurs interprétations reçues. Mais alors, ces personnes font face à des croyants qui se jugent plus orthodoxes, qui vont contester leur légitimité ou le bien-fondé de leurs interprétations théologiques ou morales. Dans certains cas, il peut s'agit d'interprétations inédites, ou bien de la réactivation à l'ère d'Internet d'anciennes « hérésies » que l'on croyait disparues.

Mais l'éternelle question, c'est : au nom de quoi, au nom de qui, quelqu'un peut-il décider qui est un « vrai » fidèle, ou s'il s'agit d'un hérétique ou un schismatique, ou un grand pécheur? La question finalement ne dépend-elle pas de rapports de pouvoir entre différents acteurs religieux, et de leur lutte pour être reconnus socialement, pour que leur prétention à la rectitude théologique soit reconnue par autant de personnes que possible? Mais qu'est-ce que le pouvoir dans un contexte religieux, si ce n'est un pouvoir qui repose sur la simple croyance et la confiance de certains groupes ou sous-groupes?

Si un mec inconnu s'autoproclame prophète, ou réformateur, ou Messie, ou apôtre, ou illuminé, son succès ou son échec dépendra de la réaction des gens, de sa reconnaissance par un groupe plus ou moins large, et plus ou moins durable dans le temps. Et cette éventuelle reconnaissance dépendra en partie de son milieu : ce qui était possible en Inde il y a 2500 ans ou en Israël il y a 2000 ne l'est pas forcément à Paris, à Tokyo ou à New York en 2020.

Donc finalement une identité religieuse, qui à première vue paraît être une question théologique ou transcendantale, se révèle avoir une dimension éminemment sociale et construite, et dépend beaucoup de choix que font des communautés de croyants ancrés dans un milieu situé dans l'espace et le temps (pour légitimer ou délégitimer tel autorité, telle position, telle tradition, etc.).

Parfois cette question d'une reconnaissance sociale a des répercussions jusqu'en psychiatrie : si le christianisme n'existait pas, et qu'il était inventé aujourd'hui, avec des récits miraculeux de naissance virginale, d'homme-Dieu, et de mort ressuscité, et de prédictions apocalyptiques pour la fin des temps, il est possible qu'un psychiatre mette en doute l'équilibre mental d'un « chrétien ». Mais comme le christianisme en réalité existe depuis 2000 ans et jouit d'une large reconnaissance sociale dans toutes les classes de la société, alors de telles croyances sont jugées parfaitement normales et en aucun cas pathologiques (et avec raison). Même les athées convaincus ne disent pas en général que les chrétiens ont des problèmes psychiatriques. Ils peuvent les traiter de naïfs, de sots, de crédules, etc., mais pas de « fous ».

Parfois également, c'est comme si la principale différence entre telle secte et une religion résidait principalement dans l'ancienneté et la taille de sa communauté. Par exemple on ne remet pas en question le statut du zoroastrisme ou du jaïnisme, mais on est très sceptiques et critiques de religions inventées au 20e siècle (scientologie, Raël, dévots de Krishna, etc.) Il y a un proverbe anglais qui dit que la sécurité est dans le nombre. C'est vrai pour les religions aussi, semble-t-il.
 

Ebion

Ça a l'air que je suis l'esclave da partida
VIB
C'est comme les mormons. Autrefois, le mormonisme était très méprisé dans la société américaine, surtout à ses débuts (dans les années 1830-1890). Les écarts de conduite sexuels de Joseph Smith et ses prétentions prophétiques grandioses étaient mal accueillies dans une société protestante conservatrice. Le fait pour l'Église mormone d'avoir permis la polygamie pendant 60 ans a longtemps nui à son image.

De nos jours cependant, alors que les mormons sont plus de 15 millions dans le monde et existent depuis 200 ans, cette religion est beaucoup plus intégrée socialement, et on la perçoit moins comme une « secte ». Les mormons ont même gagné une réputation de personnes très disciplinées, sobres, intègres moralement, dévouées à leur famille, et pieuses, autant de qualités très valorisés aux USA.
 

Ebion

Ça a l'air que je suis l'esclave da partida
VIB
En plus de tout ça, c'est quand même moins exigeant de croire en une religion quand on sait que des milliards de personnes sont d'accord avec nous.

Quant aux athées, ils peuvent se conforter dans l'idée que la plupart des scientifiques et intellectuels sont athées ou agnostiques.

Il y a d'autres religions, plus sectaires, qui ont pas un tel appui numérique, mais qui peuvent miser sur un sentiment d'élitisme ou d'élection divine parmi leurs adeptes (« on est pas beaucoup parce qu'on est spéciaux ») .
 
A

AncienMembre

Non connecté
on peut aussi remarquer globalement que plus le pays est développé, plus le relativisme religieux, la tolérance et l'éloignement du fondamentalisme croissent.
 
En plus de tout ça, c'est quand même moins exigeant de croire en une religion quand on sait que des milliards de personnes sont d'accord avec nous.

Quant aux athées, ils peuvent se conforter dans l'idée que la plupart des scientifiques et intellectuels sont athées ou agnostiques.

