Sur leboncoin.fr, la grande foire aux hlm

Appartement HLM à louer à Joué-les-Tours", "Maison T4, loyer 604 euros, location soumise à la réglementation HLM". On trouve de tout sur le site internet Leboncoin.fr, y compris des logements sociaux. Le site de petites annonces est de plus en plus prisé par les bailleurs sociaux, qui y voient un outil supplémentaire pour lutter contre la vacance de leurs logements.L'existence de régions très tendues comme l'Ile-de-France, où 400 000 demandeurs sont en attente et où l'attribution d'un logement social prend en moyenne dix ans, occulte une réalité plus discrète et encore taboue. Sur certains territoires, des bailleurs ont du mal à trouver des locataires. HLM trop chers, trop dégradés, mal situés ou mal desservis par les transports, régions en déclin démographique et/ou économique... Autant de raisons qui expliquent l'existence de ce que les professionnels appellent des "poches" de vacance.

Le nombre de logements vacants est beaucoup plus faible dans le parc social que dans le parc privé (3,2 % contre 6 % selon le calcul de l'Union sociale de l'habitat qui regroupe les quelque 800 organismes HLM). Pourtant, dans certains secteurs, les difficultés de relocation peuvent faire doubler voire tripler ce taux. La Nièvre, la Saône-et-Loire, la Lozère, l'Ariège, la Haute-Marne, le Jura ou le Tarn caracolent ainsi en tête des départements où l'on compte le plus de HLM vides, d'après les chiffres du ministère du logement arrêtés au 1er janvier 2012.

Sur ces territoires, les bailleurs les plus dynamiques n'hésitent plus à bouleverser leur stratégie commerciale, apprenant à "se vendre" sur internet. "Dans les années 1990, le monde HLM a connu des périodes de forte vacance qui ont été résorbées par une amélioration de la qualité de service et du patrimoine, explique Pierre Frick, conseiller auprès du département patrimoine de l'USH. Aujourd'hui, dans certains endroits, ces efforts ne suffisent plus pour remplir les HLM. Il faut donc jouer sur d'autres atouts notamment la réactivité."

"UTILISER LES MÊMES OUTILS QUE LES AGENCES IMMOBILIÈRES"

Dans l'Allier, l'office public Allier Habitat a bien compris cette nouvelle donne. Il y a un an, pour résorber une vacance supérieure à 8 %, qui mettait en danger son équilibre financier, le bailleur a décidé de jouer la carte internet. Aujourd'hui, quelque 70 offres de locations sont disponibles sur leboncoin.fr. "Dans notre département, le marché locatif est détendu. Pour être concurrentiel, nous devons utiliser les mêmes outils que les agences immobilières ", explique Frédérique Etienne, directrice du service locatif d'Allier Habitat.


Chaque mois, un budget de 600 euros en moyenne est consacré au dépôt d'annonces sur internet, qui sont payantes pour les professionnels. Le retour sur investissement est plutôt bon. "Une quinzaine de logements sont reloués par ce biais chaque mois", explique Mme Etienne. En un peu plus d'un an, l'office, qui compte 4 600 logements répartis sur 140 communes de l'Allier, a fait baisser son taux de vacance de plus d'un point (6,85 % au 1er juillet).
Cette utilisation d'internet a révélé la nécessité d'une nouvelle organisation. "Nous avions l'habitude de convoquer une commission d'attribution par mois, poursuit Mme Etienne. Désormais, c'est une par semaine afin de donner une réponse le plus rapidement possible à nos demandeurs."

NOUVELLE CLIENTÈLE

En s'affichant sur internet, les bailleurs espèrent aussi attirer une nouvelle clientèle, notamment les jeunes, qui ne se tournent pas spontanément vers le parc social. Surtout là où la différence de prix avec le secteur privé est faible.
En Indre-et-Loire, Touraine Logement, une entreprise sociale de l'habitat qui compte 5 300 logements dans 144 communes, joue ainsi la carte du Boncoin.fr, en complément d'affichages dans la presse et sur les vitrines. contenter de gérer la file d'attente des demandes qui se concentrent à 75 % sur l'agglomération de Tours, alors que la moitié de notre parc se situe en dehors de cette zone", explique Véronique Havy, directrice de la clientèle et de la proximité.
Pourtant, la prospection sur internet n'est pas la panacée. Les retours très nombreux sont aussi plus volatils. "Beaucoup de contacts via internet n'aboutissent pas, soit parce que les personnes ne sont finalement pas intéressées soit parce qu'ils ne rentrent pas dans les critères du logement social", analyse Mme Havy. Internet ou pas, les procédures d'attribution restent les mêmes que pour les demandes "classiques" (conditions de ressources et passage devant une commission d'attribution).

Même constat à Castres, où l'office public de la ville, qui enregistre un taux de vacance de 8,26 %, a utilisé internet comme mode de recrutement de locataires pour la première fois cet été. "Nous avons fait un test sur quatre appartements de grande surface, avec un certain cachet mais peu fonctionnels et chers par rapport aux prix pratiqués à Castres", explique Florence Sans, adjointe au directeur général de l'OPH de Castres. Une autre annonce a été publiée pour la mise en location d'un programme neuf. Le bilan est mitigé. "Nos quatre T4 en centre-ville ont fini par trouver preneur, comptabilise Mme Sans. Quant au programme neuf, nous avons eu de nombreuses demandes mais qui découlaient semble-t-il plutôt du bouche-à-oreille."

Source : lemonde
 
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