SNI: Le retrait de la famille royale consacré

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Coca intéressé par les cessions agroalimentaires?
Les deux grandes phases de l’implication royale dans l’économie

Le groupe SNI confirme des approches avec l’américain Coca, qui s’intéresse à Sothéma , la filiale spécialisée dans les eaux minérales avec deux marques, Sidi Harazem et Aïn Saïss. L’intérêt de Coca pourrait se porter au niveau de l’ensemble Centrale Laitière-Bimo-Sothéma. Rappelons que Coca a lancé une eau de table (ce qui est différent de l’eau minérale), Bon Aqua, avec un succès mitigé. On parle aussi de Pepsi, sans pourvoir déterminer s’il y a un vrai intérêt ou un «effet lièvre». De même, on ne sait pas ce que sera la réaction de Danone, partenaire historique de l’ensemble SNI.
Si l’union ONA-SNI espérait échapper à l’attention des rumeurs en se retirant de la Bourse, c’est manqué. L’absence de communication financière légale, pour la première fois depuis plus de vingt ans, ne calme donc pas l’attention à l’endroit du moins roturier des groupes marocains.
 
Un an après la fusion

Il y aura en effet un an la semaine prochaine que la fusion entre les deux holdings et le changement radical du positionnement du nouvel ensemble ont été décidés et annoncés dès le lendemain du conseil d’administration commun du 25 mars de l’année dernière (cf. L’Economiste des 24 et 26 mars 2010). C’est Jean Peyrelevade, président de Léonardo France et ex-patron de UAP et du Crédit Lyonnais, qui a signé l’attestation d’équité, veillant à ce que les actionnaires minoritaires ne soient pas spoliés dans la fusion. Il est un fait que l’opération n’a donné lieu à aucune contestation. Et fait rare, à aucune rumeur non plus. Financièrement, il s’agissait de supprimer un phénomène issu de l’histoire: la cotation à plusieurs étages, une pour la SNI, une pour l’ONA et encore une pour Lesieur ou Cosumar par exemple. Peyrelevade, (que l’on a entendu comme conférencier lors du dernier Forum de Paris-Casablanca round sur la question des risques financiers), avait confié aux lecteurs de L’Economiste, lors de l’opération ONA/SNI, qu’il y avait un mouvement international pour supprimer les cotations en cascades. Ces cascades sont les produits naturels de l’histoire des fusions (cf. www.leconomiste.com du 1er avril 2010).
Stratégiquement, le nouveau groupe d’où le sigle ONA a disparu veut revenir à son nom de baptême, c’est-à-dire l’investissement. C’était la promesse fort mal tenue quand fut créée la Société nationale d’investissement chargée de recueillir les fruits des nationalisations-marocanisations du tout début des années 1970. Avec ce positionnement dédié uniquement à l’investissement et les cessions, en bourse ou à des opérateurs, des principales filiales de la défunte ONA, le nouvel holding se retire de l’opérationnel. Politiquement, ce mouvement consacre le retrait de la famille royale de la scène des affaires. Ce retrait, conceptualisé en 2009, annoncé en 2010, est en cours d’exécution. Il rejoint depuis quelques mois le sentiment exprimé de plus en plus formellement de voir la famille royale moins impliquée dans les affaires. Historiquement, cette option prend le contre-pied de la politique lancée en 1984, avec la reprise par la famille royale de l’Omnium Nord Africain. Fouad Filali, gendre de Hassan II et fils d’Abdelatif Filali (ministre des Affaires étrangères puis Premier ministre), en devient le PDG en 1986.
Sa présence, jusqu’en 1999, marque bien l’attention politique portée à cette époque à la formation de groupes gérés de manière moderne, recherchant la valorisation financière, investissant dans de nouveaux secteurs, et appliquant à grande échelle des principes sociaux que peu de privés appliquaient à cette époque.
La stratégie avait d’ailleurs si bien fonctionné que moins de vingt ans plus tard, le monde des affaires marocain a vécu un extraordinaire bras de fer entre deux de ses plus grands groupes privés, l’ONA et FinancesCom, pour le contrôle de la… SNI, qu’ils avaient privatisée ensemble. Peut-être que des historiens considéreront un jour que cet épisode a été le début de la fin de la stratégie dans laquelle la famille royale devait s’impliquer directement pour pousser à une modernisation que la politique de l’Etat n’assurait plus depuis le crash de 1983. Qui sait?
 
Le grand retour de l’Etat

Toujours est-il que le milieu des années 2000 a vu remonter en puissance un Etat stratège, financièrement bien plus puissant que les groupes privés et capable de définir des stratégies public-privé qui tiennent la distance (tourisme, logistique, NIT, grands ports, automobile, énergie…).
Sans que l’on puisse dire qu’il y a une corrélation, il y a une concomitance entre la montée des critiques à l’endroit de la présence royale dans les affaires et la capacité de l’Etat à assurer à nouveau la polarisation de la stratégie économique. Progressivement, dans l’opinion, les inconvénients, ou plus exactement les risques potentiels (car il faut le reconnaître, aucun n’est avéré), de cette présence ont pris le pas sur ses avantages, en particulier le premier d’entre eux, qui est de montrer la confiance et le soutien de la famille royale au développement du pays

source : L'économiste.
 
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