Les siwis ne sont pas les seuls amazighs en egypte

amsawad

Tayri nem tuder g-ul inu
On a toujours pensé que l'oasis de Siwa en Egypte était l'endroit le plus à l'Est où on parlait encore l'Amazigh, mais il semble que non, il y a une autre localité encore plus à l'Est où la langue parlée par ces habitants est l'Amazigh , rappelons que dans aucune étude, même récente, il n'a été relevé que la population d'Oum Al Saghir était des locuteurs du Tamazight, c'est donc une nouvelle magistrale cette découverte.

"Les premiers habitants du village d’Oum Al-Saghir sont venus de l’ouest de l’Afrique du Nord il y a 12 000 ans. [......] Portant son costume traditionnel, une djellaba et un turban blanc, le cheikh Aboul-Qassem n’arrive pas à s’exprimer en arabe. Comme 90 % des habitants du village, il parle le tamazight, langue berbère, utilisée par la tribu et les habitants qui sont venus de différents pays."

http://hebdo.ahram.org.eg/NewsContent/0/7/133/4609/Oum-AlSaghir,-une-oasis-du-temps-passé.aspx
 
3fak:cool:, je me permet de remettre l'article ici car parfois au bout d'un temps les liens ne fonctionne plus.


Oum Al-Saghir, une oasis du temps passé

Au village isolé d'Oum Al-Saghir, à l’ouest de l’Egypte, les habitants souffrent de l'absence totale de moyens modernes de subsistance. Visite de cette oasis, au rythme d'une époque très ancienne.

« Et voilà ! Plus de réseau, les portables ne fonctionnent plus. Maintenant, on est isolé. On ne peut plus contacter personne », dit-on dans le 4x4. A 25 km de la destination, à un café très modeste à Bir Al-Noss, les réseaux de téléphone portable ne fonctionnent plus. Tout le monde a compris qu’il ne reste que quelques kilomètres à parcourir avant d’arriver à l’oasis Al-Gara ou Oum Al-Saghir (nom de la tribu qui y réside), située à l’ouest de l’Egypte, à environ 350 km au sud de Marsa Matrouh et à plus de 870 km du Caire.


Un sentiment d’angoisse apparaît avec cette impression que personne ne sera là en cas de besoin ou de danger. Un isolement total durant quelques heures, le temps de parcourir le village de long en large. Comment ces 567 personnes qui habitent à Oum Al-Saghir mènent-elles cette vie en retrait du reste du monde ?

Voulant régler le problème de communication en 2008, le gouvernorat de Matrouh a fourni une seule ligne de téléphone avec un seul numéro : le 06 7520 0050, installé à l’intérieur d’un centre culturel très modeste. Tous ceux qui veulent passer un coup de fil s’y rendaient pour 75 piastres la minute que ce soit pour le fixe ou le cellulaire. Et ce n’est pas le seul problème : une femme ne peut sortir seule de chez elle. La tribu Al-Gara est très conservatrice. Il est rare de voir des femmes marcher dans les rues et, si par hasard on en croise une, on n’a pas le droit de l’aborder. Et elle ne doit parler à personne, encore moins à un étranger.


La femme d’Al-Gara doit être accompagnée dans tous ses déplacements par un homme, même s’il est plus jeune qu’elle. Durant notre visite à cette oasis qui a duré quelques heures, une seule femme a été perçue dans la rue, enveloppée de la tête au pied d’une «mélaya », couleur bleu grisâtre et d’un morceau de tissu noir lui cachant tout le visage.

Les villageois de ce petit village d’Egypte d’une superficie de 65 km2 mènent une vie très primitive. Pas d’électricité, pas d’ordinateurs. Ils n’ont jamais entendu parler de réseaux sociaux : Facebook ou Twitter. La plupart d’entre eux, surtout les plus âgés ou ceux qui ont dépassé la quarantaine, méconnaissent tout ce qui se passe hors de leur petit monde. Privés de technologies modernes, ils n’ont pu suivre les nouvelles des deux révolutions : 25 janvier 2011 et la destitution de Moubarak ; 30 juin 2013 et la chute de Morsi. Et aucun habitant n’a participé aux élections.

Am Chéhata, producteur d’olives et de dattes, principale culture dans cette oasis, a entendu parler des manifestations et des sit-in. A chaque fois qu’il visite ses beaux-parents à Siwa, il en profite pour regarder la télé. « Je ne veux pas être au courant. Je veux vivre en paix avec ma petite famille au village, sans stress ni peur. On a besoin d’une certaine stabilité », précise-t-il. Les villageois sont satisfaits de la vie qu’ils mènent dans ce village. C’est l’endroit où ils sont nés et où ils ont passé la plus grande partie de leur vie. Pour eux, Al-Gara est leur paradis.

