Stériliser les parents inaptes, vraiment?
MALTRAITANCE La justice peut-elle en arriver à imposer la stérilisation d'un individu incapable d'élever sa progéniture? L'idée resurgit mercredi dans les pages du quotidien flamand Het Laatste Nieuws, suite au cas que nous évoquions hier de ce père trentenaire de Koekelberg dont la fille de trois mois se trouve entre la vie et la mort après qu'il l'eut projetée au sol parce qu'elle pleurait. En 2008, l'homme en question avait déjà battu à mort son fils de six mois qui le dérangeait par ses pleurs.
"Le débat est délicat, mais je le pense toujours: il y a des cas où un juge doit pouvoir avoir la compétence de prendre une mesure si extrême", estime le médecin Patrick Vankrunkelsven. En 2005, alors qu'il était sénateur VLD, sa proposition de loi suggérant une réduction de peine pour les parents auteurs de maltraitance qui se feraient stériliser n'avait rien donné. "Un cas n'est pas l'autre et il faut se garder de généraliser. Mais les juges sont justement là pour ça. Pour la réflexion, à chaque fois", prolonge-t-il. Chez l'homme, "on pourrait prélever et congeler des échantillons de sperme, avant stérilisation. S'il se montre stable trois, quatre ou cinq ans et s'il gère ses problèmes, il pourrait encore utiliser ces échantillons. On a droit à une chance. A condition d'être bien suivi", détaille M. Vankrunkelsven, partisan d'une intervention la moins drastique possible et de préférence réversible.
À nouveau parents, avec des enfants placés
"Qui va définir la limite? A qui l'appliquer ou non?", s'interroge la députée Valerie Van Peel (N-VA), pour qui ce serait aller trop loin. "On ne peut pas conduire quelqu'un sous camisole jusqu'à l'hôpital et l'opérer contre son gré", insiste-t-elle. "On en a beaucoup débattu au sein du parti mais on s'est heurté à trop de problèmes", affirme la parlementaire. "En tant que présidente du CPAS de Kapellen, dans certains dossiers, je donne la consigne claire à mes assistantes sociales d'entamer le dialogue sur la contraception", admet-elle cependant. "Je ne connais pas le dossier de Koekelberg et je ne dis pas que quelqu'un a commis une faute. Mais est-ce que quelqu'un a accompagné cet homme, après la première fois? Est-ce qu'on lui a parlé de contraception? En tant que présidente de CPAS, je rencontre souvent des dossiers où je pense: 'Cette personne ne pourrait plus avoir d'enfant'. Il y a des mères et des pères qui ont déjà plusieurs enfants placés et qui en font d'autres", rapporte Mme Van Peel.
État totalitaire
"C'est un droit fondamental de l'être humain de pouvoir se reproduire. Est-ce qu'une autorité peut s'en mêler?", lance Patrick Loobuyck, philosophe attaché à l'université d'Anvers. "On peut se dire: 'Non, car on crée alors un Etat totalitaire' (...) D'un autre côté, pour chaque droit fondamental, la réflexion doit se faire sur base d'autres intérêts (...) L'autorité peut-elle agir? Oui, mais seulement dans des cas très extrêmes", nuance-t-il, soulignant qu'une intervention ne devrait être que l'ultime remède. "Le mieux, c'est de parler aux gens. Les laisser déduire d'eux-mêmes qu'il serait mieux qu'ils n'aient plus d'enfants. Les stimuler. Jusqu'à ce qu'ils décident que la stérilisation est peut-être la meilleure option", conclut le philosophe.
MALTRAITANCE La justice peut-elle en arriver à imposer la stérilisation d'un individu incapable d'élever sa progéniture? L'idée resurgit mercredi dans les pages du quotidien flamand Het Laatste Nieuws, suite au cas que nous évoquions hier de ce père trentenaire de Koekelberg dont la fille de trois mois se trouve entre la vie et la mort après qu'il l'eut projetée au sol parce qu'elle pleurait. En 2008, l'homme en question avait déjà battu à mort son fils de six mois qui le dérangeait par ses pleurs.
"Le débat est délicat, mais je le pense toujours: il y a des cas où un juge doit pouvoir avoir la compétence de prendre une mesure si extrême", estime le médecin Patrick Vankrunkelsven. En 2005, alors qu'il était sénateur VLD, sa proposition de loi suggérant une réduction de peine pour les parents auteurs de maltraitance qui se feraient stériliser n'avait rien donné. "Un cas n'est pas l'autre et il faut se garder de généraliser. Mais les juges sont justement là pour ça. Pour la réflexion, à chaque fois", prolonge-t-il. Chez l'homme, "on pourrait prélever et congeler des échantillons de sperme, avant stérilisation. S'il se montre stable trois, quatre ou cinq ans et s'il gère ses problèmes, il pourrait encore utiliser ces échantillons. On a droit à une chance. A condition d'être bien suivi", détaille M. Vankrunkelsven, partisan d'une intervention la moins drastique possible et de préférence réversible.
À nouveau parents, avec des enfants placés
"Qui va définir la limite? A qui l'appliquer ou non?", s'interroge la députée Valerie Van Peel (N-VA), pour qui ce serait aller trop loin. "On ne peut pas conduire quelqu'un sous camisole jusqu'à l'hôpital et l'opérer contre son gré", insiste-t-elle. "On en a beaucoup débattu au sein du parti mais on s'est heurté à trop de problèmes", affirme la parlementaire. "En tant que présidente du CPAS de Kapellen, dans certains dossiers, je donne la consigne claire à mes assistantes sociales d'entamer le dialogue sur la contraception", admet-elle cependant. "Je ne connais pas le dossier de Koekelberg et je ne dis pas que quelqu'un a commis une faute. Mais est-ce que quelqu'un a accompagné cet homme, après la première fois? Est-ce qu'on lui a parlé de contraception? En tant que présidente de CPAS, je rencontre souvent des dossiers où je pense: 'Cette personne ne pourrait plus avoir d'enfant'. Il y a des mères et des pères qui ont déjà plusieurs enfants placés et qui en font d'autres", rapporte Mme Van Peel.
État totalitaire
"C'est un droit fondamental de l'être humain de pouvoir se reproduire. Est-ce qu'une autorité peut s'en mêler?", lance Patrick Loobuyck, philosophe attaché à l'université d'Anvers. "On peut se dire: 'Non, car on crée alors un Etat totalitaire' (...) D'un autre côté, pour chaque droit fondamental, la réflexion doit se faire sur base d'autres intérêts (...) L'autorité peut-elle agir? Oui, mais seulement dans des cas très extrêmes", nuance-t-il, soulignant qu'une intervention ne devrait être que l'ultime remède. "Le mieux, c'est de parler aux gens. Les laisser déduire d'eux-mêmes qu'il serait mieux qu'ils n'aient plus d'enfants. Les stimuler. Jusqu'à ce qu'ils décident que la stérilisation est peut-être la meilleure option", conclut le philosophe.