Un texte de gustave le bon sur la faiblesse de la démocratie

Ebion

Ça a l'air que je suis l'esclave da partida
VIB
Bonjour :timide:

Et voici un texte (entrecoupé) de Gustave Le Bon sur des problèmes qui pèsent sur le régime démocratique (il vivait à l'époque de la Troisième République) et qui peuvent menacer les droits des citoyens :

"""

En fait, d'ailleurs, elles ne présentent que deux dangers sérieux, l'un est un gaspillage

forcé des finances, l'autre une restriction progressive des libertés individuelles.
Le premier de ces dangers est la conséquence forcée des exigences et de l'imprévoyance
des foules électorales. Qu'un membre d'une assemblée propose une mesure
donnant une satisfaction apparente à des idées démocratiques, telle qu'assurer, par
exemple, des retraites à tous les ouvriers, augmenter le traitement des cantonniers, des
instituteurs, etc., les autres députés, suggestionnés par la crainte des électeurs,
n'oseront pas avoir l'air de dédaigner les intérêts de ces derniers en repoussant la
mesure proposée, bien que sachant qu'elle grèvera lourdement le budget et nécessitera
la création de nouveaux impôts. Hésiter dans le vote leur est impossible. Les conséquences
de l'accroissement des dépenses sont lointaines et sans résultats bien fâcheux
pour eux, alors que les conséquences d'un vote négatif pourraient apparaître clairement
le jour prochain où il faudra se représenter devant l'électeur.


À côté de cette première cause d'exagération des dépenses il en est une autre, non

moins impérative obligation d'accorder toutes les dépenses d’intérêt purement local.
Un député ne saurait s'y opposer, parce qu'elles représentent encore des exigences
d'électeurs, et que chaque député ne peut obtenir ce dont il a besoin pour sa circonscription
qu'à la condition de céder aux demandes analogues de ses collègues.

"""
 

Ebion

Ça a l'air que je suis l'esclave da partida
VIB
(suite)

""


Le second des dangers mentionnés plus haut, la restriction forcée des libertés par

les assemblées parlementaires, moins visible en apparence est cependant fort réel. Il
est la conséquence des innombrables lois, toujours restrictives, dont les parlements,
avec leur esprit simpliste, voient mal les conséquences, et qu'ils se croient obligés de
voter.

Il faut que ce danger soit bien inévitable, puisque l'Angleterre elle-même, qui
offre assurément le type le plus parfait du régime parlementaire, celui où le représentant
est le plus indépendant de son électeur, n'a pas réussi à s'y soustraire. Herbert
Spencer, dans un travail déjà ancien, avait montré que l'accroissement de la liberté
apparente devait être suivi d'une diminution de la liberté réelle.

[...]


Cette restriction progressive des libertés se manifeste pour tous les pays sous une

forme spéciale, que Herbert Spencer n'a pas indiquée, et qui est celle-ci : La création
de ces séries innombrables de mesures législatives, toutes généralement d'ordre
restrictif, conduit nécessairement à augmenter le nombre, le pouvoir et l'influence des
fonctionnaires chargés de les appliquer. Ils tendent ainsi progressivement à devenir
les véritables maîtres des pays civilisés. Leur puissance est d'autant plus grande, que,
dans les incessants changements de pouvoir, la caste administrative est la seule qui
échappe à ces changements, la seule qui possède l'irresponsabilité, l'impersonnalité et
la perpétuité. Or, de tous les despotismes, il n'en est pas de plus lourds que ceux qui
se présentent sous cette triple forme.

Cette création incessante de lois et de règlements restrictifs entourant des formalités
les plus byzantines les moindres actes de la vie, a pour résultat fatal de rétrécir de
plus en plus la sphère dans laquelle les citoyens peuvent se mouvoir librement.
Victimes de cette illusion qu'en multipliant les lois l'égalité et la liberté se trouvent
mieux assurées, les peuples acceptent chaque jour de plus pesantes entraves.
Ce n'est pas impunément qu'ils les acceptent. Habitués à supporter tous les jougs,
ils finissent bientôt par les rechercher, et arrivent à perdre toute spontanéité et toute
énergie. Ils ne sont plus alors que des ombres vaines, des automates passifs,. sans

volonté, sans résistance et sans force.

Mais alors les ressorts que l'homme ne trouve plus en lui-même, il est bien forcé
de les chercher hors de lui-même. Avec l'indifférence et l'impuissance croissantes des
citoyens, le rôle des gouvernements est obligé de grandir encore. Ce sont eux qui
doivent avoir forcément l'esprit d'initiative, d'entreprise et de conduite que les
particuliers n'ont plus. Il leur faut tout entreprendre, tout diriger, tout protéger. L'État
devient un dieu tout-puissant. Mais l'expérience enseigne que le pouvoir de tels dieux
ne fut jamais ni bien durable, ni bien fort.

Cette restriction progressive de toutes les libertés chez certains peuples, malgré
une licence extérieure qui leur donne l'illusion de les posséder, semble être une
conséquence de leur vieillesse tout autant que celle d'un régime quelconque. Elle
constitue un des symptômes précurseurs de cette phase de décadence à laquelle
aucune civilisation n'a pu échapper jusqu'ici.

""
 

Ebion

Ça a l'air que je suis l'esclave da partida
VIB
Pas facile pour un défenseur de la démocratie d'admettre que ce système porte en lui-même l'inévitable toute-puissance des élites, et donc la sujétion des masses.
;)

Un des mérites de Gustave Le Bon est qu'il ne se fait aucune illusion sur la précarité et l'imperfection intrinsèques à toute institution humaine. Il y a eu des utopistes dans l'histoire, marxistes ou autres, qui croyaient en la venue d'un paradis ou âge d'or sur terre. Le Bon est plus lucide, il voit bien que les humains sont capables de détruire tout ce qu'ils construisent.
 

Siith

N'éclaire plus...
VIB
Un des mérites de Gustave Le Bon est qu'il ne se fait aucune illusion sur la précarité et l'imperfection intrinsèques à toute institution humaine. Il y a eu des utopistes dans l'histoire, marxistes ou autres, qui croyaient en la venue d'un paradis ou âge d'or sur terre. Le Bon est plus lucide, il voit bien que les humains sont capables de détruire tout ce qu'ils construisent.
Ce qui fait de lui un intellectuel au sens noble et pas un idéologue ou un militant. C'est ce qui manque de nos jours.
 

Ebion

Ça a l'air que je suis l'esclave da partida
VIB
Ce qui fait de lui un intellectuel au sens noble et pas un idéologue ou un militant. C'est ce qui manque de nos jours.

