Et si nous nous trompions de transition ?

mam80

la rose et le réséda
Modérateur
suite gilets jaunes carburant essence diésel -voiture électrique


Donnant l’illusion confortable d’une dématérialisation de l’économie
à l’heure où il nous faut réduire notre empreinte écologique, la transition numérique entrave les écosystèmes naturels.

La Californie abrite deux types d’écosystèmes exceptionnels : les écosystèmes naturels et les écosystèmes numériques. Les premiers sont entrés en crise structurelle depuis le début des années 2010 : sécheresse, incendies, inondations, pollutions de l’air, etc.

Les seconds sont florissants : Apple est devenue cette année la première entreprise de l’histoire à atteindre 1 000 milliards de dollars de capitalisation boursière. L’allégorie californienne des deux écosystèmes nous dit à quel point nous réussissions la transition numérique et à quel point nous ratons la transition écologique.

Mais quel rapport ? Peut-on raisonnablement affirmer que l’une se fait au détriment de l’autre ?

De nombreux éléments l’indiquent : les volumes astronomiques d’énergie (à 80 % fossiles aujourd’hui) requise par les centres de traitement et de stockage des données, (dont les bitcoins ou toute autre monnaie dématérialisée) les quantités gargantuesques de déchets produites par la métamorphose de notre société de consommation en société de livraison, les dommages écologiques colossaux liés, en amont, à l’extraction des composantes des appareils numériques et, en aval, à leur recyclage minimal, quand il existe.

Sociétés d’intermittence et de diversion
Mais ne serait-il pas facile de mettre la transition numérique au service de la transition écologique ?

C’est le contraire qui est de plus en plus apparent : la transition numérique entrave matériellement, symboliquement et psychologiquement la transition écologique.
Parce qu’elle donne l’illusion confortable d’une dématérialisation de l’économie à l’heure où il nous faut mesurer et réduire son empreinte destructrice de notre bien-être. Parce qu’elle accélère sans fin le temps pour le rentabiliser et raccourcit nos horizons collectifs au moment précis où il nous faut retrouver le sens du temps long.

Parce qu’elle nous enferme dans des sociétés d’intermittence et de diversion, de haute fréquence mais de basse intensité, alors que les défis sociaux et écologiques du début du XXIe siècle exigent une énergie sociale maximale et continue.

Ne peut-on dire au moins que la transition numérique est un formidable accélérateur de connaissances indispensables à la résolution des crises écologiques ?

C’est tout sauf évident : rien n’indique que l’humanité soit formidablement plus intelligence depuis vingt ans. L’intensité croissante des crises écologiques est plutôt le signe que

nous sommes en train de perdre la grande course entre la compréhension de notre milieu de vie et sa destruction.

Pour ne prendre que l’exemple de la science du climat, ses grandes lignes, incroyablement robustes, ont été arrêtées à la fin des années 80, très exactement avant l’aube de la transition numérique.

Mais que faire, étant entendu que rien n’arrêtera plus la «révolution» numérique ?

Tout.

Et d’abord comprendre qu’il n’y a aucune autre urgence à la transition numérique que la transition numérique elle-même.

L’urgence c’est de sauvegarder nos écosystèmes, pas nos données.
L’urgence, c’est d’actualiser nos connaissances scientifiques, pas nos profils. Fondamentalement, il faut décélérer la transition numérique afin d’accélérer la transition écologique. L’imaginaire clé à l’œuvre ici est que la transition numérique simplifie la vie et fluidifie les échanges humains, tandis que la transition écologique diminue le bien-être et punit les individus. Ces deux idées devraient presque être inversées pour refléter la réalité.

«Luddisme écologique»

La transition numérique complique et ralentit beaucoup plus qu’elle ne simplifie et fluidifie.

Elle complique d’abord les rapports humains dans l’espace et, de ce fait, ralentit la coopération.

Ainsi, elle rive nos regards vers le bas au lieu de les projeter vers l’avant ou vers le ciel.
Les passants ne se regardant plus, ils ne se considèrent plus les uns les autres et n’ont presque plus conscience de leur environnement.


La circulation sur les trottoirs s’en trouve compliquée, tout comme dans les transports publics et sur les routes (le nombre d’accidents liés à l’usage des appareils numériques ne cesse de croître).

.../...
 

mam80

la rose et le réséda
Modérateur
suite et fin

La transition numérique complique et ralentit également la coopération dans le temps :

l’interruption permanente de l’attention et la diversion constante rendent impossible la continuité requise par la coopération.
L’intermittence technologique est l’ennemie de la continuité sociale et donc de la transition écologique.

On peut donc plaider tout à fait sérieusement pour un «luddisme écologique» :

un mouvement conscient de ralentissement de la transition numérique consistant à mettre les objets numériques à distance dans l’espace et dans le temps,
à préserver les enfants de leur usage (les cadres de la Silicon Valley font actuellement signer des contrats «sans écran» à leurs nounous),
à réguler fermement les nuisances inutiles telle que l’Internet des objets (via lequel les ex-conjoints se persécutent aux Etats-Unis),
à proscrire les folies dangereuses comme la voiture autonome (qui élimine littéralement les humains).

