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Soufisme : hommage à eva de vitray-meyerovitch (1909 / 1999)
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[QUOTE="Drianke, post: 15713668, member: 174325"] Lors d’une de ses dernières conférences donnée le 26 mai 1998 dans la ville de Konya, en Turquie, où repose Djalâl ed-dîn Rumi, saint soufi du 13ème siècle et fondateur de la confrérie des derviches tourneurs, Eva de Vitray-Meyerovitch déclara à l’auditoire : [B]« Je souhaiterais être enterrée à Konya pour rester jusqu’au jour du Jugement sous l’ombre de la bénédiction de Rûmi »[/B]. La traduction du persan au français de l’œuvre complète de Rûmi a contribué à faire connaître aux occidentaux et aux musulmans eux-mêmes la puissance intellectuelle et spirituelle d’un des hommes qui, au travers des siècles, a préservé et revivifié l’héritage spirituel du Prophète Muhammad. La relation quasi magique qu’entretenait Eva avec la langue persane explique le remarquable travail de traduction commentée qui permet au lecteur non seulement de comprendre, mais de « goûter » les sens profonds et subtils d’un texte de Rûmi.[B] « Souvent, disait-elle, quand on me prête un nouveau manuscrit et qu’il y a un mot douteux, je le rétablis. J’ai l’impression que je l’ai toujours su ».[/B] C’est avec la traduction du Mathnawî, l’œuvre monumentale de Rûmi, une somme spirituelle de cinquante et un mille vers et qui est sans conteste un chef d’œuvre de la littérature universelle, qu’Eva de Vitray-Meyerovitch révéla l’étendue de son talent. Le Mathnawî est tout à la fois :[B] « un livre de poésie, un commentaire général de la théologie islamique, une doctrine métaphysique, un exposé de la pensée et de la vision mystique, une étude approfondie de la psychologie et un document inégalé sur la psychologie sociale de son époque, l’enseignement d’un maître spirituel et une méthode pédagogique extrêmement subtile ».[/B] En 1954, après de nombreuses années d’études et de profonds questionnements, Eva décida d’embrasser la religion musulmane. Elle s’expliquait ainsi sur ce choix : « Pour moi la découverte de l’islam a été comme des retrouvailles ». Cette impression de « retrouvailles » n’a certainement été possible qu’au contact de la sainteté : lorsque notamment elle découvrit la poésie de Djalâl ed-Dîn Rûmi ou lorsqu’elle rencontra au Maroc son guide spirituel. En effet, si Rûmi lui avait fait entrevoir les trésors de l’islam, Eva chercha toute sa vie un maître spirituel vivant qui, selon la parole soufie, [B]« n’est pas celui duquel tu entends des beaux discours, mais celui dont la présence te transforme ». [/B]Les circonstances de la première rencontre d’Eva avec celui qui allait devenir son guide spirituel, [B]Sidi Hamza al-Qadiri Boudchich,[/B] rappellent la magie et la fulgurance de la rencontre entre Rûmi et son propre maître, Chams od-dîn de Tabriz, au cours de laquelle les mots échangés furent le vecteur d’une transmission directe de cœur à cœur. Lors d’un de ses séjours au Maroc, Eva, qui était déjà célèbre pour ses nombreux travaux sur Rûmi et la mystique soufie, avait pu être introduite chez ce maître qui avait accepté de la recevoir en privé. Dès qu’il vit celle qui cherchait si ardemment une guidance, Sidi Hamza dit :[B] « Rûmi est ici ! »[/B] en montrant du doigt l’emplacement de son propre cœur. Cette phrase et ce geste eurent un impact inattendu sur Eva qui s’effondra en larmes, saisie par un état spirituel irrépressible. Elle, qui était déjà une septuagénaire, qui avait tellement voyagé, qui avait connu bien des honneurs, qui avait acquis tant de connaissances, succombait spontanément à l’appel de son cœur pour ce maître qu’elle n’avait jamais rencontré auparavant. Eva de Vitray-Meyerovitch avait consacré toute sa vie de traductrice, d’érudite et de chercheuse à Rûmi et à son œuvre, mais, jusqu’à ses derniers jours, elle avait gardé intact son potentiel de disciple, c’est à dire cette pauvreté intérieure sans laquelle il n’y a pas de transformation véritable de l’être. Parmi les innombrables poèmes qu’Eva a traduit, elle aimait répéter un de ceux que Rûmi composa vers la fin de sa vie et qui résonne aujourd’hui avec un éclat si particulier : [I]« Notre mort, c’est nos noces avec l’éternité. Quel est son secret ? Dieu est un. Le soleil se divise en passant par les ouvertures de la maison ; Quand ces ouvertures sont fermées, la multiplicité disparaît. Cette multiplicité existe dans les grappes : Elle ne se trouve plus dans le suc qui sourd du raisin. Pour celui qui est vivant dans la lumière de Dieu, La mort de cette âme charnelle est un bienfait. A son sujet, ne dis ni mal ni bien, Car il est passé au-delà du bien et du mal. »[/I] [URL]http://www.soufisme.org/2.0/personnalites/evadevitray/le-dernier-voyage-deva-a-konya/[/URL] [/QUOTE]
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