En vérité, tout le long de la route Matrouh/Al-Gara, depuis Bir Al-Noss en passant par le village Abou-Chrouf, il existe 6 points de contrôle militaire qui vérifient minutieusement les camions et les véhicules particuliers.

L’oasis Al-Gara est un village isolé. Avant de s’y rendre, il faut obtenir une permission du Service des renseignements généraux. Pour cela, il faut présenter sa carte d’identité, son permis de conduire et les documents du véhicule aux forces de l’ordre de Siwa. Cela prend 2 jours pour obtenir cette autorisation. « Il faut avoir cette autorisation car c’est une région située dans le désert Occidental de l’Egypte, dans le gouvernorat de Marsa Matrouh et à la frontière avec la Libye. Au cours de la révolution du 25 janvier et les 3 années qui ont suivi cette révolution, les forces de l’ordre ont confisqué de grandes quantités d’armes acheminées à travers les frontières égypto-libyennes et dont fait partie l’oasis Al-Gara », affirme Mohamad Bakr, président de l’unité locale du village.

Un symbole de l’unité africaine


L’oasis Al-Gara est un symbole exemplaire de l’unité africaine. Elle est nichée dans une dépression au milieu du désert, à environ 18 m au-dessous du niveau de la mer.

Une beauté naturelle rare, une propreté incomparable, la douceur du climat sain et sec a fait de l’oasis Al-Gara un site digne d’être protégé. Le village n’est qu’une immense tache verte entourée de dunes de sable. Des milliers de palmiers et d’oliviers cachent les maisons construites en torchis. Al-Gara n’est que nuances et contrastes. Dans les cours et sur les toits des maisons aux portes colorées, les dattes mises à sécher déploient leur palette. Beige et brun, violet et jaune, rouge et presque noir, juxtaposés en pointillés, elles sont exposées au soleil pour sécher. Plus loin, il y a encore du vert, des bidons d’huile d’olives empilés devant leurs petites maisons ainsi que des cageots de bois débordant d’oranges.

En quittant la Côte-Nord de l’Egypte et en s’enfonçant dans la route goudronnée dans le désert aride, on n’imagine pas découvrir cette beauté. Puis l’on se retrouve subitement devant une étonnante forteresse qui surplombe une colline. Autour, des maisons faites de « karshif », un mélange de terre et de sel. Le matin, on ouvre les yeux sur une immense palmeraie. Une verdure qui cache le désert. On pourrait se croire dans les régions berbères du sud du Maroc ou de l’Algérie.


Les premiers habitants du village d’Oum Al-Saghir sont venus de l’ouest de l’Afrique du Nord il y a 12 000 ans. Ils appartenaient à la tribu Oum Al-Saghir. Ils sont originaires d’Algérie, du Maroc, de Libye et de Mauritanie. Cette tribu a fui ces pays en raison de la sécheresse, des maladies, de la guerre et des catastrophes. Depuis les temps reculés, les berbères entretenaient des relations amicales et de mariage avec les Egyptiens. Leur premier chantier fut à l’époque la construction de la forteresse de Shali Ghadi, au centre de l’oasis, pour se protéger des attaques des nomades. «Mais avec le temps, le nombre d’habitants a commencé à augmenter. En 1975, les habitants ont dû descendre de la montagne Shali Ghadi pour construire leur propre village, autour de la montagne », se souvient le vieux cheikh Aboul-Qassem, âgé de 90 ans. Portant son costume traditionnel, une djellaba et un turban blanc, le cheikh Aboul-Qassem n’arrive pas à s’exprimer en arabe. Comme 90 % des habitants du village, il parle le tamazight, langue berbère, utilisée par la tribu et les habitants qui sont venus de différents pays.


 
Les enfants privés d’enseignement

Soudain, sa petite fille Fatma, de 15 ans, nous traduit les propos de son grand-père. Fatma, quant à elle, parle l’arabe, comme tous les enfants de son âge. Elle l’a apprise à l’école du village qu’elle a fréquentée jusqu’à l’âge de 12 ans. A présent, elle aide sa maman à la maison. A Oum Al-Saghir, il n’existe qu’une seule école primaire. « Je voudrais tellement poursuivre mes études. Je ne peux pas me rendre à Siwa ou à Matrouh », lance la petite. Ahamadine, un ancien chef du village, nous indique qu’il est très inquiet pour ces jeunes. « Cela me fait mal au coeur de voir des salles de classes vides. Les enseignants refusent de venir jusqu’ici. Ils disent que c’est trop loin. Nos enfants doivent aller jusqu’à Siwa ou Marsa Matrouh pour continuer leurs études. Cela explique pourquoi jusqu’à présent aucun enfant du village n’a pu passer le bac », regrette cet homme, qui a la quarantaine.