Effectivement. Mais je crois pas qu'il y ait beaucoup d'utopies politiques de nos jours (des trucs comme "Make America Great Again" ce sont des slogans simplistes qui sont pas vraiment mûris, justement le genre de choses dont nous avertissait Le Bon). Le sentiment qui semble dominer actuellement, c'est le cynisme, l'aigreur et la peur de perdre nos acquis!! Il y a encore des militants, des revendications, mais beaucoup plus ponctuels et émiettés, et souvent les gens sont plus réactifs que proactifs : on va s'indigner quand une personnalité dit quelque chose de déplacé, et les haineux vont réagir à des articles de presse en ligne.

Dans les années 60, les gens rêvaient en grand. Je crois pas qu'on soit dans cette situation maintenant.
 

Siith

N'éclaire plus...
VIB
Effectivement. Mais je crois pas qu'il y ait beaucoup d'utopies politiques de nos jours (des trucs comme "Make America Great Again" ce sont des slogans simplistes qui sont pas vraiment mûris, justement le genre de choses dont nous avertissait Le Bon). Le sentiment qui semble dominer actuellement, c'est le cynisme, l'aigreur et la peur de perdre nos acquis!! Il y a encore des militants, des revendications, mais beaucoup plus ponctuels et émiettés, et souvent les gens sont plus réactifs que proactifs : on va s'indigner quand une personnalité dit quelque chose de déplacé, et les haineux vont réagir à des articles de presse en ligne.

Dans les années 60, les gens rêvaient en grand. Je crois pas qu'on soit dans cette situation maintenant.
Peut-être parce qu'intuitivement, plus que par vraie conscience politique, la majorité de nos contemporains "comprend" que peut importe le régime politique choisi, la masse finit par être exploitée, manipulée, dépouillée.
Si le Pouvoir est corrupteur par essence, comment penser une organisation sociale (qui nécessite au bout du bout forcément des administrateurs) qui éviterait cet écueil ?
Même en pensant grand, on bute là-dessus. Du coup, on essaie de bricoler des amendements aux systèmes existants ( du genre régulation de la spéculation financière pour le capitalisme, comme si c'était un défaut du système alors que c'est un principe).
 

Ebion

Ça a l'air que je suis l'esclave da partida
VIB
Peut-être parce qu'intuitivement, plus que par vraie conscience politique, la majorité de nos contemporains "comprend" que peut importe le régime politique choisi, la masse finit par être exploitée, manipulée, dépouillée.
Si le Pouvoir est corrupteur par essence, comment penser une organisation sociale (qui nécessite au bout du bout forcément des administrateurs) qui éviterait cet écueil ?
Même en pensant grand, on bute là-dessus. Du coup, on essaie de bricoler des amendements aux systèmes existants ( du genre régulation de la spéculation financière pour le capitalisme, comme si c'était un défaut du système alors que c'est un principe).

Remarque que beaucoup de penseurs ont admiré l'Angleterre, car justement celle-ci a évolué en démocratie libérale assez réussie, en faisant des changements par petites touches et lent mûrissement, et non par des révolutions violentes improvisées. Améliorer peu à peu le système, corriger peu à peu ses défauts, en étant attentifs aux rétroactions, c'est pas un mauvais plan. C'est jouer de prudence.
 

Siith

N'éclaire plus...
VIB
Remarque que beaucoup de penseurs ont admiré l'Angleterre, car justement celle-ci a évolué en démocratie libérale assez réussie, en faisant des changements par petites touches et lent mûrissement, et non par des révolutions violentes improvisées. Améliorer peu à peu le système, corriger peu à peu ses défauts, en étant attentifs aux rétroactions, c'est pas un mauvais plan. C'est jouer de prudence.
La violence anglaise s'est surtout exprimée au-delà de ses frontières effectivement...et le transfert de pouvoir n'est qu'apparant mais c'est un autre sujet.
La volonté de corriger un système provoque toujours la résistance de ceux qui en tirent privilège Ebion, c'est assez humain de vouloir préserver ses acquis. Et comme on l'a identifié plus haut, c'est cette élite qui concentrent les pouvoirs ( exécutif, législatif, judiciaire, même médiatique). Elle a la force de la Loi, des services d'ordre, et les ressources pour défendre ces acquis. Les "révolutions" ne sont pas violentes parce que les peuples sont intrinséquements violents mais parce que les résistances des élites aux changements de système provoquent cette inévitable tension des postures.
 

Ebion

Ça a l'air que je suis l'esclave da partida
VIB
La violence anglaise s'est surtout exprimée au-delà de ses frontières effectivement...et le transfert de pouvoir n'est qu'apparant mais c'est un autre sujet.
La volonté de corriger un système provoque toujours la résistance de ceux qui en tirent privilège Ebion, c'est assez humain de vouloir préserver ses acquis. Et comme on l'a identifié plus haut, c'est cette élite qui concentrent les pouvoirs ( exécutif, législatif, judiciaire, même médiatique). Elle a la force de la Loi, des services d'ordre, et les ressources pour défendre ces acquis. Les "révolutions" ne sont pas violentes parce que les peuples sont intrinséquements violents mais parce que les résistances des élites aux changements de système provoquent cette inévitable tension des postures.

Mais la plupart des révolutions depuis 250 ans n'ont-elles pas mal tourné?
 

Ebion

Ça a l'air que je suis l'esclave da partida
VIB
Si. Parce qu'à nouveau, organisation sociale, administration, élite, pouvoir, corruption...:bizarre:

Il me semble que les pouvoirs devraient être distribués plus équitablement pour minimiser les abus (dilués, en quelque sorte). Les institutions américaines sont pas trop mal conçues à cet égard. Il faut partir du principe que la plupart des leaders seront mauvais, et tenter de contenir leurs soifs de pouvoir et de richesses et leur penchant pour la tricherie en mettant des freins et contrepoids. Mais il suffit pas de créer des institutions magiquement. Il faut qu'il y ait une volonté populaire, un assez large consensus dans le peuple, une vigilance, une culture démocratique. C'est peut-être cela le problème en Russie.

On parle beaucoup des inégalités de revenus. Mais les asymétries de pouvoir sont aussi préoccupantes.
 

