Rencontre avec noureddine saïl, mémoire vivante du cinéma marocain rencontre avec noureddine saïl, m

Drianke

اللهم إفتح لنا أبواب الخير وأرزقنا من حيت لا نحتسب
Contributeur
Président de la Fondation du festival du cinéma africain de Khouribga qui fête ces jours-ci ses 40 ans d’existence, cet ancien prof de philo a marqué plusieurs générations de cinéphiles. Rencontre.

A vieux journaliste, vieux prof de philo et demi. On ne la lui fait pas. Ce ne sera pas nous qui mènerons le débat. Noureddine Saïl écoute nos questions avec concentration. Sans pour autant en éluder aucune, il nous amène, par la seule force d’une dialectique extrêmement maîtrisée, vers le propos qui est le sien. Nous écoutons avec passion la mémoire vivante du cinéma marocain qu’il est. Et, bien au-delà, l’intellectuel à l’esprit aiguisé. L’homme qui a vécu - aussi bien en tant qu’acteur qu’en tant qu’observateur - tant de Maroc successifs. Tout en restant le même. Constant et insaisissable à la fois. Il préfère la discussion à bâtons rompus au jeu des questions-réponses.“Faites cela à la manière indirecte. Je vous fais confiance.” Trop souvent, pris par la conversation, nous oublierons de prendre des notes. Tant mieux, nous garderons l’essentiel, plus exactement, ce qui nous aura marqués. Le temps d’un repas partagé.

La gauche d’abord…

Octobre 1968. Il est nommé professeur de philosophie au lycée Moulay Youssef à Rabat. Ses maîtres à penser sont Nietzsche et Spinoza. Du premier, il aime à citer : “Malheur à moi, qui suis nuance…” Et de soupirer : “Quand on a compris ça…” Comme de bien entendu, il est alors d’extrême-gauche. “Mes camarades et amis étaient Abdellatif Laâbi, Serfati et compagnie.” Mais il n’a aucune appétence pour la violence. “Faire exploser un cocktail Molotov à Ksar El Kébir ne m’a jamais semblé sensé”, plaisante-t-il à moitié. “Très vite, j’ai eu la conviction que le changement ne pouvait se faire qu’à travers l’action culturelle. Je le pense toujours.” En 1970, il gagne un concours et passe deux ans au Liban, travaillant dans le cadre d’un programme de l’Unesco, destiné aux réfugiés palestiniens. “C’était ça, mon idée du militantisme. J’ai beaucoup appris.”

Le cinéma ensuite

Mars 1973. Il cofonde la FNCCM (Fédération nationale des ciné-clubs du Maroc), dont il prend la tête durant une dizaine d’années. “C’était un levier puissant.” Était-il aisé de participer à faire aimer le cinéma hollywoodien, en pleine guerre froide, lorsqu’on était supposé avoir choisi l’autre camp ? “C’était tempête sous un crâne !”, reconnaît-il. “Bien sûr qu’il y avait des liens organiques entre la Fédération et les mouvements d’extrême-gauche marocains. Nous passions les classiques du cinéma soviétique. Nous avons fait découvrir le très riche cinéma sud-américain aux Marocains. Nous leur avons montré une autre facette du cinéma égyptien avec les films de Youssef Chahine. Mais jamais personne n’a osé m’interdire de dire tout ce que le cinéma mondial devait à John Ford. Ils me connaissaient trop bien. Tout est dialectique. J’ai toujours cru au travail au long court. À l’investissement dans l’humain.”...................

http://telquel.ma/2017/09/26/rencontre-noureddine-sail-memoire-vivante-du-cinema-marocain_1562382
 
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