Cela ne permettra pas de réaliser par magie la transition écologique, mais, en libérant l’attention individuelle et sociale, cela lui donnera une chance.

La transition numérique a un rapport essentiel avec la transition écologique : en numérisant un monde que nous détruisons, elle devient la mémoire de notre échec.

Il est temps de libérer la transition écologique du piège numérique.

AUSSI SUR MSN: Christian Blanc alerte sur les dangers de la technocratie... et du numérique

mam
 
Pfff...mam, qui est prêt à lâcher son smartphone, dont l'empreinte écologique est désastreuse, ou à le garder jusqu'à sa fin de vie sans le changer pour un modèle plus récent?
Tu as vu les décharges de NOS appareils en Afrique? Tu as vu le désastre environnemental des mines de métaux rares en chine pour fabriques NOS smartphones? mais qui va le faire?
personne.
Il prêche dans le vide.
 

Hibou57

Comme-même (tm)
VIB
[…] L’allégorie californienne des deux écosystèmes nous dit à quel point nous réussissions la transition numérique et à quel point nous ratons la transition écologique.

[…]
Même pas, même le numérique est en crise permanente depuis au moins le début des années 2000. Même le monde numérique est déconnecté de la réalité et sert essentiellement à maintenir la déconnexion d’avec la réalité, comme le dit d’ailleurs la fin du premier message. L’informatique était une belle invention qui a été saccagée et détournée par des idéologues d’extrême‑gauche, même si le discours populiste de la « consommation gratuite sans limite » a séduit quasiment tout le monde. J’y vois même une preuve que les soit‑disant écologistes sont bien des soit‑disant écologistes. Pour le reste, le mouvement d’extrême‑gauche derrière ça (en particulier un mouvement appelé « librisme »), je les compare à une mouche enfermée dans un bocal transparent : elle voit le monde à travers le verre du bocal et croit alors qu’elle y est et que le monde est dans le bocal, mais se heurte invariablement à la parois du bocal.
 

Hibou57

Comme-même (tm)
VIB
[…]

Il est temps de libérer la transition écologique du piège numérique.

[…]
Je crains que ça n’arrive jamais pour la plupart des gens, il y en a de plus en plus qui s’imaginent déjà que en réalité dans le monde tout est gratuit et que si ça ne l’est pas, c’est à cause d’un complot pour empêcher les gens de se servir sans limite. Comme avec les illusions d’un monde basé sur le crédit dont la plupart refusent d’admettre la fin et ses conséquences, les illusions créées dans le bocal en verre (internet), quasiment personne n’est prêt à les abandonner, encore moins les « cyber‑communistes ».
 
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Hibou57

Comme-même (tm)
VIB
Pfff...mam, qui est prêt à lâcher son smartphone, dont l'empreinte écologique est désastreuse, ou à le garder jusqu'à sa fin de vie sans le changer pour un modèle plus récent?
Tu as vu les décharges de NOS appareils en Afrique? Tu as vu le désastre environnemental des mines de métaux rares en chine pour fabriques NOS smartphones? mais qui va le faire?
personne.
Il prêche dans le vide.
On a pas qu’un problème de ne pas garder jusqu’au bout, on a aussi un problème d’appareil techniquement surdimensionnés (à un point que la plupart des gens n’imaginent pas) pour pouvoir y faire tourner des logiciels extraordinairement goinfres en ressources informatiques tellement ils sont mal conçus mais tant‑pis pourvu qu’ils soient gratuits. La pression qualitative a été déplacée du logiciel au matériel, parce que pour le consommateur moyen il est inadmissible de payer pour un logiciel tandis qu’il ne ressent pas de frustration à payer pour du matériel beaucoup plus difficile à voler. On se retrouve du coup avec l’aberration que le logiciel, qui pourrait être conçu sérieusement à moindre coût écologique, est mal conçu pour préserver sa gratuité en faisant tout reposer sur le matériel où se trouve tout le coût écologique. Malheureusement, inutile d’expliquer ça aux soit‑disant écologistes, ils sont littéralement programmés pour refuser de le comprendre, tellement ils sont accrochés à leur « cyber‑communisme ».
 

mam80

la rose et le réséda
Modérateur
@Hibou57

je n'ai pas compris le rapport :
"ils sont littéralement programmés pour refuser de le comprendre, tellement ils sont accrochés à leur « cyber‑communisme ».


mam
 

Hibou57

Comme-même (tm)
VIB
@Hibou57

je n'ai pas compris le rapport :
"ils sont littéralement programmés pour refuser de le comprendre, tellement ils sont accrochés à leur « cyber‑communisme ».


mam
Ce sont les sciences humaines en france elles‑mêmes (de gauche, c’est quasiment une obligation dans le milieux), qui les appellent comme ça. Les cyber‑communistes sont aussi appelés néo‑communistes. C’est essentiellement le mouvement dit « libriste », mais pas que. C’est un milieux qu’on peut qualifier d’extrême‑gauche, puisqu’il vote nettement majoritairement Mélenchon.
 
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