Siith

N'éclaire plus...
VIB
Il me semble que les pouvoirs devraient être distribués plus équitablement pour minimiser les abus (dilués, en quelque sorte). Les institutions américaines sont pas trop mal conçues à cet égard. Il faut partir du principe que la plupart des leaders seront mauvais, et tenter de contenir leurs soifs de pouvoir et de richesses et leur penchant pour la tricherie en mettant des freins et contrepoids. Mais il suffit pas de créer des institutions magiquement. Il faut qu'il y ait une volonté populaire, un assez large consensus dans le peuple, une vigilance, une culture démocratique. C'est peut-être cela le problème en Russie.

On parle beaucoup des inégalités de revenus. Mais les asymétries de pouvoir sont aussi préoccupantes.
C'est ce qui se passe un peu en France, certains citoyens à travers le mouvement des gilets jaunes demandent une décentralisation du Pouvoir, un changement constitutionnel, une démocratie plus participative. Pourtant, initialement les contre-pouvoirs existaient bien en France, on avait la culture du syndicat, la sacro-sainte liberté des médias, des associations nombreuses, variées et subventionnées, la possibilité de cohabitation gouvernementale... Mais ça n'a pas fait le poids face à l'Europe politique, parce que le pouvoir a tendance à concentrer le pouvoir, et plus il est concentré, plus il est centralisé plus il est puissant, et résistant aux vigilances citoyennes.
 
PasséE=démocratà est: 16094561, member: 130060"]Bonjour :timide:

EtEntasséun texte (entrecoupé) de Gustave Le Bon sur des problèmes qui pèsent sur le régime démocratique (il vivait à l'époque de la Troisième République) et qui peuvent menacer les droits des citoyens :

"""

En fait, d'ailleurs, elles ne présentent que deux dangers sérieux, l'un est un gaspillage

forcé des finances, l'autre une restriction progressive des libertés individuelles.
Le premier de ces dangers est la conséquence forcée des exigences et de l'imprévoyance
des foules électorales. Qu'un membre d'une assemblée propose une mesure
donnant une satisfaction apparente à des idées démocratiques, telle qu'assurer, par
exemple, des retraites à tous les ouvriers, augmenter le traitement des cantonniers, des
instituteurs, etc., les autres députés, suggestionnés par la crainte des électeurs,
n'oseront pas avoir l'air de dédaigner les intérêts de ces derniers en repoussant la
mesure proposée, bien que sachant qu'elle grèvera lourdement le budget et nécessitera
la création de nouveaux impôts. Hésiter dans le vote leur est impossible. Les conséquences
de l'accroissement des dépenses sont lointaines et sans résultats bien fâcheux
pour eux, alors que les conséquences d'un vote négatif pourraient apparaître clairement
le jour prochain où il faudra se représenter devant l'électeur.


À côté de cette première cause d'exagération des dépenses il en est une autre, non

moins impérative obligation d'accorder toutes les dépenses d’intérêt purement local.
Un député ne saurait s'y opposer, parce qu'elles représentent encore des exigences
d'électeurs, et que chaque député ne peut obtenir ce dont il a besoin pour sa circonscription
qu'à la condition de céder aux demandes analogues de ses collègues.

"""[/QUOTE]
Aucune democratie
N est possible avec des millions de gens
Entassé dans des villes
Surpeuplés
Du temps d athene pere de cette fcause démocratie c es que des qu on est
Passe de 16000 a 20000 personnes
Ca a fini en guerre interne
 
C'est ce qui se passe un peu en France, certains citoyens à travers le mouvement des gilets jaunes demandent une décentralisation du Pouvoir, un changement constitutionnel, une démocratie plus participative. Pourtant, initialement les contre-pouvoirs existaient bien en France, on avait la culture du syndicat, la sacro-sainte liberté des médias, des associations nombreuses, variées et subventionnées, la possibilité de cohabitation gouvernementale... Mais ça n'a pas fait le poids face à l'Europe politique, parce que le pouvoir a tendance à concentrer le pouvoir, et plus il est concentré, plus il est centralisé plus il est puissant, et résistant aux vigilances citoyennes.
Je pense que c'est avant tout une question de culture. Je m'explique. Certains peuples (je pense aux Scandinaves notamment) sont suffisamment capables pour avoir une certaine marge de manoeuvre dans les décisions qui seront prises à l'échelle nationale. Non seulement leur conscience politique est très élevée mais surtout ils font preuve d'une sagesse particulière quant à la prise en compte des contraintes inhérentes à la création d'un vivre-ensemble et donc des efforts qu'il incombe à chacun de faire afin de le rendre pérenne.

A ce propos, les peuples Arabos-Africains ne le sont pas, pas plus que les latins d'ailleurs. Ce sont des peuples sanguins, très émotifs, qui prennent peu de recul et réagissent beaucoup à l'émotion et ont un rapport à l'altérité très délicat. Se dégage ainsi une hostilité prononcée à l'égard des différentes formes d'altérité : personnes aux opinions politiques divergentes; personnes d'origine ethnique différente; lois qui ne leur siéent guère etc.... Leur donner trop de pouvoir ne peut avoir pour aboutissement qu'une dictature de la majorité (les plus nombreux écraseront les moins nombreux par leur poids et leur dicteront leurs volontés sans se soucier le moins du monde de leurs aspirations).

Mais pour répondre plus précisément à vos propos. Historiquement c'est sous la troisième république que les gouvernants (entendez par-là le gouvernement) eurent le moins de pouvoir. Quelle est la conséquence de ces trop puissants "contre-pouvoir" : Un désordre sans nom avec une France ingouvernable (même si ce fut le régime démocratique le plus long jusqu'à présent) car les assemblées faisant et défaisant incessamment les gouvernements et le président de la république étant réduit au rang de faire-valoir (il inaugurait les chrysanthèmes pour reprendre l'expression : https://fr.wiktionary.org/wiki/inaugurer_les_chrysanthèmes=) tandis que le président du conseil voyait sa marge de manoeuvre fortement réduite car de sa survie dépendait la satisfaction des parlementaires (il devait donc oeuvrer pour l'assemblée et non pas pour les français).

En réalité, en France, il y a besoin d'un pouvoir fort, d'un pouvoir jacobin pour que les choses puissent évoluer (sans préjuger du sens de cette évolution, négative ou positive) car l'expérience montre que sans pouvoir fort les crises ne font que succéder aux crises (troisième et quatrième république). C'est la raison pour laquelle De Gaule renforça l'exécutif au point où le président de la république Française est, actuellement, le président ou l'un des présidents avec le plus de pouvoir de tous les pays démocratiques du monde (réellement démocratiques je précise). C'est également pour cette raison que la possibilité de cohabitation fut supprimée par Chirac lors du déplacement du calendrier des élections législatives afin qu'elles coincident avec les élections présidentielles, car cela créé un blocage des institutions selon la plus ou moins bonne volonté du président en place (on a pu le constater avec Mitterrand qui l'a connue deux fois et qui refusait parfois de signer les textes de loi).

