Le sheikh soufi Muhammad Tahir Ul-Qadri organise une manifestation au Pakistan

Au Pakistan, une grande marche de protestation a pris la route de la capitale, Islamabad, menée par un chef religieux influent qui réclame des réformes urgentes en faveur de la démocratie. Tahir-ul-Qadri reproche au gouvernement d’être corrompu et incapable d’assurer à la population pakistanaise des élections libres et transparentes pour le prochain scrutin prévu au printemps.

A la tête d’une importante organisation religieuse réputée modérée, Tahir-ul-Qadri a promis de faire de cette marche la «place Tahrir» pakistanaise. Ses milliers de supporters, partis ce dimanche 13 janvier de Lahore, près de la frontière avec l’Inde, compte rallier Islamabad pour y établir un sit-in devant le Parlement.

RFI


Muhammad Tahir ul-Qadri, hostile aux talibans, a lancé ce dimanche sa «révolution pacifique» au Pakistan en marchant sur Islamabad, et ce, alors que s’approche des élections importantes.

Après des années passées à Toronto, Muhammad Tahir ul-Qadri, qui a la double citoyenneté canadienne et pakistanaise, est rentré juste avant Noël dans son pays d’origine. Il a immédiatement appelé à une mobilisation digne de la «Place Tahrir», symbole du «printemps arabe égyptien» de 2011, à partir de lundi 14 dans la capitale.

Il réclame des réformes rapides qui puissent permettre aux élections nationales prévues au printemps d’être «transparentes» et de donner plus de pouvoir aux classes inférieures.

Au siège de son organisation du Minhaj ul-Quran (Le chemin du Coran) à Lahore, un mouvement qui a plus de 500 madrassas (écoles coraniques) au Pakistan et des antennes dans «plus de 90 pays», le leader musulman lance: «Le gouvernement n’a offert que du terrorisme et de la corruption».

Dimanche, plusieurs milliers de ses partisans ont quitté Lahore avec la ferme intention d’atteindre Islamabad, située à plus 400 km de route, où ils comptent entamer lundi un sit-in jusqu’à ce que le gouvernement cède.


Qui est Tahir ul-Qadri?

Docteur en droit islamique originaire de la ville de Jhang, Tahir ul-Qadri avait fondé un petit parti politique à la fin des années 1980.

Élu député en 2002 sous le gouvernement militaire de Pervez Musharraf, il avait démissionné deux ans plus tard avec fracas et pris la route du Canada, où vit une importante diaspora pakistanaise. Il a depuis sillonné le monde, invité notamment au Forum économique mondial de Davos (Suisse).

Orateur de talent, ce leader issue de la confrérie musulmane des Barelvis, la plus importante du Pakistan, réputée pour sa tolérance, est l’auteur d’un édit (fatwa) de 600 pages jugeant non-islamiques les attentats suicide, arme de prédilection des talibans, et incarne pour certains «l’islam des lumières».

Le 23 décembre 2012, trois jours après son retour au pays, il réunit plus de 100 000 personnes à Lahore, où il dénonce les deux principaux partis, le Parti du peuple pakistanais du président Asif Ali Zardari, et la Ligue musulmane de Nawaz Sharif.

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