amsawad
Tayri nem tuder g-ul inu
Reportage. Une enquête au pays de Khattabi
Le 20 février, cinq Hoceïmis sont morts dans des conditions encore non élucidées. Dans la ville, la contestation ne faiblit pas et les familles des victimes, ainsi quune partie des habitants, accusent lEtat dêtre responsable de leur mort.
Il est 20 h sur la place centrale dAl Hoceïma lorsque retentit lhymne national. Ce dimanche 10 juillet, le Mouvement du 20 février a du mal à faire porter sa voix, étouffée par les baffles des baltajias. Quand les uns appellent à plus de démocratie et de justice sociale, les autres répondent oui à la Constitution, et tant pis si le oui a déjà enregistré
un score stalinien. Même si lambiance est bon enfant et quaucun heurt na été enregistré ce jour-là, la tension dans la ville est palpable. La capitale du Rif totalise le plus grand nombre de morts depuis le début des contestations dans le pays. Pour mémoire, après les manifestations du 20 février, cinq cadavres calcinés avaient été découverts dans une agence bancaire incendiée. La vérité na toujours pas été établie sur les circonstances de ces morts et les familles des victimes crient au scandale. De nombreuses zones dombre dans cette affaire poussent les familles, le Mouvement du 20 février, les acteurs associatifs et une bonne partie de la ville à désigner lEtat comme responsable. Al makhzen kay ktal (le Makhzen tue), scandaient les manifestants lors de la dernière mobilisation du Mouvement du 20.
Le jour du drame
Dans tous les taxis de la ville, on ne parle que de ces cinq jeunes, morts il y a plus de quatre mois, dans des conditions qui restent mystérieuses pour les Hoceïmis. On le sait bien, les taxis donnent souvent la température dune ville. Le 20 février, au lancement de la contestation, 50 000 personnes défilaient dans les rues dAl Hoceïma selon les organisateurs, et seulement 4000 selon les autorités. La marche sest très bien déroulée jusquà la moitié de laprès-midi. Beaucoup de tribus du Rif ont rejoint Al Hoceïma, cétait une véritable démonstration de force. Les gens voulaient régler leurs comptes, notamment avec le PAM qui se vante de contrôler la région, témoigne Ahmed Belaichi, activiste local. La ville bascule dans le chaos à partir de 16h. Des banques brûlent et des bâtiments publics sont attaqués, dont la municipalité et le commissariat de police. Les fauteurs de trouble étaient peu nombreux mais ont causé beaucoup de dégâts. Ils brûlaient le matériel de la municipalité au beau milieu de la route sans être inquiétés. Jai vu des citoyens protéger les bâtiments publics mais aucune trace des forces de lordre. Elles avaient déserté, raconte Belaichi. Le responsable régional de lAMDH, Ali Belmezian, dénonce lui aussi labsence des autorités lorsque la ville a été prise dassaut par les casseurs. Les organisateurs de la marche avaient prévenu commerces et riverains pour quils rentrent chez eux et se barricadent. Lorsque la police sen mêle enfin et après plus dune heure daffrontements, la ville apprend la découverte dun cadavre calciné dans une agence bancaire sur le boulevard Mohammed V, lune des quatre avenues principales dAl Hoceïma. Le lendemain matin, la Protection civile déclare avoir trouvé quatre autres cadavres, qui auraient péri dans la même agence lors dun deuxième feu déclenché tard dans la nuit. A partir du 21 février et pendant un mois, Al Hoceïma est occupée par larmée et plus personne ne peut manifester.
Le 20 février, cinq Hoceïmis sont morts dans des conditions encore non élucidées. Dans la ville, la contestation ne faiblit pas et les familles des victimes, ainsi quune partie des habitants, accusent lEtat dêtre responsable de leur mort.
Il est 20 h sur la place centrale dAl Hoceïma lorsque retentit lhymne national. Ce dimanche 10 juillet, le Mouvement du 20 février a du mal à faire porter sa voix, étouffée par les baffles des baltajias. Quand les uns appellent à plus de démocratie et de justice sociale, les autres répondent oui à la Constitution, et tant pis si le oui a déjà enregistré
un score stalinien. Même si lambiance est bon enfant et quaucun heurt na été enregistré ce jour-là, la tension dans la ville est palpable. La capitale du Rif totalise le plus grand nombre de morts depuis le début des contestations dans le pays. Pour mémoire, après les manifestations du 20 février, cinq cadavres calcinés avaient été découverts dans une agence bancaire incendiée. La vérité na toujours pas été établie sur les circonstances de ces morts et les familles des victimes crient au scandale. De nombreuses zones dombre dans cette affaire poussent les familles, le Mouvement du 20 février, les acteurs associatifs et une bonne partie de la ville à désigner lEtat comme responsable. Al makhzen kay ktal (le Makhzen tue), scandaient les manifestants lors de la dernière mobilisation du Mouvement du 20.
Le jour du drame
Dans tous les taxis de la ville, on ne parle que de ces cinq jeunes, morts il y a plus de quatre mois, dans des conditions qui restent mystérieuses pour les Hoceïmis. On le sait bien, les taxis donnent souvent la température dune ville. Le 20 février, au lancement de la contestation, 50 000 personnes défilaient dans les rues dAl Hoceïma selon les organisateurs, et seulement 4000 selon les autorités. La marche sest très bien déroulée jusquà la moitié de laprès-midi. Beaucoup de tribus du Rif ont rejoint Al Hoceïma, cétait une véritable démonstration de force. Les gens voulaient régler leurs comptes, notamment avec le PAM qui se vante de contrôler la région, témoigne Ahmed Belaichi, activiste local. La ville bascule dans le chaos à partir de 16h. Des banques brûlent et des bâtiments publics sont attaqués, dont la municipalité et le commissariat de police. Les fauteurs de trouble étaient peu nombreux mais ont causé beaucoup de dégâts. Ils brûlaient le matériel de la municipalité au beau milieu de la route sans être inquiétés. Jai vu des citoyens protéger les bâtiments publics mais aucune trace des forces de lordre. Elles avaient déserté, raconte Belaichi. Le responsable régional de lAMDH, Ali Belmezian, dénonce lui aussi labsence des autorités lorsque la ville a été prise dassaut par les casseurs. Les organisateurs de la marche avaient prévenu commerces et riverains pour quils rentrent chez eux et se barricadent. Lorsque la police sen mêle enfin et après plus dune heure daffrontements, la ville apprend la découverte dun cadavre calciné dans une agence bancaire sur le boulevard Mohammed V, lune des quatre avenues principales dAl Hoceïma. Le lendemain matin, la Protection civile déclare avoir trouvé quatre autres cadavres, qui auraient péri dans la même agence lors dun deuxième feu déclenché tard dans la nuit. A partir du 21 février et pendant un mois, Al Hoceïma est occupée par larmée et plus personne ne peut manifester.