C'est seulement ainsi que la politique peut être menée dans un pays de latins comme le nôtre où nos mentalités nous empêchent de pouvoir librement décider de notre destinée et où la préférence est plus souvent donnée au coup de poing plutôt qu'à l'échange courtois de propos (à ce propos, les forums illustrent parfaitement ces mentalités, impossible de voir un sujet de débat sans que cela ne finisse en pugilat).
 
Dernière édition:
Pas facile pour un défenseur de la démocratie d'admettre que ce système porte en lui-même l'inévitable toute-puissance des élites, et donc la sujétion des masses.
;)

La démocratie a ses faiblesses mais comme avait dit W.Churchill:
« La démocratie est le pire des systèmes, à l’exclusion de tous les autres. »

Donc oui la démocratie n’est pas du tout parfaite mais ce qui est sûre c’est que pour l’instant c’est la meilleure de toutes les autres alternatives de systèmes de pouvoir existant.

La solution ce serait d’améliorer la démocratie ou alors de créer un nouveau système qui serait meilleur.
 

Siith

N'éclaire plus...
VIB
Je pense que c'est avant tout une question de culture. Je m'explique. Certains peuples (je pense aux Scandinaves notamment) sont suffisamment capables pour avoir une certaine marge de manoeuvre dans les décisions qui seront prises à l'échelle nationale. Non seulement leur conscience politique est très élevée mais surtout ils font preuve d'une sagesse particulière quant à la prise en compte des contraintes inhérentes à la création d'un vivre-ensemble et donc des efforts qu'il incombe à chacun de faire afin de le rendre pérenne.

A ce propos, les peuples Arabos-Africains ne le sont pas, pas plus que les latins d'ailleurs. Ce sont des peuples sanguins, très émotifs, qui prennent peu de recul et réagissent beaucoup à l'émotion et ont un rapport à l'altérité très délicat. Se dégage ainsi une hostilité prononcée à l'égard des différentes formes d'altérité : personnes aux opinions politiques divergentes; personnes d'origine ethnique différente; lois qui ne leur siéent guère etc.... Leur donner trop de pouvoir ne peut avoir pour aboutissement qu'une dictature de la majorité (les plus nombreux écraseront les moins nombreux par leur poids et leur dicteront leurs volontés sans se soucier le moins du monde de leurs aspirations).

C'est seulement ainsi que la politique peut être menée dans un pays de latins comme le nôtre où nos mentalités nous empêchent de pouvoir librement décider de notre destinée et où la préférence est plus souvent donnée au coup de poing plutôt qu'à l'échange courtois de propos (à ce propos, les forums illustrent parfaitement ces mentalités, impossible de voir un sujet de débat sans que cela ne finisse en pugilat).
Ta grille de lecture ethnico-culturelle est intéressante et complémentaire, mais à mon sens pas suffisante pour expliquer la "crise" de souveraineté en France. Elle fait l'impasse sur la nature même des rapports de force entre Pouvoir et masse, qui jusqu'ici, peu importe la mentalité du peuple en question et le choix de régime ( monarchique, oligarchique, bureaucratique...) est sous-tendu par la violence institutionnelle.
La grande majorité des penseurs politiques associe la gouvernance à un rapport de domination de l'homme sur l'homme, et ne voit pas d'échappatoire à ce conflit. Jouvenel disait: "commander et être obéi : ce qui est la condition nécessaire pour qu’il y ait Pouvoir, et la condition suffisante, ce sans quoi il n’existe pas : cette essence, c’est le commandement ».
Le système démocratique n'a pas tenté d'échapper à cette définition, mais par contre il nécessite, pour être pérenne, l'adhésion des populations. Et c'est cette perte d'adhésion qui fait les crises politiques modernes, pas la prégnance des contre-pouvoirs ( au contraire, leur négation est un peu au cœur du problème actuel). Quand le vernis d'adhésion craque, on revient aux fondamentaux : le conflit entre Pouvoir et peuple et la violence inhérente à ce rapport de force. C'est le moteur historique des changements politiques et sociaux. Chez les latins comme chez les autres, c'est la nature même du Pouvoir qui empêche sa pérennité, peu importe le besoin de soumission avérée ou décrétée du peuple en question.
Je précise aussi que la démocratie se voulait le règne de la majorité, si tu parles de dictature de la majorité, c'est qu'effectivement tu considères que le peuple ne peut se diriger lui-même. Alors la France devrait s'orienter vers un autre système...
 

Siith

N'éclaire plus...
VIB
La démocratie a ses faiblesses mais comme avait dit W.Churchill:
« La démocratie est le pire des systèmes, à l’exclusion de tous les autres. »

Donc oui la démocratie n’est pas du tout parfaite mais ce qui est sûre c’est que pour l’instant c’est la meilleure de toutes les autres alternatives de systèmes de pouvoir existant.

La solution ce serait d’améliorer la démocratie ou alors de créer un nouveau système qui serait meilleur.
Tant qu'elle a l'adhésion des peuples oui, même si personnellement je lui vois autant de défauts que les autres régimes. Il y a le décret et il y a l'épreuve des faits. Je pense juste que plus le Pouvoir va se se centraliser, plus la souveraineté sera transférée à des degrés supérieurs de gouvernance, moins il y aura d'adhésion. Et là la violence institutionnelle risque de se renforcer...
 

Ebion

Ça a l'air que je suis l'esclave da partida
VIB
Tant qu'elle a l'adhésion des peuples oui, même si personnellement je lui vois autant de défauts que les autres régimes. Il y a le décret et il y a l'épreuve des faits. Je pense juste que plus le Pouvoir va se se centraliser, plus la souveraineté sera transférée à des degrés supérieurs de gouvernance, moins il y aura d'adhésion. Et là la violence institutionnelle risque de se renforcer...

Ceux qui ont le pouvoir poursuivent leurs intérêts égoïstes. C'est une règle empirique avec peu d'exceptions. En multipliant les centres de pouvoir, on pallie ce défaut en obligeant les personnes au pouvoir à négocier entre elles et à faire des concessions.

Faut pas oublier non plus qu'aucun humain n'est un dieu, et que tous les tyrans ne se maintiennent que dans la mesure où la majorité du peuple leur font confiance ou ont peur de se révolter. Aucun tyran ne pourrait résister si le peuple se révoltait et l'armée prenait son parti. Sans parler des révolutions de palais (voir l'histoire des empereurs romains). Le peuple a un immense pouvoir, mais qui est généralement assoupi. Mais parfois, il suffit d'un petit événement pour que tout bascule.
 

