Souveraineté alimentaire : pourquoi la France fait fausse route

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Souveraineté alimentaire : pourquoi la France fait fausse route​


Dans un rapport, l’association de développement international CCFD-Terre solidaire dénonce le dévoiement du concept de souveraineté alimentaire par les industriels et le gouvernement, basé sur un système agricole tourné vers l’export.

Deux visions irréconciliables de la souveraineté alimentaire. D’un côté, la définition historique des militants altermondialistes, reprise par l’ONU, et qui insiste sur le «droit» des peuples à une «nourriture saine […] produite par des méthodes écologiques et durables». De l’autre, celle qui est brandie depuis plusieurs années par les responsables politiques et agricoles français, vantant les exportations et leur ambition à «nourrir le monde».
Dénonçant un «détournement» de la souveraineté alimentaire, l’association de développement international CCFD-Terre solidaire publie, ce jeudi 26 juin, son premier «observatoire de la souveraineté alimentaire» pour démontrer les impacts économiques, sociaux et environnementaux des «interdépendances» entre la France et les pays du sud et «susciter une prise de conscience», explique Lorine Azoulai, chargée de plaidoyer pour l’association et co-autrice du rapport.

 
Alors que l’insécurité alimentaire dans le monde a connu un rebond depuis la pandémie de Covid et la guerre en Ukraine, «la souveraineté alimentaire a refait son entrée dans le débat public en étant souvent instrumentalisée au profit d’un modèle agro-industriel productiviste, tourné vers l’export», poursuit-elle. A rebours du concept originel qui prône une transition vers l’agroécologie, avec des productions diversifiées, et qui permet à chaque pays une autonomie agricole.

La valeur ajoutée reste dans les pays du Nord​

Premier constat, les pays les moins avancés (PMA) sont de plus en plus dépendants des importations, en particulier de céréales. Ce qui les fragilise encore plus face à la volatilité des prix agricoles mondiaux. Exemple au Sénégal, où la France occupe 12% de ses importations de produits agricoles, mais ce taux monte à 37% pour le blé et 65% pour les produits laitiers.
Deuxièmement, alors que la France exporte principalement des produits transformés, elle importe des produits bruts, comme le cacao, qui seront ensuite «transformés et commercialisés à un prix plus élevé». «Cette asymétrie, qui contribue à concentrer la valeur ajoutée dans les pays du Nord […], soulève des questions fondamentales sur la capacité des PMA à développer leurs moyens de transformation et à capter davantage de valeur», écrit le CCFD.

Mais ces échanges ont aussi un impact sur l’agriculture française, ultra-dépendante de quelques pays exportateurs ou importateurs. 67% des importations de tourteaux de soja, destinés à l’alimentation animale, proviennent du Brésil. Ce qui remet en cause l’autonomie de l’élevage français et engendre des impacts environnementaux et sociaux au Brésil, où la culture du soja contribue à la déforestation.
Ainsi, même si l’importation de produits contribuant à la déforestation sera interdite à compter du 31 décembre et que les importations de soja tendent à diminuer, une étude du ministère de la Transition écologique estime qu’en moyenne plus d’un million d’hectares par an ont été mobilisés pour les importations françaises de soja entre 2012 et 2021. C’est «l’équivalent de plus de 23 départements français pour nourrir nos élevages industriels», conclut le CCFD.
 

43% des terres françaises pour l’exportation​

Pour ses exportations, la France est aussi ultra dépendante du marché chinois, notamment pour les exportations de céréales, de produits laitiers et d’alcool. Or, quand la Chine, premier importateur mondial de denrées agricoles, limite ses importations pour relocaliser sa production, elle impacte les cours mondiaux. «En dix ans, nos exportations vers la Chine ont plus que doublé. Quand on se rend dépendant des politiques d’approvisionnement de pays tiers, on peut avoir des pics avec des situations extrêmement avantageuses, suivis de chutes des marchés où les agriculteurs se retrouvent en grande difficulté. Il faut s’affranchir de cette volatilité des cours mondiaux», expose Lorine Azoulai.
Au total, selon le cabinet de conseil Solagro, 43% de la surface agricole française est mobilisée pour les exportations. Mais cela profite à une minorité d’acteurs selon le CCFD, qui affirme que 10% des entreprises agroalimentaires françaises réalisent les deux tiers du chiffre d’affaires du secteur à l’export.

Concurrence déloyale et protectionnisme​

Surtout, le rapport consacre une longue étude de cas aux importations de tomates marocaines, revenues sur le devant de la scène à l’occasion des manifestations d’agriculteurs début 2024 et du Salon de l’agriculture, accusées de porter une concurrence déloyale aux producteurs français.
Légume le plus consommé en France, les importations de tomates marocaines ont augmenté de 46% en volume et 220% en valeur entre 2014 et 2024. Des pesticides interdits en France et en Europe peuvent être utilisés au Maroc. Au-delà des conséquences de cette culture intensive sur les ressources en eau, l’environnement et les conditions de travail des salariés au Maroc, l’exemple démontre «l’incohérence de la demande de protectionnisme à sens unique», relève Lorine Azoulai.

Appelant à un «changement de cap nécessaire», le CCFD développe alors plusieurs recommandations pour réguler le commerce agricole mondial (en créant notamment une «exception agricole [qui] permettrait de ne plus soumettre l’agriculture aux règles du libre-échange») : un «horizon à long terme», précise la chargée de plaidoyer. Et l’association de conclure dans un communiqué de presse : «Protéger ses frontières des importations tout en exportant massivement, ce n’est pas de la souveraineté alimentaire.»
 
J’ai beaucoup perdu en venant m’installer à Agadir.
En France je faisais mon potager je mangeais l’été des tomates que je ne trouve pas ici au Maroc.
La France est un pays riche, Si on ne prends pas une bombe sur la tronche ou un virus on pourra toujours vivre avec son potager: 400m2 tu nourris un famille toute l'année.
30% de la surface en patates.
Au Maroc pas d'eau l’exode rural,
J’ai traversé des villages proche d’Agadir ou tu entends pas un oiseau
La collapsologie ....faut se préparer
 
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