Un texte de Descartes sur la lucidité et le bonheur

Ebion

Ça a l'air que je suis l'esclave da partida
VIB
Bonjour :timide:

Voici un beau texte de Descartes, tiré de sa correspondance avec la princesse Élisabeth (que Descartes tenait en haute estime) :

"""
Je me suis quelquefois proposé un doute : savoir s'il est mieux d'être gai et content, en imaginant les biens qu'on possède être plus grands et plus estimables qu'ils ne sont, et ignorant ou ne s'arrêtant pas à considérer ceux qui manquent, que d'avoir plus de considération et de savoir, pour connaître la juste valeur des uns et des autres, et qu'on devienne plus triste. Si je pensais que le souverain bien fût la joie, je ne douterais point qu'on ne dût tâcher de se rendre joyeux, à quelque prix que ce pût être, et j'approuverais la brutalité de ceux qui noient leurs déplaisirs dans le vin, ou les étourdissent avec du pétun. Mais je distingue entre le souverain bien, qui consiste en l'exercice de la vertu, ou (ce qui est le même), en la possession de tous les biens, dont l'acquisition dépend de notre libre arbitre, et la satisfaction d'esprit qui suit de cette acquisition. C'est pourquoi, voyant que c'est une plus grande perfection de connaître la vérité, encore même qu'elle soit à notre désavantage, que l'ignorer, j'avoue qu'il vaut mieux être moins gai et avoir plus de connaissance. Aussi n'est-ce pas toujours lorsqu'on a le plus de gaieté, qu'on a l'esprit plus satisfait; au contraire, les grandes joies sont ordinairement mornes et sérieuses, et il n'y a que les médiocres et passagères, qui soient accompagnées du ris. Ainsi je n'approuve point qu'on tâche à se tromper, en se repaissant de fausses imaginations ; car tout le plaisir qui en revient, ne peut toucher que la superficie de l'âme, laquelle sent cependant une amertume intérieure, en s'apercevant qu'ils sont faux. Et encore qu'il pourrait arriver qu'elle fût si continuellement divertie ailleurs, que jamais elle ne s'en aperçût, on ne jouirait pas pour cela de la béatitude dont il est question, pour ce qu'elle doit dépendre de notre conduite, et cela ne viendrait que de la fortune.

(à suivre)
 

Ebion

Ça a l'air que je suis l'esclave da partida
VIB
(suite)

""" Mais lorsqu'on peut avoir diverses considérations également vraies, dont les unes nous portent à être contents, et les autres, au contraire nous en empêchent, il me semble que la prudence veut que nous nous arrêtions principalement à celles qui nous donnent de la satisfaction; et même, à cause que presque toutes les choses du monde sont telles, qu'on les peut regarder de quelque côté qui les fait paraître bonnes, et de quelque autre qui fait qu'on y remarque des défauts, je crois que, si on doit user de son adresse en quelque chose, c'est principalement à les savoir regarder du biais qui les fait paraître le plus à notre avantage, pourvu que ce soit sans nous tromper. """

(lettre de Descartes à Élisabeth, du 6 octobre 1645)
 

Ebion

Ça a l'air que je suis l'esclave da partida
VIB
Bref... Descartes opte pour la lucidité avec une moindre joie, plutôt que de vouloir des joies plus « vives », mais accompagnées d'ignorance et d'illusions (comme son exemple de l'ivrognerie).

Cela est une manière de montrer que le bien suprême n'est pas une joie extrême, malgré ce qu'on pourrait penser, car on peut lui préférer l'acquisition d'une connaissance juste des choses et le contentement qui s'ensuit, bien que cette perfection soit moins vive pour les sens.

En fait selon Descartes, une joie qui ne serait pas lucide n'est pas une joie authentique, ce n'est pas une option envisageable pour un sage ni même une personne ordinaire, mais raisonnable.

Cela dit, Descartes n'est pas contre le fait d'avoir une attitude qu'on peut appeler positive et qui consiste, comme on dit, à voir le bon côté des choses. Avoir une attitude positive ne veut pas dire être naïf ou illusionné et ignorer ses problèmes ou les dangers. Cela veut dire cependant voir dans les maux eux-mêmes quelque chose , quelque aspect qui nous est profitable, et diminuer ainsi nos contrariétés. Voir dans les obstacles une occasion de croissance, de mûrissement peut-être, de devenir plus sage, plus endurci, plus réaliste, plus noble et moins superficiel.

Il ne s'agit pas de prêter aux choses des qualités imaginaires, mais de reconnaître - selon Descartes - que les malheurs « purs » n'existent pas, ou presque pas, et de toujours se disposer à tirer un bien du mal.

Si Descartes était dans la Matrice, il aurait choisi la pilule rouge. :D
 
Dernière édition:
quel est le point commun entre spinoza descartes erasme freud pascal
newton dante kant on peut rajouter picasso galilée et tout ces philosphes des lumières
rajoute marx aussi etc
c est quoi leur points commun
 
Haut