Siith

N'éclaire plus...
VIB
Ceux qui ont le pouvoir poursuivent leurs intérêts égoïstes. C'est une règle empirique avec peu d'exceptions. En multipliant les centres de pouvoir, on pallie ce défaut en obligeant les personnes au pouvoir à négocier entre elles et à faire des concessions.

Faut pas oublier non plus qu'aucun humain n'est un dieu, et que tous les tyrans ne se maintiennent que dans la mesure où la majorité du peuple leur font confiance ou ont peur de se révolter. Aucun tyran ne pourrait résister si le peuple se révoltait et l'armée prenait son parti. Sans parler des révolutions de palais (voir l'histoire des empereurs romains). Le peuple a un immense pouvoir, mais qui est généralement assoupi. Mais parfois, il suffit d'un petit événement pour que tout bascule.
Yep, Hannah Arendt pensait que le seul Pouvoir qui pourrait s'inscrire dans le temps et éviter la violence intrinsèque devait remplir 2 conditions sine qua non: la pluralité et la concertation.
Un autre gage de non violence pour elle: la valeur de la promesse.
On est dans un temps où les promesses sont trahies par les gouvernants, le consentement s'effrite donc, le contrat démocratique se fragilise.
 
Donc oui la démocratie n’est pas du tout parfaite mais ce qui est sûre c’est que pour l’instant c’est la meilleure de toutes les autres alternatives de systèmes de pouvoir existant.
.
Qu'en sait-on ? Ceux qui défendent ce système l'ont effectivement désigné en tant que "meilleur système de gouvernance" mais il ne s'agit là que d'une intuition et non d'une réalité incontestable puisque, historiquement, l'on pourra démontrer que de nombreux systèmes "démocratiques" (proclamés comme tels car dans les faits, la démocratie dans son sens originel n'existe nulle part) ont conduit à de profondes dérives de la même façon que l'on pourra prendre pour exemple d'autres systèmes, non-démocratiques, ayant plutôt bien fonctionné en certains endroits et à certaines époques.
 
Ceux qui ont le pouvoir poursuivent leurs intérêts égoïstes. C'est une règle empirique avec peu d'exceptions. En multipliant les centres de pouvoir, on pallie ce défaut en obligeant les personnes au pouvoir à négocier entre elles et à faire des concessions.

.
La difficulté c'est que selon les peuples cela marche plus ou moins bien. C'est le cas en Scandinavie et ce ne fut pas le cas en France durant les 3ème et 4ème république par-exemple. L'érosion du pouvoir exécutif au bénéfice des assemblées (il s'agissait concrètement de quasi régimes d'assemblées) créait une paralysie perpétuelle du système.
C'est une spécialité française, d'où mon introduction du facteur culturel dans le débat, que de défaire ce que d'autres ont fait afin de paraitre, notamment, apporter un changement (le changement pour le changement comme si le progrès émanait nécessairement du changement et ce quelle que soit sa nature réelle).
Ainsi, chaque gouvernement s'assigne pour mission de détricoter les mesures qui ont été produites par celui auquel il a succédé.

Il y a là mis en oeuvre, également, des stratégies politiques. En effet, les parlementaires des 3èmes et 4èmes république étaient (c'est toujours plus ou moins le cas) dans un état d'esprit particulier qui les conduisait à s'engager, non pas au service du peuple mais plutôt au service de leurs intérêts particuliers. Pour se faire, ceux-ci se plaçaient quasi-systématiquement en opposition aux politiques gouvernementales (qu'ils les approuvent ou non au fond), et ceci afin de mettre en difficulté les gouvernements dans l'espoir qu'ils se fassent renverser et qu'ils puissent occuper leur place (par exemple pratique du vote calibré sous la IVème république : http://www.toupie.org/Dictionnaire/Vote_calibre.htm ou encore les motions de censure votées par les parlementaires, sous la troisième, afin de pouvoir devenir ministre à la place de ceux actuels)

C'est pour cela que j'affirmais qu'avec les mentalités dont nous disposons en France, nous ne pouvons pas faire autrement que d'avoir un pouvoir exécutif fort (raison pour laquelle De Gaulle orienta la constitution de la Vème république dans ce sens en faisant du président Français l'un des présidents avec le plus de pouvoirs parmi les présidents dans le monde) car les contre-pouvoir (au niveau parlementaire) n'apportent qu'une paralysie du système.


Il en est de même en Afrique. Les occidentaux ne comprennent pas que ce système n'est pas fait pour ces pays là qui ont besoin d'un chef d'état autoritaire (pas nécessairement au sens dictateur). Les gens n'ont pas la même culture politique et la même discipline que les européens. Seul un pouvoir fort peut les contraindre à ne pas faire exploser le système. Pour prendre un exemple, lors des dernières élections au Sénégal, il était quasi impossible, lors de manifestations de soutien à l'un ou l'autre des candidats (Macky Sall ou Abdoulaye Wade), qu'un citoyen soutenant l'un des candidats puisse croiser un soutien de l'autre candidat sans que cela ne finisse en pugilat (la discipline n'est pas la même, laisser aux gens trop de latitude, c'est s'assurer d'une dictature de la majorité qui ne se souciera guère des aspirations des minorités).


Quant à l'adhésion des peuples, selon les peuples elle n'aura jamais lieu. Culturellement, en France, nous sommes un peuple d'éternels insatisfaits. Quelles que soient les politiques mises en avant, nous trouverons toujours des griefs à émettre contre les gouvernants (c'est un principe de vie, il faut critiquer le patron et je pense que chacun dans ses expériences professionnelles pourra attester de cette réalité).
Ainsi, les Français n'adhéreront jamais au pouvoir en place et ce nonobstant les potentielles réussites économiques, sociales ou sociétales de celui-ci. D'autant plus qu'il est impossible de contenter tout le monde dans un pays de plusieurs millions d'habitants. Dès lors il se trouvera toujours des lois que l'on n'agréera point et celles-ci seront un prétexte à notre colère quand bien même la majorité des autres mesures nous satisferont.

Nous n'avons pas la culture du compromis, il faut que l'on réponde à toutes nos revendications personnelles sinon le gouvernant deviendra un ennemi à abattre pour nous, c'est ainsi dans ce pays. Les gens ne sont jamais contents, se plaignent sans cesse et n'adhéreront jamais aux gouvernants (à chaque élection la côté du président est forte puis diminue au fur et à mesure de sa législature et ce quelles que soient sa politique).
Mais encore une fois, cela dépend des peuples.
 
