Taza, ô rage, ô désespoir
Taza, vous connaissez Taza ? Une ville que les Tazi ont désertée en leur temps pour faire fortune à Fès, puis à Casablanca, à en croire Gad El Maleh
Et bien Taza, est dabord connue pour sa « trouée », ce passage dEst en Ouest qui, depuis des millénaires, était le seul point dentrée vers les riches plaines marocaines pour les envahisseurs dont les derniers en date furent les troupes coloniales françaises emmenées par un certain colonel Lyautey au début du 20è siècle
Autre référence à Taza, sa célèbre grotte du Friouato, située à 25 kilomètres de la ville et découverte en 1935. Cette grotte est la caverne la plus profonde du continent africain, mais les Tazi nen ont cure, parce que personne au demeurant na jamais compté sur cette curiosité pour « vendre » la ville aux touristes et autres tour-opérateurs
Taza, cest aussi ses remparts, longs de 3 kilomètres et construits au XIIè siècle par le Sultan Abdelmoumen et sa grande mosquée dabord almohade, elle-même consacrée en 1135.
Taza, enfin, cest une ville de garnison, parce quil fallait, de tous temps, des troupes pour sécuriser « la trouée ».
Voilà ce quon peut dire aujourdhui de cette petite ville qui, en lespace de quelques semaines a été secouée par des manifestations violentes, essentiellement animées par une jeunesse désoeuvrée et sans avenir.
Ni plus riche, ni plus pauvre que dautres villes marocaines de même importance, Taza est une ville où lon sennuie, où lactivité est réduite, dépourvue dindustries, dédiée au commerce et aux services de proximité, à quelques transactions agricoles, peuplée de Marocains et de Marocaines majoritairement Amazighs.
Comment expliquer donc ces «bouffées» de colère qui lont subitement prise, notamment après la défaite du Onze national face au Gabon lors de la récente CAN ?
La première et plus facile explication réside sans doute dans lexacerbation dun sentiment de ras-le-bol qui étreint aujourdhui nos cohortes de jeunes et de moins jeunes sans emploi et sans perspectives un peu partout dans le pays.
La seconde, également compréhensible, cest que «les masses populaires», inspirées par les mouvements nés des Printemps arabes, sont plus promptes quavant à la mobilisation spontanée, non encadrée et non organisée, laquelle est toujours porteuse de débordements, de violences gratuites, datteintes aux biens publics et privés, et partant, de répression par les forces dautorité et de maintien de lordre.
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