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ENTRETIEN. L'imam de Bordeaux appelle les musulmans à modifier leurs pratiques religieuses, y compris l'organisation de la prière. Pour mieux s'intégrer
Son obsession : préserver la place de l'islam dans l'espace français, quitte à le transformer. Pour ce théologien passé par le soufisme et les Frères musulmans, l'islam est aujourd'hui en danger. Contrairement à ce que pourraient faire croire la multiplication des femmes voilées et le développement des pratiques communautaires, trop de musulmans modérés abandonnent aujourd'hui une religion jugée impossible à pratiquer correctement dans la société occidentale. Une religion trop exigeante, voire trop violente. La solution ? Se faire oublier, ou presque, assure-t-il dans son nouveau livre Appel à la réconciliation (Plon)*. Comme il l'explique au Point, il ne s'agit pas seulement de lutter contre un islam revendicatif en opposition avec les valeurs de la République, mais d'accepter de modifier certains rites dont la pratique est mal acceptée dans la société française. Une inflexion autorisée par les textes, selon lui, et qui permettrait aux musulmans d'être plus heureux, car mieux intégrés.
Le Point : Vous recommandez aux musulmans d'infléchir leur pratique de l'islam au nom de l'intégration dans la société française. Est-ce possible ?
Tareq Oubrou : Bien sûr ! Ce qui allait de soi hier encore dans une société traditionnelle ne l'est pas forcément à l'heure des neurosciences et de l'Internet. La doxa n'est pas isolée de l'homme. Tout dans le Coran n'est pas praticable, et le texte sacré recommande d'ailleurs à plusieurs reprises l'usage de la raison et de la réflexion. Il existe une dynamique de la parole de Dieu. Le Coran a été révélé sur une période de vingt-trois ans : il a évolué en fonction des situations, on y remarque des versets en apparence opposés, car ils répondaient à des situations parfois contradictoires. Or, si Dieu a fait évoluer sa parole, que dire de l'homme ? Obliger le musulman ou la musulmane à suivre à la lettre certaines règles nées il y a plusieurs siècles n'a pas de sens. Pis, faute de pouvoir s'adapter aux exigences de la vie moderne, les fidèles se sentent coupables et peuvent être poussés à la désespérance.
Mais l'islam repose sur des pratiques précises. Ce n'est pas pour rien qu'elles sont appelées les « 5 piliers » de l'islam. Comment les adapter à la société contemporaine ?
Les « cinq piliers » de l'islam qui sont l'attestation de foi, la prière, l'aumône, le jeûne et le grand pèlerinage à La Mecque sont effectivement des rites fondamentaux. Celui qui fait ses cinq prières et mange du porc, mais ne nuit pas à autrui est plus proche de Dieu canoniquement que celui qui ne mange pas de porc, mais ne prie pas comme le veut le Coran. Quand je vois des musulmans s'attacher mordicus au halal sans se soucier d'enseigner à leurs enfants la bonne pratique des prières qui procurent une transformation spirituelle et éthique, je me dis que l'on marche sur la tête. Pourtant, je pense que l'on n'est pas obligé d'abandonner son poste de travail pour aller prier. On peut, par exemple, regrouper les temps de l'oraison et prier plus longtemps chez soi si sa fonction l'exige. D'une manière générale, toutefois, il faut bien avoir à l'esprit que ce ne sont pas les œuvres seules qui ouvrent au musulman les portes du paradis. C'est d'abord sa foi en Dieu et en sa grande miséricorde. Croire et adapter son comportement moral en conséquence, c'est cela être musulman.
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ENTRETIEN. L'imam de Bordeaux appelle les musulmans à modifier leurs pratiques religieuses, y compris l'organisation de la prière. Pour mieux s'intégrer
Son obsession : préserver la place de l'islam dans l'espace français, quitte à le transformer. Pour ce théologien passé par le soufisme et les Frères musulmans, l'islam est aujourd'hui en danger. Contrairement à ce que pourraient faire croire la multiplication des femmes voilées et le développement des pratiques communautaires, trop de musulmans modérés abandonnent aujourd'hui une religion jugée impossible à pratiquer correctement dans la société occidentale. Une religion trop exigeante, voire trop violente. La solution ? Se faire oublier, ou presque, assure-t-il dans son nouveau livre Appel à la réconciliation (Plon)*. Comme il l'explique au Point, il ne s'agit pas seulement de lutter contre un islam revendicatif en opposition avec les valeurs de la République, mais d'accepter de modifier certains rites dont la pratique est mal acceptée dans la société française. Une inflexion autorisée par les textes, selon lui, et qui permettrait aux musulmans d'être plus heureux, car mieux intégrés.
Le Point : Vous recommandez aux musulmans d'infléchir leur pratique de l'islam au nom de l'intégration dans la société française. Est-ce possible ?
Tareq Oubrou : Bien sûr ! Ce qui allait de soi hier encore dans une société traditionnelle ne l'est pas forcément à l'heure des neurosciences et de l'Internet. La doxa n'est pas isolée de l'homme. Tout dans le Coran n'est pas praticable, et le texte sacré recommande d'ailleurs à plusieurs reprises l'usage de la raison et de la réflexion. Il existe une dynamique de la parole de Dieu. Le Coran a été révélé sur une période de vingt-trois ans : il a évolué en fonction des situations, on y remarque des versets en apparence opposés, car ils répondaient à des situations parfois contradictoires. Or, si Dieu a fait évoluer sa parole, que dire de l'homme ? Obliger le musulman ou la musulmane à suivre à la lettre certaines règles nées il y a plusieurs siècles n'a pas de sens. Pis, faute de pouvoir s'adapter aux exigences de la vie moderne, les fidèles se sentent coupables et peuvent être poussés à la désespérance.
Mais l'islam repose sur des pratiques précises. Ce n'est pas pour rien qu'elles sont appelées les « 5 piliers » de l'islam. Comment les adapter à la société contemporaine ?
Les « cinq piliers » de l'islam qui sont l'attestation de foi, la prière, l'aumône, le jeûne et le grand pèlerinage à La Mecque sont effectivement des rites fondamentaux. Celui qui fait ses cinq prières et mange du porc, mais ne nuit pas à autrui est plus proche de Dieu canoniquement que celui qui ne mange pas de porc, mais ne prie pas comme le veut le Coran. Quand je vois des musulmans s'attacher mordicus au halal sans se soucier d'enseigner à leurs enfants la bonne pratique des prières qui procurent une transformation spirituelle et éthique, je me dis que l'on marche sur la tête. Pourtant, je pense que l'on n'est pas obligé d'abandonner son poste de travail pour aller prier. On peut, par exemple, regrouper les temps de l'oraison et prier plus longtemps chez soi si sa fonction l'exige. D'une manière générale, toutefois, il faut bien avoir à l'esprit que ce ne sont pas les œuvres seules qui ouvrent au musulman les portes du paradis. C'est d'abord sa foi en Dieu et en sa grande miséricorde. Croire et adapter son comportement moral en conséquence, c'est cela être musulman.
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Tareq Oubrou : « Le musulman ne doit pas s'exposer »
ENTRETIEN. L'imam de Bordeaux appelle les musulmans à modifier leurs pratiques religieuses, y compris l'organisation de la prière. Pour mieux s'intégrer.