Tayeb Chikili«Un rapport qui alerte, rassure et propose

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Le Matin : Vous êtes membre du comité de rédaction du rapport consacré à la recherche au Maroc. Qui a fait quoi dans ce rapport*?Taieb Chkili : Parmi les missions dévolues à l’Académie, il y a l’élaboration d’un rapport qui permet d’analyser, de réfléchir sur l’état de la recherche au Maroc et de présenter des recommandations aux pouvoirs publics. Dans ce sens, un premier rapport avait été réalisé en 2009 qui dressait un état de la recherche, soulignait les lacunes et les dysfonctionnements et proposait des recommandations. Autant dire que ce rapport est resté lettre morte. L’Académie a décidé de faire un deuxième rapport actualisé avec des recommandations pour développer la recherche scientifique et l’innovation afin de gagner la bataille de la compétitivité
 
. Un comité ad hoc a été désigné pour réunir toutes les informations disparates des agences et des ministères sur la production scientifique marocaine, en termes de brevets, d’innovation et d’évolution de cette production. Un comité de rédaction, constitué de 5 personnes qui sont toutes membres de l’Académie et qui par ordre alphabétique sont Mohammed Ait Kaddi, Mustapha Bousmina, moi-même, Omar El Fassi et Albert Sasson, a alors rédigé le rapport intitulé «Développer la recherche scientifique et l’innovation pour gagner la bataille de la compétitivité».La corrélation entre la compétitivité et la recherche et l’innovation est évidente même si elle n’est pas toujours perçue*?La question de l’innovation est au centre de la compétitivité. Le Maroc a opté depuis l’indépendance pour une économie libérale, il a été un membre actif de l’organisation du GATT, notamment avec l’organisation en 1994 à Marrakech d’une conférence qui a abouti à la création de l’OMC dont il a été l’un des premiers signataires. Avec 55 accords, le Maroc est le pays qui a le plus d’accords de libre-échange et les discussions sont en cours avec le Canada, le Mexique et le Brésil. Le Maroc a d’autre part tracé des stratégies sectorielles de développement :Maroc vert, tourisme, Halieutis, énergies renouvelables, métiers mondiaux dans différents secteurs de l’offshoring, de l’automobile de l’aéronautique… Avec l’ouverture économique et pour assurer le succès de ces plans sectoriels et pérenniser leurs résultats, il n’y a que l’innovation. Le Maroc est exportateur pour un milliard d’euros des produits technologiques et électroniques. Pour multiplier par deux ou trois cette exportation, il faut d’abord pérenniser par la recherche et l’innovation qui sont devenues une nécessité. Il faut une véritable stratégie de recherche qui accompagne les plans sectoriels. C’est une question fondamentale dont dépend le développement du pays. Toute stratégie se fonde sur un état des lieux. Celui de la recherche est fragmenté et laisse à désirer ?L’analyse objective et rationnelle montre que nous stagnons et que parfois dans certains domaines, de 2003 à 2011, nous régressons sur le plan des ressources humaines, sur celui des financements et sur celui des innovations. Sur le plan RH, le personnel de recherche constitue globalement 37*000 personnes, dont 80% sont dans le public. Nous avons un taux de chercheurs qui est bas, soit 1,7%, alors qu’il est de 8% en Turquie, 6% en Espagne et 5% en Tunisie.*
 
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