A ce propos pour illustrer :

- Les Français ont voté pour Mitterrand en 81
- Ils ont voté contre lui en 86 lors des législatives
- Ils ont voté pour lui en 88 et contre l'assemblée qu'ils avaient élue en 86 lors des législatives de 88
- Ils ont voté contre lui en 93 lors des législatives
- Ils ont voté pour Chirac en 95
- Ils ont voté contre lui en 97 lors des législatives
- Ils ont voté pour lui en 2002 et contre l'assemblée qu'ils avaient élue en 97 lors des législatives de 2002 (suite à ça Chirac a fait coincider élections présidentielles et législatives)
- Ils ont voté pour la droite en 2007 (ils ont voté contre la droite durant les élections qui eurent lieu entre 2007 et 2012. Au point que le Sénat a basculé à gauche pour la première fois de l'histoire il me semble)
- Ils ont voté pour la gauche en 2012 (ils ont voté contre la gauche durant les élections qui eurent lieu entre 2012 et 2017)
- Ils ont voté pour le centre droit en 2017 (ils voteront assurément contre lui durant toutes les élections entre 2017 et 2022).

C'est ainsi, nous ne sommes jamais satisfaits et prenons rapidement en grippe tous ceux que nous adulions auparavant.
 

Siith

N'éclaire plus...
VIB
Quant à l'adhésion des peuples, selon les peuples elle n'aura jamais lieu. Culturellement, en France, nous sommes un peuple d'éternels insatisfaits. Quelles que soient les politiques mises en avant, nous trouverons toujours des griefs à émettre contre les gouvernants (c'est un principe de vie, il faut critiquer le patron et je pense que chacun dans ses expériences professionnelles pourra attester de cette réalité).
Ainsi, les Français n'adhéreront jamais au pouvoir en place et ce nonobstant les potentielles réussites économiques, sociales ou sociétales de celui-ci. D'autant plus qu'il est impossible de contenter tout le monde dans un pays de plusieurs millions d'habitants. Dès lors il se trouvera toujours des lois que l'on n'agréera point et celles-ci seront un prétexte à notre colère quand bien même la majorité des autres mesures nous satisferont.

Nous n'avons pas la culture du compromis, il faut que l'on réponde à toutes nos revendications personnelles sinon le gouvernant deviendra un ennemi à abattre pour nous, c'est ainsi dans ce pays. Les gens ne sont jamais contents, se plaignent sans cesse et n'adhéreront jamais aux gouvernants (à chaque élection la côté du président est forte puis diminue au fur et à mesure de sa législature et ce quelles que soient sa politique).
Mais encore une fois, cela dépend des peuples
Si le fameux poncif du français râleur n'est pas faux, il n'est pas non plus forcément un frein à la démocratie. Interroger le politique et les gouvernements est au contraire signe de bonne santé si ça ne reste pas de la posture, mais que ça se traduit en propositions et en avis pluriels. Le français aime avoir des options, il est attaché à la diversité des partis politiques.
La stabilité d'un régime n'est pas synonyme d'équité ou de légitimité...
Après je te rejoins sur le fait que la démocratie participative ne fonctionne pas partout, pour tous les peuples ou territoires, ce n'est pas exportable.
Pour la France, je ne sais pas si un Pouvoir fort et centralisé est la solution, on voit bien actuellement les résistances populaires et la demande de souveraineté plus directe.
La Loi en France est trop peu soumise à l'approbation populaire, le pouvoir législatif est assez déconnecté de la base.
 
Dernière édition:

Ebion

Ça a l'air que je suis l'esclave da partida
VIB
Si le fameux poncif du français râleur n'est pas faux, il n'est pas non plus forcément un frein à la démocratie. Interroger le politique et les gouvernements est au contraire signe de bonne santé si ça ne reste pas de la posture, mais que ça se traduit en propositions et en avis pluriels. Le français aime avoir des options, il est attaché à la diversité des partis politiques.
La stabilité d'un régime n'est pas synonyme d'équité ou de légitimité...
Après je te rejoins sur le fait que la démocratie participative ne fonctionne pas partout, pour tous les peuples ou territoires, ce n'est pas exportable.
Pour la France, je ne sais pas si un Pouvoir fort et centralisé est la solution, on voit bien actuellement les résistances populaires et la demande de souveraineté plus directe.
La Loi en France est trop peu soumise à l'approbation populaire, le pouvoir législatif est assez déconnecté de la base.

Quand un pays organise des "élections", et que le président sortant remporte 95% des suffrages, dites-vous bien que ça n'a rien à voir avec une démocratie, et le truquage est tellement grotesque qu'on se demande bien de qui on se moque.

Au Québec, le parti actuellement au pouvoir a eu environ 40% du vote, et on considère cela comme un bon score pour lui. Aux USA, l'appui pour l'un ou l'autre des partis oscille généralement entre 40 et 60%.
 

Siith

N'éclaire plus...
VIB
Quand un pays organise des "élections", et que le président sortant remporte 95% des suffrages, dites-vous bien que ça n'a rien à voir avec une démocratie, et le truquage est tellement grotesque qu'on se demande bien de qui on se moque.

Au Québec, le parti actuellement au pouvoir a eu environ 40% du vote, et on considère cela comme un bon score pour lui. Aux USA, l'appui pour l'un ou l'autre des partis oscille généralement entre 40 et 60%.
Pour des élections de politique générale, ça me paraît effectivement des chiffres sains. Il y a peu de sujets qui remporte réellement une adhésion unanime, ça paraît logique...
Aux USA, je trouve déjà que le citoyen a perdu de son pouvoir décisionnaire en voyant son choix réduit à seulement 2 partis.
 
Pour la France, je ne sais pas si un Pouvoir fort et centralisé est la solution, on voit bien actuellement les résistances populaires et la demande de souveraineté plus directe.
La Loi en France est trop peu soumise à l'approbation populaire, le pouvoir législatif est assez déconnecté de la base.
Pour en venir au concept de souveraineté directe. Je me suis progressivement forgé un avis dessus et j'y suis opposé pour diverses raisons.
Quel est selon vous le degré de sagacité, de sagesse, de réflexion, d'indépendance d'esprit d'une masse (entendez par là d'un peuple) et donc par corollaire sa capacité à produire un droit qui se voudra juste, dans l'optique où les gouvernants lui offriraient une possibilité d'expression de ses revendications qui seraient ainsi traduites législativement ?

