Stratégie militaire : Algérie et Maroc, les frères ennemis
19/03/2013 à 11h:57 Par Laurent Touchard*
Guerre froide oblige, les armées de l'Algérie et du Maroc ont suivi des modèles et des doctrines opposés.
Mais leurs stratégies ont considérablement évolué ces dernières années.
Deux pays, deux doctrines, deux visions du monde.
L'Algérie et le Maroc appartenaient à deux blocs distincts.
Dans chaque « camp », des années d'alignement - sur celui de l'Est pour la première et sur celui de l'Ouest pour le second -
ont marqué les gradés. Les officiers sont devenus officiers supérieurs et officiers généraux, les sous-officiers sont parfois devenus officiers
et officiers supérieurs.
Les uns formés « à la soviétique »,
les autres « à la française » ou « à l'américaine ».
Les doctrines militaires héritées de cette période continuent à façonner les forces armées contemporaines des deux pays.
Sans pour autant exclure les évolutions.
Du côté algérien, le processus d'adoption d'une doctrine a été plus complexe que pour le Maroc.
Les problèmes apparus lors de la guerre des Sables, en octobre 1963, ont démontré qu'une armée exclusivement populaire
ne convenait pas.
Il fallait créer une force plus professionnelle, disciplinée, en mesure d'utiliser des matériels modernes dans l'éventualité
d'une guerre conventionnelle avec le voisin marocain.
Des années 1960 à nos jours, c'est la doctrine soviétique qui a prévalu.
En cas de guerre ouverte avec le Maroc, l'Algérie engagerait ses unités blindées, mécanisées et motorisées dans des opérations
aux contours strictement définis par des plans rigides.
L'aviation viendrait appuyer les actions des troupes terrestres ou intercepter les chasseurs adverses sous le contrôle
des stations radars au sol, de concert avec les batteries de missiles surface-air.
Si elle se veut souple sur le plan stratégique, cette doctrine laisse peu de place à l'initiative tactique et contraint les officiers
à exécuter vaille que vaille les consignes pour anéantir l'ennemi en profondeur.
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Deux idéologies
À l'opposé, le Maroc a lui privilégié le combat mobile.
Les chefs d'unité ont été encouragés à faire preuve d'initiative en manoeuvrant, en mettant à profit la qualité
et la quantité des moyens de transmission, du matériel... ainsi que le niveau d'entraînement des officiers,
sous-officiers et militaires de carrière.
Cela a conféré aux hommes du rang un encadrement solide et compétent.
Tandis que les cadres militaires algériens étaient formés - et politisés - dans les académies d'Union soviétique et des « pays frères »,
ceux de Rabat apprenaient et se perfectionnaient en France, aux États-Unis...
Plus que deux pays, ce sont deux idéologies qui s'affrontaient.
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