Remaniement - Rumeurs et remous autour de "l'hypothèse Allègre"

Déjà évoquée depuis le début du mandat de Nicolas Sarkozy, l'entrée au gouvernement de Claude Allègre est relancée à l'approche d'un remaniement attendu après les européennes.

Elle irrite fortement du côté des écologistes, où les thèses défendues par l'ex-ministre socialiste sur les OGM et le changement climatique ne passent pas.

Ce n'est qu'une hypothèse ; pourtant elle fait bouillonner les esprits, à droite comme à gauche, et suscite les réactions les plus tranchées. Claude Allègre pourrait-il faire son entrée au gouvernement ? L'intéressé assure ne rien savoir, et a démenti des "confidences" faites à Pierre Moscovici. Pourtant, fréquemment évoquée depuis le début du mandat de Nicolas Sarkozy, l'hypothèse est relancée à l'approche d'un remaniement attendu après les élections européennes du 7 juin. "Rumeurs", lancées par "des journalistes qui rêvent d'être romanciers", tonne Claude Allègre. Son entrée au gouvernement revêt néanmoins "une certaine vraisemblance", même si "ce n'est pas fait", reconnaît un proche du président. Quant au périmètre d'un futur ministère, "c'est encore moins fait", assure le même. Il relève néanmoins que Claude Allègre est intéressé par "la recherche et l'innovation", voire une sorte de "MITI à la française", du nom du ministère japonais de l'Economie, englobant commerce extérieur et industrie.

Mais la personnalité même de Claude Allègre et les idées qu'il défend en font une personnalité des plus "clivantes". Pour les associations écologistes en particulier, son arrivée au gouvernement constituerait une "incohérence" quelques mois avant le sommet mondial sur le climat, en décembre à Copenhague, et une "antithèse" du Grenelle de l'environnement. Dans un appel diffusé lundi sur le site Rue89, la fédération France Nature Environnement (qui regroupe 3000 associations) et Agir pour l'environnement, ont sonné la mobilisation en rappelant les positions du chercheur sur le changement climatique ou les OGM. "Après avoir longtemps nié la responsabilité humaine dans le dérèglement climatique, Claude Allègre s'est donné pour mission de vanter les mérites de la transgénèse appliquée à l'agriculture", ont écrit en jugeant que le scientifique "est devenu l'archétype du mammouth de l'écologie". Avant d'asséner : "Allègre ou Grenelle, pour nous il faut choisir".

"D'excellents esprits proches de l'UMP pourraient faire le job"

Du côté de l'UMP, l'ex-Premier ministre Alain Juppé reconnaît lui-même que "l'hypothèse Allègre" constituerait un "contre-signal formidable", alors qu'il "y a d'excellents esprits proches de l'UMP qui pourraient faire le job". Pour le maire de Bordeaux, "la personne de M. Allègre n'est pas en cause, mais ses thèses sont bien connues : pour lui le réchauffement climatique n'est pas dû à l'activité humaine. Il est quasiment le seul à penser cela".

Nettement plus favorable, Xavier Bertrand vante la "liberté de ton" et les qualités de "réformateur" de l'ancien ministre socialiste. "Moi, je crois à l'ouverture parce qu'il est important qu'un gouvernement puisse aussi ressembler à la société française", a déclaré sur France Info le secrétaire général de l'UMP, en jugeant que Claude Allègre a "un profil intéressant pour la vie politique française", même si "il est certain que ça dérange beaucoup de socialistes".

Pour conclure en laissant ouverts tous les champs du possible, Luc Chatel a souligné pour sa part que la décision de faire entrer au gouvernement l'ancien ministre socialiste "n'est pas prise", mais que l'ouverture de l'équipe gouvernementale à des personnalités n'appartenant pas à la majorité "doit continuer".

tf1
 
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