DEPIGMENTATION, « AUTO RACISME » ET PERTE DE REPERES IDENTITAIRES.
Les questions de couleurs de la peau sont encore d'actualité. Communément appelée «Bodjou » au Bénin, « Dorot » au Niger, « Maquillage » au Congo, « Décapage » au Cameroun, « Xessal » au Sénégal, etc., la dépigmentation est plus qu’un problème esthétique.
En effet, de nombreux facteurs peuvent justifier ce phénomène. D'abord, la littérature scientifique nous apprend que les individus qui emploient des crèmes éclaircissantes le font pour des raisons esthétiques et non pas en raison d'un désir de blancheur (M'Bemba-Ndoumba, 2004). Les concepts de complexe d'infériorité et du colonisé peuvent expliquer ce phénomène (Fanon, 1952). En effet, les Noirs auraient normalisé les préjugés de race et de couleur promus par les Blancs au fil du temps car le Noir reste toujours emprisonné dans des catégorisations raciales et ne peut espérer en sortir qu'en transformant son apparence corporelle.
Pourquoi et pour quelles raisons sommes-noirs ? Serait-ce du hasard ?
Le « pourquoi » est pratiquement connu de tous, la Mélanine. Mais le « pour quelles raisons » est relatif et la réponse pourrait paraître mystique. Une erreur serait de penser que la fonction de la mélanine serait de donner une coloration esthétique à la peau. Néanmoins la couleur de la peau due à la mélanine nous identifie culturellement et donc se dépigmenter serait de gommer consciemment ou inconsciemment ses origines culturelles.
En effet, les mélanocytes sont des cellules responsable de la pigmentation de la peau par la sécrétion de mélanine (polymère dérivé d’un acide aminé, tyrosine) et sont localisées dans l'épiderme ou le derme. Les mélanocytes sont situés soit entre les kératinocytes (cellules constituant la plus grande partie de l'épiderme), soit dans les follicules pileux (petites structures en forme de sac entourant la base des poils).
Ils sécrètent la mélanine, le pigment de la peau, sous forme de petits grains appelés mélanosomes. Ceux-ci sont ensuite transférés dans les kératinocytes voisins ; on appelle unité épidermique de mélanisation l'ensemble constitué par un mélanocyte et par les dizaines de kératinocytes qui en dépendent. La quantité de mélanine secrétée dépend da la latitude et donc la couleur de la peau diffère selon la latitude, c’est à dire selon l'intensité des rayons ultraviolets : les individus qui vivent en basses latitudes (reçoivent plus de rayons ultraviolets) ont pigmentation foncée, pendant que ceux qui vivent en hautes latitudes (reçoivent moins de rayons ultraviolets) ont une pigmentation claire.
Donc, la fonction la plus importante de la mélanine n'est pas d’apporter une coloration esthétique ou caractéristique à l'épiderme, mais protéger les profondes couches de la peau des effets nocifs des radiations ultraviolettes (UV) du soleil. L’effet protecteur de la mélanine consiste à absorber les radiations (UV) et les dissiper en forme de chaleur.
Quelles sont les vraies origines de la dépigmentation ?
Dans la société coloniale, la hiérarchisation de la société se basait sur le lignage survalorisé du Blanc et dévalorisé du Noir (Labelle, 1987). La colonisation favorisa la hiérarchisation de la société selon la suprématie des Blancs sur les Noirs. L'esclavage émerge comme l'élément précurseur d'inégalités de race entre les Blancs et les Noirs, basées sur les caractéristiques physiques.
La période coloniale associe les Noirs à la servitude et à l'esclavage. Par exemple dans les Antilles, les esclaves au teint clair jouissent d'un statut socio-économique supérieur à celui des esclaves noirs. Les périodes coloniale et esclavagiste alimentent ainsi les préjugés de race qui resteront ancrés dans les mémoires. Le système juridique mis en place dans les Antilles alimente aussi les inégalités basées sur la race (Bonniol, 1992). Ainsi, les discriminations raciales envers les Noirs avantagent les individus à la peau claire qui les précèdent dans la hiérarchie sociale. Les unions matrimoniales de même race seront alors privilégiées afin de maintenir l'hégémonie des Blancs. La gestion des rapports sociaux alimentera ainsi les préjugés de race (Bonniol, 2007).
Le blanchiment de l'apparence résulterait du désir des Noirs d'avoir des caractéristiques physiques s'apparentant aux Blancs (Hunter, 2005)..................
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