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PLD (Peace, Love and Diversity)
Poéme / Poémes d'Abdellatif Laâbi
« Tu parles ou on te tue » Ils t'ont tuée Evelyne Tu n'avais pas parlé
Evelyne
un corps minuscule
hâve et ridé
d'enfant empêché de grandir
Déchaussée
la jupe retirée
les pieds sont attachés
les poignets ficelés
rabattus derrière le dos on fait passer
une tringle sous les coudes des
membres entravés on soulève
ainsi le corps on le suspend en
déposant chaque extrémité de la tringle
sur le bord d'une table en bois
Cinq, dix minutes La douleur se ramasse
part du centre de la colonne vertébrale
rampe de vertèbre en vertèbre embrase le dos traverse la nuque
se verse entièrement dans le cerveau
La tête se met à s'alourdir grossit grossit
roule dans le vide Un fauve est juché
sur le dos gratte gratte les vertèbres
atteint la moelle épinière
A l'autre bout du corps le fouet s'abat sur la plante des pieds siffle
claque
cingle jusqu'à devenir écho de la flagellation
d'un corps inerte
ailleurs Évanouissement
Evelyne
un corps minuscule
hâve et ridé
d'enfant empêché de grandir
nue
sur un bureau
La prise est branchée
Les pinces sont avancées griffent les mamelons
et s'y fixent Quelques secondes
et la décharge part coutelas de feu qui larde
taillade pénètre jusqu'à la garde
écharpe Fourmis carnivores
dans le sang Stridences aux
tympans les yeux gonflent
chauffent chauffent Les orbites
ne les contiennent plus les expulsent Évanouissement
« Tu parles ou on te tue » Ils t'ont tuée Evelyne Tu n'avais pas parlé
Evelyne
un corps minuscule
hâve et ridé
d'enfant empêché de grandir
Déchaussée
la jupe retirée
les pieds sont attachés
les poignets ficelés
rabattus derrière le dos on fait passer
une tringle sous les coudes des
membres entravés on soulève
ainsi le corps on le suspend en
déposant chaque extrémité de la tringle
sur le bord d'une table en bois
Cinq, dix minutes La douleur se ramasse
part du centre de la colonne vertébrale
rampe de vertèbre en vertèbre embrase le dos traverse la nuque
se verse entièrement dans le cerveau
La tête se met à s'alourdir grossit grossit
roule dans le vide Un fauve est juché
sur le dos gratte gratte les vertèbres
atteint la moelle épinière
A l'autre bout du corps le fouet s'abat sur la plante des pieds siffle
claque
cingle jusqu'à devenir écho de la flagellation
d'un corps inerte
ailleurs Évanouissement
Evelyne
un corps minuscule
hâve et ridé
d'enfant empêché de grandir
nue
sur un bureau
La prise est branchée
Les pinces sont avancées griffent les mamelons
et s'y fixent Quelques secondes
et la décharge part coutelas de feu qui larde
taillade pénètre jusqu'à la garde
écharpe Fourmis carnivores
dans le sang Stridences aux
tympans les yeux gonflent
chauffent chauffent Les orbites
ne les contiennent plus les expulsent Évanouissement