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Philosophie, spiritualité et autres religions
Un texte de nietzsche sur le sens et la souffrance
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[QUOTE="Ebion, post: 15801511, member: 130060"] Bonjour :timide: Voici un texte tiré du livre de Nietzsche "Généalogie de la morale". """ Si l’on fait abstraction de l’idéal ascétique, on constatera que l’homme, l’[I]animal[/I]-homme, n’a eu jusqu’à présent aucun sens. Son existence sur la terre était sans but ; « pourquoi l’homme existe-t-il ? » — c’était là une question sans réponse ; la [I]volonté[/I] de l’homme et de la terre manquait ; derrière chaque puissante destinée humaine retentissait plus puissamment encore le refrain désolé : « En vain ! » Et voilà le sens de tout idéal ascétique : il voulait dire que quelque chose [I]manquait[/I], qu’une immense [I]lacune[/I] environnait l’homme, — il ne savait pas se justifier soi-même, s’interpréter, s’affirmer, il [I]souffrait[/I] devant le problème du sens de la vie. Il souffrait d’ailleurs de bien des manières, il était avant tout un animal [I]maladif :[/I] mais son problème n’était pas la souffrance en elle-même, c’était qu’il n’avait pas de réponse à cette question angoissée : « [I]Pourquoi[/I] souffrir ? » L’homme, le plus vaillant, le plus apte à la souffrance de tous les animaux, ne rejette pas la souffrance en soi : il la cherche même, pourvu qu’on lui montre la raison d’être, le [I]pourquoi[/I] de cette souffrance. Le non-sens de la douleur, et [I]non[/I] la douleur elle-même est la malédiction qui a jusqu’à présent pesé sur l’humanité, — [I]or, l’idéal ascétique lui donnait un sens ![/I] C’était jusqu’à présent le seul sens qu’on lui eût donné ; n’importe quel sens vaut mieux que pas de sens du tout ; l’idéal ascétique n’était à tous les points de vue que le « [I]faute de mieux » par excellence[/I], l’unique pis-aller qu’il y eût. Grâce à lui la souffrance se trouvait expliquée ; le vide immense semblait comblé, la porte se fermait devant toute espèce de nihilisme, de désir d’anéantissement. L’interprétation que l’on donnait à la vie amenait indéniablement une souffrance nouvelle, plus profonde, plus intime, plus empoisonnée, plus meurtrière : elle fit voir toute souffrance comme le châtiment d’une [I]faute[/I]… Mais malgré tout — elle apporta à l’homme le [I]salut[/I], l’homme avait un [I]sens[/I], il n’était plus désormais la feuille chassée par le vent, le jouet du hasard inintelligent, du « non-sens », il pouvait [I]vouloir[/I] désormais quelque chose, — qu’importait d’abord ce qu’il voulait, pourquoi, comment plutôt telle chose qu’une autre : [I]la volonté elle-même était du moins sauvée[/I]. Impossible d’ailleurs de se dissimuler la [I]nature[/I] et le [I]sens[/I] de la volonté à qui l’idéal ascétique avait donné une direction : cette haine de ce qui est humain, et plus encore de ce qui est « animal », et plus encore de ce qui est « matière » ; cette horreur des sens, de la raison même ; cette crainte du bonheur et de la beauté ; ce désir de fuir tout ce qui est apparence, changement, devenir, mort, effort, désir même — tout cela signifie, osons le comprendre, une [I]volonté d’anéantissement[/I], une hostilité à la vie, un refus d’admettre les conditions fondamentales de la vie ; mais c’est du moins, et cela demeure toujours, une [I]volonté ![/I]… Et pour répéter encore en terminant ce que je disais au début : l’homme préfère encore avoir la volonté du [I]néant[/I] que de ne [I]point[/I] vouloir du tout… """ [/QUOTE]
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