«le sionisme s'est enraciné au cœur du pouvoir français»

«Le sionisme s'est enraciné au cœur du pouvoir français»
Les Palestiniens comme les Israéliens honnêtes et lucides estiment qu'il est absurde de ne pas trouver une solution juste à la question palestinienne. Ils admettent que les Israéliens qui réclament la paix avec les Palestiniens et qui souhaitent un Etat pour les Palestiniens ne sont ni écoutés ni entendus. De l'autre côté, les Palestiniens qui font des concessions pour obtenir un Etat et la paix a
Charles Onana à Algeriepatriotique :



Article | 19. février 2016 - 3:51


Charles Onana : «La question du sionisme provoque un certain malaise dans la société française». D. R.
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Avant la création de l’Etat d'Israël, d'éminentes personnalités françaises d'origine ou de confession juive deviennent, comme Léon Blum ou André Blumel, à la fois responsable politique ou haut représentant du gouvernement et représentant officiel du mouvement sioniste. Au moment de la création d'Israël, le ministre français des Affaires étrangères, Robert Schuman, qui sera plus tard l'un des fondateurs de l'Europe, militant sioniste, est celui qui va œuvrer à la reconnaissance d’Israël et va lui-même reconnaître Israël au nom de la France le 24 janvier 1949.
Lorsque le général De Gaulle arrive au pouvoir en 1958, les sionistes sont déjà bien représentés au cœur du pouvoir et n'hésitent pas à s'opposer vigoureusement à ses décisions pour satisfaire Israël. Depuis cette période, il est très difficile que la classe politique française – à droite comme à gauche – prenne, au plus haut niveau, des positions qui peuvent contrarier la politique d'Israël en Palestine.
De Gaulle et Mitterrand ont-ils œuvré à limiter l’influence du mouvement sioniste sur la France ?
Chacun a essayé, à sa façon, de retrouver une certaine indépendance par rapport à Israël dans la conduite de la politique étrangère de la France au Proche-Orient. Ils se sont heurtés systématiquement à l'opposition et aux pressions des militants sionistes ou pro-israéliens. De Gaulle a échoué dans son refus de livrer la bombe atomique à Israël et Mitterrand a échoué dans sa volonté de réaliser la paix entre Israéliens et Palestiniens.
Pourquoi ont-ils échoué ?
Leur échec n'est pas nécessairement dû au fait qu'ils avaient adopté une mauvaise méthode ou que leurs intentions n'étaient pas louables. Ils ont échoué parce que les dirigeants israéliens et leurs réseaux français n'ont jamais facilité la tâche ni au général De Gaulle ni à François Mitterrand. Apparemment, il faut, soit se soumettre à la vision des dirigeants israéliens, soit s'abstenir de toute initiative qui ne reçoit pas au préalable leur aval. C'est-à-dire que tout dirigeant français qui accepte, sans sourciller, ce que veut Israël comme le faisait Guy Mollet dans les années 1950, est apprécié à Tel-Aviv et dans les médias français. Si, au contraire, il se montre prudent, réservé, voire critique, il sera d'office suspecté, malmené et quelquefois détesté.
Interview réalisée par Mohamed El-Ghazi
Charles Onana est un journaliste d'enquête et essayiste franco-camerounais. Il est l’auteur de nombreux ouvrages sur le génocide rwandais, le rôle des tirailleurs africains et maghrébins dans les rangs de l’armée française durant la Seconde Guerre mondiale, le racisme en France, etc.
https://blogs.mediapart.fr/saad-edd...me-sest-enracine-au-coeur-du-pouvoir-francais
 
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