En ce qui me concerne je n'ai pas une très bonne image des foules. Je doute de leurs capacités, telles que celles que j'évoquais plus haut. Je crains qu'elles ne soient que des proies faciles pour les sophistes qui sauront correctement les suggestionner pour les mener là où ils le désireront et s'élever en s'appuyant dessus (on le voit historiquement dans certains mouvements "révolutionnaires" où émergèrent des "démagogues" qui prirent le pouvoir, dont ils abusèrent par la suite, après avoir réussi à s'ériger en tant que représentants officiels du peuple).

Plus généralement, c'est l'idée même démocratique qui ne m'agrée guère car je considère que le plus ne peut émaner du moins. Ainsi, un peuple qui se caractérise par son incompétence ne peut naturellement que tendre vers la production de normes (ou de dirigeants s'il n'a pas la possibilité de produire directement les lois) qui seront à son image, à savoir mauvaises.
L'avis moyen qui résulte des interactions mentales au sein d'une foule se trouve, non pas à hauteur des avis individuels moyens, mais à hauteur des avis individuels les plus inférieurs de ceux qui composent cette foule.
Tout pouvoir provient de l'unicité, c'est de ce principe que découle toute multiplicité. Vouloir faire de la multitude le fondement du pouvoir, c'est, à mon sens, tenter de renverser l'ordre des choses et donc se résigner à produire des choses nécessairement néfastes.

Dieu est unique, Il commande. Les humains sont une multitude, ils obéissent. L'élite commande la masse, le père commande son foyer, le créateur commande les créatures, l'unicité commande la multiplicité et non pas l'inverse.
 

Siith

N'éclaire plus...
VIB
Pour en venir au concept de souveraineté directe. Je me suis progressivement forgé un avis dessus et j'y suis opposé pour diverses raisons.
Quel est selon vous le degré de sagacité, de sagesse, de réflexion, d'indépendance d'esprit d'une masse (entendez par là d'un peuple) et donc par corollaire sa capacité à produire un droit qui se voudra juste, dans l'optique où les gouvernants lui offriraient une possibilité d'expression de ses revendications qui seraient ainsi traduites législativement ?

Dieu est unique, Il commande. Les humains sont une multitude, ils obéissent. L'élite commande la masse, le père commande son foyer, le créateur commande les créatures, l'unicité commande la multiplicité et non pas l'inverse.
Un peuple n'est pas une foule. Aristote par exemple faisait parfaitement la différence entre le Plethos et le Demos. C'est la science politique, le recours aux médias de masse, l'invention de cette opinion publique monolithique, qui ont véhiculé l'idée qu'un agréagat de citoyens pouvait être manipulé comme une foule. Dans le but bien sûr, de se passer de l'adhésion de ce peuple qui, comme tu le reprends ici, serait une masse manquant de sagacité et d'indépendance simplement par son volume? C'est une déformation de la notion de foule, qui a conduit à la trahison de l'idéal démocratique.
Je vois plus de conformisme et de pensée unique dans les élites que dans le peuple, ce qui est logique parce que l'enjeu est simplement le maintien de leurs privilèges...
La compétence n'a rien à voir avec la justice ou la légitimité, ou l'intérêt collectif. La Loi sert le Pouvoir, et le Pouvoir me semble corrupteur par essence, comme je l'ai expliqué plus haut. S'accaparer la Loi c'est s'assurer la sujétion populaire.

Au-delà de ça, je suis d'accord que toutes les éruptions de volonté populaire ont été récupérées par une nouvelle élite. Remplacer l'aristocratie par la grande bourgeoisie "républicaine" n'a pas changé grand-chose dans l'équilibre social. Peut-être justement parce que le peuple est facilement convaincu de son incompétence ?
Je ne pense pas non plus que la démocratie occidentale soit la panacée, mais pas pour les mêmes raisons que toi...un régime fort et centralisé ne me fait pas grimacer non plus, tant qu'il a l'adhésion de la majorité du peuple. Historiquement la valse des élites, le passage d'une élite à l'autre est conduite par le rejet populaire, qu'il soit sincère ou manipulé de l'extérieur...
S'il n'y a pas une adhésion, à un niveau conscient ou non, de la multitude, il n'y a pas de Pouvoir absolu. Pour le fait religieux, le patriarcat, c'est pareil...
 
[QUOTE="Ebion, post: 16094564, member: 130060fit suite)

""


Le second des dangers mentionnés plus haut, la restriction forcée des libertés par

les assemblées parlementaires, moins visible en apparence est cependant fort réel. Il
est la conséquence des innombrables lois, toujours restrictives, dont les parlements,
avec leur esprit simpliste, voient mal les conséquences, et qu'ils se croient obligés de
voter.

Il faut que ce danger soit bien inévitable, puisque l'Angleterre elle-même, qui
offre assurément le type le plus parfait du régime parlementaire, celui où le représentant
est le plus indépendant de son électeur, n'a pas réussi à s'y soustraire. Herbert
Spencer, dans un travail déjà ancien, avait montré que l'accroissement de la liberté
apparente devait être suivi d'une diminution de la liberté réelle.

[...]


Cette restriction progressive des libertés se manifeste pour tous les pays sous une

forme spéciale, que Herbert Spencer n'a pas indiquée, et qui est celle-ci : La création
de ces séries innombrables de mesures législatives, toutes généralement d'ordre
restrictif, conduit nécessairement à augmenter le nombre, le pouvoir et l'influence des
fonctionnaires chargés de les appliquer. Ils tendent ainsi progressivement à devenir
les véritables maîtres des pays civilisés. Leur puissance est d'autant plus grande, que,
dans les incessants changements de pouvoir, la caste administrative est la seule qui
échappe à ces changements, la seule qui possède l'irresponsabilité, l'impersonnalité et
la perpétuité. Or, de tous les despotismes, il n'en est pas de plus lourds que ceux qui
se présentent sous cette triple forme.

Cette création incessante de lois et de règlements restrictifs entourant des formalités
les plus byzantines les moindres actes de la vie, a pour résultat fatal de rétrécir de
plus en plus la sphère dans laquelle les citoyens peuvent se mouvoir librement.
Victimes de cette illusion qu'en multipliant les lois l'égalité et la liberté se trouvent
mieux assurées, les peuples acceptent chaque jour de plus pesantes entraves.
Ce n'est pas impunément qu'ils les acceptent. Habitués à supporter tous les jougs,
ils finissent bientôt par les rechercher, et arrivent à perdre toute spontanéité et toute
énergie. Ils ne sont plus alors que des ombres vaines, des automates passifs,. sans

volonté, sans résistance et sans force.

