Un afflux sans précédent de dollars irrigue la campagne de Barack Obama

ilioucha

Vas insigne devotionis
Sur le terrain financier, la mobilisation en faveur de Barack Obama, le candidat démocrate au scrutin présidentiel du 4 novembre, ne faiblit pas. En septembre, il a encore battu le record de toute l'histoire des campagnes présidentielles américaines, récoltant 150 millions de dollars. Le précédent record sur un mois datait d'août, avec "seulement" 66 millions… Après avoir prôné la maîtrise des dépenses électorales, M.Obama avait refusé la proposition présentée en juin par le candidat républicain, John McCain, de limiter celles de cette campagne au plafond public légal (84 millions de dollars sur les deux derniers mois, financés par l'Etat). Lui et son entourage craignaient de voir se remettre en place l'organisation républicaine qui avait si bien réussi à George Bush, où de nombreux "groupes indépendants" payèrent des publicités pour attaquer la candidature démocrate en dehors du décompte du financement public. Ils ne s'attendaient sans doute pas à pareil succès en leur faveur! Car, autre record, M. Obama approche les 600 millions de dollars recueillis en dix-huit mois. Selon son équipe, 632 000 nouveaux donateurs se sont manifestés en septembre, portant leur nombre à plus de 3millions. La contribution médiane est de 86 dollars (le plafond légal de 2000 par individu). Résultat : la différence de moyens entre les deux adversaires influe lourdement sur la campagne.

Dans la dernière ligne droite, M.Obama dispose de quatre fois plus d'argent pour investir dans la publicité politique radiotélévisée, qui joue un rôle prépondérant. Le candidat démocrate n'a pas tort de dire que son adversaire multiplie les attaques pernicieuses à son égard dans ses publicités alors que lui y privilégie ses "propositions". Mais, même en leur consacrant moitié moins d'argent, proportionnellement, que son opposant républicain, les publicités "négatives" de M. Obama restent, en chiffres absolus, plus nombreuses.

"JE RETOURNERAI DANS L'ARIZONA"

M. McCain fait désormais du financement un thème central. Il n'accuse pas son adversaire de fraude, mais anticipe un "scandale" à venir. La loi sur le financement public ayant été adoptée après l'affaire du Watergate et la démission du président Richard Nixon (1974), il juge que son adversaire "brise complètement toute l'idée que nous avons eu \[alors\] de maintenir les coûts et les dépenses sous contrôle" pour moraliser la vie politique. "L'histoire, ajoutait-t-il, dimanche 19 octobre, montre que lorsque l'argent coule à flots illimités dans les campagnes, cela débouche sur le scandale." M. Obama n'en a cure. Il poursuit son périple, privilégiant les Etats-pivots, où l'indécision est la plus grande, mais aussi des Etats républicains où il espère l'emporter. Il était samedi dans le Missouri, où le démocrate John Kerry n'avait recueilli que 46% des suffrages en 2004. Les sondages y donnent M. McCain vainqueur avec seulement un ou deux points d'avance. A Saint Louis, le sénateur de l'Illinois a réuni une foule de 100 000 personnes. Dans son discours, il a commencé à expliquer les dispositions qu'il prendra lorsqu'il sera président. Il s'est alors pris la tête entre les mains : "non, non, je suis superstitieux", avant de reprendre, "si je suis président"… Si l'excès de confiance menace le camp démocrate, le candidat républicain, lui, fait assaut de modestie. C'est en position d'"outsider" qu'il a réalisé les plus grandes choses, expliquait-il dimanche sur Fox News. Dans des Etats clés comme l'Ohio et la Floride, il est loin d'être battu. Et le dernier sondage Zogby Reuters ne lui donne plus nationalement que trois points de retard. Mais il envisage une défaite avec sérénité. "Des campagnes, mon ami, j'en ai menées. Celle-ci sera serrée, et je garde confiance. (…) Mais \[en cas d'échec\], je retournerai dans l'Arizona, et représenterai ses citoyens au Sénat." Ne serez-vous pas désolé? lui a demandé le journaliste Chris Wallace. "Ne soyez pas désolé pour John McCain, et John McCain fera tout pour ne pas s'apitoyer sur lui-même."

Sylvain Cypel
 
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