Et puis, là je te poste des extraits d'un article d'Histoire écrit par par
Henry Laurens .
Les premiers chefs du mouvement sioniste ont des relations plutôt bonnes avec les antisémites avoués, en tout cas en Europe de l’Ouest. Theodor Herzl fréquente à Paris des antisémites notoires, tandis que Chaim Weizmann joue constamment sur l’antisémitisme. Ainsi, lors de son premier entretien avec
Lord Balfour, en décembre 1914 (avant que celui-ci entre au gouvernement britannique), il se déclare d’accord avec bien des points de vue des antisémites allemands : la tragédie est que les juifs allemands abandonnent le judaïsme sans être reconnus comme vraiment Allemands par les autres Allemands. Durant toute son action politique, y compris dans les années 1920, il évoque le côté destructeur du judaïsme que seul le sionisme peut remettre sur la bonne voie.
Dans les premières décennies du mandat britannique sur la Palestine, les bâtisseurs du
« foyer national juif » se heurtent à des difficultés presque insurmontables. L’émigration juive est conditionnée aux moyens financiers et ceux-ci sont insuffisants. On est fort loin de pouvoir espérer un jour constituer une majorité juive à même d’établir son État sur le pays. En 1929, la création de l’Agence juive qui associe au projet les juifs non sionistes permet d’espérer une amélioration de la situation financière, mais la crise mondiale entraîne plutôt un affaiblissement des contributions de la diaspora.
En ce qui concerne l’assimilation, dans les années qui précèdent 1933, la proportion de mariages avec des conjoints non juifs était supérieure à 33 %, plusieurs fois celle des juifs français « républicains » de la même période. Ceci combiné avec une faible natalité explique une stagnation, voire une diminution de la population juive par rapport aux dernières décennies du XIXe siècle (autour de 500 000 personnes). L’arrivée des juifs dit « étrangers » a compensé en partie ce déclin, mais on pouvait s’inquiéter du risque de voir la communauté juive disparaître par assimilation. Autour de 1930, on comptait approximativement une quarantaine de milliers de juifs convertis au christianisme et une centaine de milliers « d’étrangers ».
Depuis plusieurs décennies, les institutions communautaires combattent l’antisémitisme de différentes façons, tandis que les sionistes très minoritaires s’en abstiennent en concentrant l’essentiel de leur action sur l’émigration en Palestine, avec relativement peu d’effets (entre 1920 et 1932, 42 000 juifs quittent l’Allemagne dont seulement 3 000 pour la Palestine).
https://orientxxi.info/magazine/un-...-mouvement-sioniste-et-l-allemagne-nazie,2916