Il y a d'autres religions, plus sectaires, qui ont pas un tel appui numérique, mais qui peuvent miser sur un sentiment d'élitisme ou d'élection divine parmi leurs adeptes (« on est pas beaucoup parce qu'on est spéciaux ») .
Beaucoup de grands scientifiques sont croyants, il n y a qu'à lire leurs citations sur le sujet!
Seul ce qui n'est pas matière, ce qui n'est pas dans le temps et l'espace est à l'origine de la création qui comme tout le monde le sait a un début.
 

sansblague

Cent blagues
Bladinaute averti
Beaucoup de grands scientifiques sont croyants, il n y a qu'à lire leurs citations sur le sujet!
Seul ce qui n'est pas matière, ce qui n'est pas dans le temps et l'espace est à l'origine de la création qui comme tout le monde le sait a un début.
non personne ne sait si l'univers a un debut et puis il faudrait le prouver, de toute façon où est la preuve? Le big bang ne veut pas dire qu'il n'y a pas un avant big bang
 

sansblague

Cent blagues
Bladinaute averti
Si la théorie stipule que c'est le début.
L’application de la théorie des cordes à la cosmologie suggère que le Big Bang ne serait pas le début de l’Univers, mais l’aboutissement d’un état cosmique antérieur. Deux scénarios s’opposent sur la description de cet « avant ».
 
L’application de la théorie des cordes à la cosmologie suggère que le Big Bang ne serait pas le début de l’Univers, mais l’aboutissement d’un état cosmique antérieur. Deux scénarios s’opposent sur la description de cet « avant ».
Oui y a aussi la théorie M et d'autres encore plus farfelus les unes que les autres. Le BB lui a été observé et démontré!
 
Oui ce n'est plus son domaine mais c'est encore moins celui de la religion avec un dieu qui expliquerait tout et surtout couvrirait l'ignorance comme Zeus expliquait la foudre pour les grecs.
Le BB amène le temps donc user de l'adverbe avant n'a pas de sens. La matière et donc l'espace viennent avec le BB, c'est donc forcement ce qui n'est pas matière, qui est hors du temps et de l'espace qui crée l'existence.
 

sansblague

Cent blagues
Bladinaute averti
Le BB amène le temps donc user de l'adverbe avant n'a pas de sens. La matière et donc l'espace viennent avec le BB, c'est donc forcement ce qui n'est pas matière, qui est hors du temps et de l'espace qui crée l'existence.
Là tu es dans les affirmations farfelues ça n'a pas été demontré du tout, certains parlent de trou noir qui aurait créé notre univers, d'autres d'un univers qui se contracte et "explose" à l'infini etc ...
 

JuanTwo

Gentil Gawri
C'est bien écrit et intéressant, merci pour la lecture

Je me reconnais tel que tu décris le Catholique mais je revendique être de culture Chrétienne et croire en Dieu. La France a tellement eu de penseurs et philosophes critiques que ça laisse des traces, mais c'est quand même positif de retirer la Religion d'une démocratie. Un homme peut devenir assez intelligent et respecter son prochain sans suivre telle ou telle Religion

Je ne vois pas ma culture meilleure qu'une autre, bush et trump ont la main sur la Bible quand ils sont investis donc bon... La messe est dite

Il y a les mêmes hypocrites dans chaque Religion et tout autant chez les athées

Les intentions comptent, pas l'étiquette religieuse que les gens se donnent
 
@Ebion
Bonjour ^ ^
Je pense que l'auto identification en tant que chretiens, juif ou musulman ou autres, alors qu'on adhère pas vraiment aux principaux dogmes vient de plusieurs facteurs. D'abord, il y a le besoin d'appartenance, par peur inconsciemment d'être rejeté, par soucis de fidélité aux anciens, c'est d'ailleurs la rhetorique utilisé à l'époque coranique par les polythéistes qui préféré rester sur la voie de leurs ancetres même sans trop de conviction. Il y a aussi l'attachement émotionnel, je ne sais plus qui a dit que les sentiments qu'on a piur une religion peuvent être semblable à l'amour d'un proche. Alors la rejeté ou la laisser se faire critique peut provoquer un veritable chagrin.
 

Ebion

Ça a l'air que je suis l'esclave da partida
VIB
@Ebion
Bonjour ^ ^
Je pense que l'auto identification en tant que chretiens, juif ou musulman ou autres, alors qu'on adhère pas vraiment aux principaux dogmes vient de plusieurs facteurs. D'abord, il y a le besoin d'appartenance, par peur inconsciemment d'être rejeté, par soucis de fidélité aux anciens, c'est d'ailleurs la rhetorique utilisé à l'époque coranique par les polythéistes qui préféré rester sur la voie de leurs ancetres même sans trop de conviction. Il y a aussi l'attachement émotionnel, je ne sais plus qui a dit que les sentiments qu'on a piur une religion peuvent être semblable à l'amour d'un proche. Alors la rejeté ou la laisser se faire critique peut provoquer un veritable chagrin.

Bonjour oui en effet!

Et cela explique aussi pourquoi beaucoup de croyants encaissent mal les critiques qu’on fait à leur foi ou leurs prophètes.

Mais on trouve un phénomène un peu semblable chez les supporters d’équipes sportives, ce qui a fait dire à certains chercheurs que le sport pouvait être une sorte de religion, même en l’absence d’idées de puissances surnaturelles.
 
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