Mais alors les ressorts que l'homme ne trouve plus en lui-même, il est bien forcé
de les chercher hors de lui-même. Avec l'indifférence et l'impuissance croissantes des
citoyens, le rôle des gouvernements est obligé de grandir encore. Ce sont eux qui
doivent avoir forcément l'esprit d'initiative, d'entreprise et de conduite que les
particuliers n'ont plus. Il leur faut tout entreprendre, tout diriger, tout protéger. L'État
devient un dieu tout-puissant. Mais l'expérience enseigne que le pouvoir de tels dieux
ne fut jamais ni bien durable, ni bien fort.

Cette restriction progressive de toutes les libertés chez certains peuples, malgré
une licence extérieure qui leur donne l'illusion de les posséder, semble être une
conséquence de leur vieillesse tout autant que celle d'un régime quelconque. Elle
constitue un des symptômes précurseurs de cette phase de décadence à laquelle
aucune civilisation n'a pu échapper jusqu'ici.

""[/QUOTE]
La democratie c est jean jaque
Rousseau il a dit on rentre en societe
Que pour son avantage
Y a jamais eu democratie y a simplement
Un esclavagisme intelligent
 

Ebion

Ça a l'air que je suis l'esclave da partida
VIB
@majid10

On peut effectivement se demander si les grands idéaux démocratiques ont déjà été appliqués honnêtement, a fortiori à l’échelle d’un pays. Il y a beaucoup d’obstacles culturels, sociaux et économiques à une vraie prise de pouvoir par les citoyens, en particulier les marginalisés.

D’ailleurs il y a marginalisé et marginalisé, certains sont davantage reconnus et protégés par les politiciens, médias, associations. Les Juifs sont mieux organisés pour revendiquer leurs droits que les immigrés arabes ou subsahariens. Tout comme les homosexuels sont plus reconnus que les personnes vivant avec une déficience intellectuelle ou une schizophrénie!!
 
S'il n'y a pas une adhésion, à un niveau conscient ou non, de la multitude, il n'y a pas de Pouvoir absolu. Pour le fait religieux, le patriarcat, c'est pareil...
Qu'est ce que qui sous-tend l'idée démocratique (dans son sens originel). L'idée grossière qu'une voix est égale à une autre voix, en somme que tous les avis se valent (avis manifestés par un vote sur l'édiction d'une norme législative notamment).

L'on peut aisément constater le caractère inepte d'une telle assertion. Comment envisager que le paysan du Larzac puisse se trouver au même niveau de connaissances dans le domaine économique et donc aussi apte à s'exprimer sur l'opportunité de telle ou telle mesure qu'un financier de la défense.

Cela ne signifie pas que le financier se prononcera nécessairement en faveur de mesures qui s'avéreront plus justes pour tous, certainement défendra t-il une vision économique dans laquelle ses intérêts personnels seront préservés et ce peut-être nonosbtant l'intérêt général, mais son niveau de conscience sera bien plus élevé de sorte à ce qu'il se trouvera plus en mesure de savoir ce qui constituera un danger pour son pays et ce qui ne le sera pas.

Il en est de même dans tous les domaines dans lesquels les normes de droit s'appliquent. Un peuple est incompétent par essence car les individus qui le composent sont très largement insuffisamment au fait des sujets sur lesquels ceux-ci sont susceptibles de s'exprimer.
Leurs positionnements ne résultent en réalité que d'intuitions ou d'une confiance aveugle détenue à l'égard de telle ou telle personnalité qui aura su trouver les ressorts psychologiques pour influer sur eux.

Prenez un patron d'entreprise lambda qui, dans la gestion quotidienne de son entreprise, se comporte en tant que despote, se montre désagréable avec les gens, prend des décisions défavorables pour ceux-ci, mène une politique qui sert principalement ses intérêts personnels.
Otez lui ses pouvoirs et confiez les à l'ensemble du personnel. Quels risques prenez-vous ?
Tout d'abord vous mettez en péril les personnels minoritaires qui n'auront pas su s'intégrer et qui se trouveront alors sur un siège éjectable (on en revient toujours à la dictature de la majorité), puis, du fait de l'inexpérience du personnel dans la gestion d'une boite, vous mettez en péril son existence même.

D'autant plus que dans une telle perspective, il y a de fortes chances pour qu'un ou quelques individus finissent par prendre psychologiquement l'ascendant sur les autres. Ceux-ci mèneront alors la danse et rallieront à eux la majorité des gens qui les suivront avec une mise à la marge de ceux qui s'y opposeront (on voit très bien à l'oeuvre ce genre de phénomènes sociologiques dans des télé-réalités telles Koh Lanta par-exemple où, dans un groupe, un leader finit toujours par émerger et par prendre le pouvoir sur les individus qui le composent et qui finiront par se soumettre à lui).

Vous remplacerez donc un dirigeant despote, mais relativement compétent, par un collègue despote mais incompétent.

Tel est l'aboutissement nécessaire de l'égalitarisme inepte que porte en elle l'idée démocratique. Les démagogues, les pervers, les stratèges incompétents qui se substituent à une élite relativement éclairée malgré l'égoisme qui la caractérise à travers les privilèges qu'elle s'octroie.
 
Le philosophe (entendez par là le sage) est plus à même de mener la cité que le citoyen lambda, dont l'esprit est inférieur et qui s'avère corruptible par-essence (au sens manipulable à souhait).



Pour conclure, il m'apparait évident que les positionnements ne procèdent pas du même niveau de compétence. Le philosophe qui s'exprime dans son domaine produira un raisonnement de qualité supérieure à celle d'un néophyte qui débutera cette discipline. Ce qui ne veut pas dire que ce premier se situera plus proche de la vérité lorsqu'il manifestera son avis mais cela signifie que celui-ci argumentera mieux, aura une cohérence plus prononcée et disposera davantage d'outils que le néophyte qui sera moins bien armé et donc naviguera plus dans le flou.

Donc oui, l'incompétence d'un peuple, outre résultant d'interactions mentales, qui tirent vers le bas les individus, dont je parlais dans un autre message, est aussi l'émanation de son manque de connaissances sur les divers sujets où les normes législatives s'appliquent. C'est donc prendre un risque que de faire appel à quelqu'un pour qu'il produise du droit sur un sujet dont il n'y connait rien. C'est ET prendre le risque qu'il créé n'importe quoi en se fiant à sa seule intuition ET prendre le risque qu'il ne fasse que reproduire l'avis d'un démagogue qui aura su le mettre sous sa sujétion.
 
Haut