Au village d’Oum Al-Saghir, il n’existe qu’une seule classe d’alphabétisation et de récitation du Coran. C’est Mériem qui donne des cours aux enfants trois fois par semaine. « Je fais de grands efforts pour rassembler les enfants. La plupart d’entre eux refusent d’apprendre à lire et à écrire. Ils me disent : pourquoi apprendre l’alphabet pour ensuite ne pas avoir la chance de terminer nos études. Et puis, leurs mamans ne sont pas instruites, donc, personne ne peut les aider dans leurs révisions », note Mériem, qui a obtenu la sanawiya amma à Siwa. Mériem est instruite par rapport aux autres villageois. Avant de se marier, elle vivait avec ses parents à Siwa. «Puisque je suis maintenant mariée, je peux vivre ici avec ma belle-famille qui est originaire d’Al-Gara », ajoute-t-elle, en nous présentant du thé à la khamsina (du thé présenté avec une pâte feuilletée accompagnée de vieux fromage blanc de Siwa qu’on appelle mesh).

Absence de centre de santé



« On veut vivre en paix et stabilité », disent la plupart des citoyens.(Photo : Mohamad Abdou)

Dans cette oasis, il n’y a pas d’hôpital, pas même un petit dispensaire. Il n’y a qu’une seule ambulance qui ne parvient pas à satisfaire tout le monde. Pas même les problèmes de santé courants (angine, mal d’estomac ou coup de froid) dont la population a besoin, parce qu’elle est mal équipée.


« Plusieurs femmes courent le risque de mourir à la suite d’une grossesse ou d’un accouchement. Beaucoup d’enfants risquent de mourir durant le trajet en ambulance : il faut faire un trajet de 350 km pour arriver à l’hôpital général de Matrouh », se plaint Fathi, qui vient de perdre son épouse. Et ce n’est pas tout. La route n’est pas bitumée. Le trajet que l’on peut faire en 2 heures prend 6 heures et parfois plus. « Les habitants comptent sur les caravanes de l’hôpital central de Siwa qui leur rendent visite tous les 21 jours. D’autres caravanes viennent tous les mercredis et jeudis d’Alexandrie et de Matrouh », précise Saïd Abdel-Gawad, un habitant de l’oasis qui possède un camion et fait le parcours Al-Gara/Siwa ou Al-Gara/Matrouh, une fois par semaine pour s’approvisionner. « Heureusement, je conduis maintenant. On m’a raconté qu’autrefois, tous ces déplacements se faisaient à dos d’âne ou de dromadaire pour se rendre à Siwa ou à Matrouh. Ce trajet aller-retour prenait une semaine », dit Saïd Abdel-Gawad.

A Oum Al-Saghir, il n’y a aucun magasin, aucun vendeur de légumes et de fruits. « Il faut faire ce trajet éreintant pour acheter les denrées alimentaires nécessaires », affirme Mahdiya, qui parle en confectionnant un sac en paille, commerce utile pour la plupart des femmes qui les vendent aux touristes de Siwa ou aux clients de Matrouh.

Même le réseau d’électricité est faible au village.
« Les réfrigérateurs, les lave-linges et tous les appareils tombent en panne car l’électricité est coupée chaque jour. On est obligé de laver notre linge à la main », dit Fatma. Quant à la télévision, elle fonctionne à l’énergie solaire. « Mais on n’a pas la chance de la voir tout le temps car il n’existe qu’un seul téléviseur au centre culturel du village », ajoute-t-elle.

Pourtant, les villageois sont satisfaits de leur sort et ne cherchent pas à améliorer leurs conditions de vie. Dans l’oasis, l’air est saint, sans voitures, camions ou motos. Et un peu partout, on trouve des charrettes en bois tirées par des ânes, le seul moyen de transport à Al-Gara.


Les habitants d’Oum Al-Saghir vont puiser l’eau dans la source pour boire et irriguer leurs cultures. A Aïn Al-Qattara, on trouve trois sources d’eau qui alimentent les villageois. Mais tous se plaisent à dire : « C’est mieux de vivre à ce rythme-là ».

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