Trois jours avant l’attentat à Moscou, Poutine qualifiait les avertissements de Washington de «chantage évident



pixel
Le 7 mars dernier, l’ambassade américaine en Russie alertait sur un risque d’attentat «imminent» à Moscou. Un avertissement balayé par le président russe dans son discours prononcé mardi devant le FSB.

Au lendemain de l’attaque terroriste qui a coûté la vie vendredi soir à au moins 60 personnes et plus d’une centaine de blessés dans une salle de concert de Moscou, une petite phrase prononcée trois jours plus tôt par Vladimir Poutine ressurgit : «Les déclarations provocantes récentes d’un certain nombre de responsables occidentaux sur de possibles attaques terroristes en Russie» ne sont que «purs chantages». Le président russe, tout juste réélu le week-end précédent, s’exprimait mardi dernier devant le bureau du FSB, le service de renseignement intérieur de la Russi
La séquence interroge, tant elle semble montrer que ni le président russe, ni son puissant service de renseignement précisément chargé de lutter contre le crime organisé et le terrorisme, n’avaient anticipé la menace d’une telle attaque sur le sol russe. Elle est relayée par plusieurs médias anglosaxons et ukrainien, comme le New York Times, le Washington Post ou le Kiev Post. Elle avait fait l’objet d’une dépêche de Tass, article qui n’était plus trouvable sur le site de l’agence d’Etat russe au lendemain de l’attaque terroriste.
Le renseignement américain avait collecté des éléments prouvant que l'Etat islamique au Khorasan (EI-K), la branche afghane du groupe terroriste, avait planifié une attaque à Moscou, rapporte ce samedi The New York Times. Le 7 mars dernier, soit deux semaines avant la tuerie de vendredi, l’ambassade américaine en Russie publiait une «alerte de sécurité» à ses ressortissants. «Évitez les grands rassemblements au cours des prochaines 48 heures», avait-on averti. Et d’ajouter : «L'ambassade surveille les informations selon lesquelles des extrémistes envisagent de cibler de grands rassemblements à Moscou». «Y compris des concerts», était-il précisé, alors que la fusillade a justement eu lieu lors d’un concert de rock. Dans son message, l’ambassade incitait ses citoyens à «éviter les foules», à «surveiller les médias locaux» et être «conscient» de leur «environnement».
En plus de cette annonce publique, les Etats-Unis affirment avoir informé en privé les autorités russes de ce risque d’attentat, écrit encore le New York Times qui précise ne pas connaitre le niveau de détail des informations transmises à Moscou.

 

L’EI, une influence limitée en Russie​

L’attaque a été revendiquée par l’État islamique. L'influence des terroristes de Daech est pourtant toujours restée limitée en Russie. Des chiffres officiels indiquent qu'entre 4500 et 5000 ressortissants, dont une bonne partie sont originaires du Caucase, ont combattu aux côtés de l'organisation. C'est dans ces zones, ainsi qu'au Daguestan, qu'ont d'ailleurs eu lieu les plus récentes attaques de l'EI sur le territoire. De même qu'en Ingouchie, région d'origine de Mohammed Mogouchkov, le djihadiste assassin du professeur Dominique Bernard à Arras, le 13 octobre 2023. En avril 2017, deux policiers avaient été tués à Astrakhan, ville de 500.000 habitants construite sur la Volga, à quelques centaines de kilomètres du Caucase.
Malgré l'affrontement qui fait rage avec Kiev, Moscou poursuit régulièrement ses opérations antiterroristes. Le 3 mars, les forces spéciales du FSB sont intervenues dans la ville de Karaboulak, en Ingouchie. Six combattants, suspectés d'une attaque contre un poste de police et le meurtre de trois policiers en mars 2023, ont été abattus dans un immeuble. Quatre jours plus tard, la Russie a affirmé avoir démantelé une cellule de l'État islamique-Khorasan (EI-K) dans la région de Kalouga, au sud-ouest du pays. Cette branche de l'EI en Afghanistan - à l'origine d'une attaque contre l'ambassade russe à Kaboul en 2022 - était accusée d'avoir préparé un attentat contre une synagogue moscovite. Le FSB a alors dit avoir saisi des «armes à feu, des munitions, et des composants pour la fabrication d'un engin explosif artisanal».
 
Haut