Syrie: des chars s'affrontent à Jisr al-Choughour, selon un témoignage

Une partie des forces armées aurait fait défection dans cette ville du nord du pays.

Un habitant de Jisr al-Choughour réfugié en Turquie a raconté à l'AFP qu'il a vu des chars syriens s'affronter entre eux dimanche lors de la prise de cette ville du nord de la Syrie, apportant un nouveau témoignage de conflits au sein des forces syriennes.

"Les soldats (syriens) sont divisés. Quatre chars ont fait défection et les chars ont commencé à se tirer les uns sur les autres", explique Abdullah, un Syrien de 35 ans, qui se trouvait dimanche à Jisr al-Choughour, et qui est entré clandestinement en Turquie pour chercher de la nourriture.

"Quand ils ont commencé à se tirer les uns sur les autres, je me suis enfui. Je ne sais pas s'ils ont détruit des ponts ou pas. Avant ça, personne n'avait tiré sur les ponts, c'est par là que les chars sont passés", ajoute ce témoin de la prise de contrôle par l'armée syrienne de Jisr al-Choughour, ville située à une quarantaine de kilomètres de la frontière turque.

Les troupes syriennes "ont d'abord encerclé la ville avec les chars". "Ils ont commencé à tirer depuis l'extérieur, ils ont arrosé avec des mitrailleuses, ils ont utilisé des armes lourdes. Ils sont entrés, ils avaient dit qu'il y avait des hommes armés à l'intérieur, mais en fait il n'y avait personne. La ville était vide", poursuit ce témoin, qui se présente sous le seul prénom d'emprunt d'Abdullah.
"Un groupe essaie de protéger les gens"

Un autre réfugié syrien en Turquie, Ali, 27 ans, avait déjà fait état dimanche de conflits au sein de l'armée syrienne.

"Il y a maintenant une séparation au sein de l'armée et un groupe essaie de protéger les gens: ils ont fait sauter deux ponts à Jisr Al-Choughour", avait déclaré à l'AFP le jeune homme, affirmant tenir son information de personnes ayant fui la ville le jour même.

Abdullah a par ailleurs affirmé que des forces de sécurité syriennes sont arrivées "à six kilomètres de la frontière turque".

"Les soldats ne sont pas encore sortis de Jisr al-Choughour, mais les forces de sécurité sont arrivées à Ziayni, à six kilomètres de la frontière", a-t-il dit.
 
"Ce sont des policiers en civils et des Chebiha (miliciens) qui sont à Ziayni. Les soldats et les chars ne sont pas arrivés jusque là... Ils peuvent peut-être s'installer sur les hauteurs et tirer avec des armes à longue portée", a-t-il ajouté.

"Ils ont brûlé les récoltes avec des munitions incendiaires, ils ont tué les chèvres, les vaches. Dans la ville, les épiceries, les supermarchés ont été pillés, il ne reste plus rien. Les portes sont défoncées", a-t-il témoigné.
Les villages alaouites épargnés

"Ils ont bombardé la prison, l'ont détruite. Ils ont tiré sur les mosquées, ils ont tiré sur certaines maisons. Les bâtiments publics aussi ont été dévastés: l'état-civil, la poste."

"Ca a été dur de s'enfuir, je me suis enfui à pied par les montagnes, à travers la forêt, jusqu'à la frontière turque", a-t-il expliqué.

"Les habitants de Jisr al-Choughour et des alentours n'ont pas le droit d'aller ailleurs, vers une autre ville. Il y a des postes de contrôle sur les routes de Lattaquié, de Alep. Les entrées et les sorties sont interdites. Ils arrêtent ceux qui veulent passer et on ne sait pas ce qui advient d'eux. Tout ça parce qu'on veut la liberté", a ajouté ce témoin.

Il a encore expliqué que "les soldats n'ont pas approché les villages alaouites" (de la communauté alaouite, à laquelle appartient le président Bachar al-Assad).

"Ce sont les villages sunnites qu'ils ont attaqués. Les villages sunnites ont été détruits... Les gens, les enfants, sont sous la pluie, beaucoup sont tombés malades", a-t-il dit.

(Source AFP)
 
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