Un employé modèle expulsé dans son pays, « Il n’a même pas eu le droit de venir chercher ses affaires »

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« Il est tombé dans une embuscade, il n’y a pas d’autre mot. » Les collègues d’Ousmane Touré sont à la fois stupéfaits et attristés depuis qu’ils ont appris l’expulsion de ce jeune Guinéen (23 ans), employé depuis trois ans au restaurant Le Ginger, rue Saint-Jean-du-Pérot.

Vendredi 22 décembre, alors qu’il allait « pointer » au commissariat de La Rochelle comme chaque semaine, il s’est vu signifier son renvoi dans son pays d’origine. « Même les policiers qui avaient l’habitude de le voir tous les vendredis me disent qu’ils sont peinés pour lui, tant il est gentil, témoigne Carlos Foito, patron du Ginger. Ils ont gardé Ousmane sur ordre de la préfecture. Il a été envoyé hier [vendredi] à Bordeaux, où ils l’ont mis dans un avion pour Paris. Je l’ai eu au téléphone, il doit monter dans un avion pour la Guinée à 15 heures. Ça va très vite », s’étonne le restaurateur.

Depuis trois ans, Ousmane Touré avait pourtant tout d’un employé modèle. Encore adolescent quand ses parents sont décédés, le laissant sans ressources avec ses frères, il a d’abord fui en Algérie, traversé le désert, puis le Maroc et enfin la France. Arrivé à La Rochelle, il a trouvé un premier boulot dans un restaurant du centre-ville, avant d’être recommandé à Carlos Foito.

« Une vraie galère »​

« Il est venu me voir juste avant la fermeture des restaurants à cause du Covid, relate le chef rochelais. Comme il n’avait rien pour vivre, il venait à la Rôtisserie [un autre établissement de Carlos Foito], je lui donnais à manger. C’est depuis qu’il m’appelle papa, je l’appelle mon fils. »

Embauché en contrat à durée indéterminée à la plonge, Ousmane Touré est devenu « un pilier » du Ginger selon son patron. « Tout le monde l’adore, remarque Carlos Foito. C’est un gros bosseur, rigoureux, irréprochable et toujours souriant. Ses papiers étaient en cours de régularisation, on est passés par l’ambassade de la Guinée à Paris, c’est une vraie galère, mais on ne pensait pas qu’il serait expulsé aussi vite. Toutes ses affaires sont restées dans son appartement. Il n’a même pas le droit de venir les chercher. »
L’employeur se démène pour trouver une solution, en téléphonant aux élus, aux parlementaires, à la préfecture de la Charente-Maritime. « Tout le monde me dit qu’un samedi, en plus juste avant Noël, c’est compliqué. »
 
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